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Commentaires

Ellis Island, l'île des larmes

"Unframed - Ellis Island" est le titre d'une nouvelle installation conçue par JR, nous apprend

Derniers commentaires

déplacé
A propos de Lana Newstrom, j'ai tellement adoré son tableau sans titre vu nulle part que j'en ai fait une copie également invisible ici. Vous ne pourrez l'admirer car elle a été immédiatement décrochée après qu'un aveugle m'ait dénoncé.
c'est aussi frustrant qu'envoutant,d'entendre la voix de g perec et de ne pas visionner tout le film.on peut évidement le voir sur son écran d'ordi,mais j'aime mieux attendre un hypothétique passage en salle,(cinémathèque,ciné club...)en payant 10 euros.

les premières minutes laissent augurer une intensité mémorielle admirable.
Quand je disais que JR était devenu un artiste officiel… Il a tiré, ce ouiquinde, le portrait de François Hollande venu lui rendre visite. C'est à voir, par là.
Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c’était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous...

Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux mêmes. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.

On en a donc rigolé comme des cornichons. Ça fait drôle forcément, une ville bâtie en raideur. Mais on n'en pouvait rigoler nous du spectacle qu'à partir du cou, à cause du froid qui venait du large pendant ce temps-là à travers une grosse brume grise et rose. et rapide et piquante à l’assaut de nos pantalons et des crevasses de cette muraille, les rues de la ville, où les nuages s'engouffraient aussi à la charge du vent. Notre galère tenait son mince sillon juste au ras des jetées, là où venait finir une eau caca, toute barbotante d'une kyrielle de petits bachots et remorqueurs avides et cornards.

Pour un miteux, il n'est jamais bien commode de débarquer de nulle part mais pour un galérien c’est encore bien pire, surtout que les gens d’Amérique n’aiment pas du tout les galériens qui viennent d’Europe. C’est tous des anarchistes » qu’ils disent. Ils ne veulent recevoir chez eux en somme que les curieux qui leur apportent du pognon, parce que tous les argents d’Europe, c’est des fils à Dollar.

J’aurais peut-être pu essayer, comme d'autres l’avait déjà réussi, de traverser le port à la nage et de me mettre à crier : « Vive Dollar ! Vive Dollar ! » C'est un truc. Y a bien des gens qui sont débarqués de cette façon-là et qui après ça on fait des fortunes. C'est pas sûr, ça se raconte seulement. Il en arrive dans les rêves des biens pires encore. Moi j'avais une autre combinaison en tête, en même temps que la fièvre.

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit
Portes ouvertes sur les sables, portes ouvertes sur l’exil,
Les clés aux gens du phare, et l’astre roué vif sur la pierre du seuil :
Mon hôte, laissez-moi votre maison de verre sur les sables…
L’été de gypse aiguise ses fers de lance dans nos plaies,
J’élis un lieu flagrant et nul comme l’ossuaire des saisons,
Et, sur toutes grèves de ce monde, l’esprit du dieu fumant déserte sa couche d’amiante.
Les spasmes de l’éclair sont pour le ravissement des Princes en Tauride.

— Saint-John Perse, Exil, I
On peut au moins accorder à JR d'avoir évité quelque chose de pire, quelque chose de trop laid, quelque chose de trop beau, de sacrilège ou de pompeux, qui aurait occupé ces lieux si lui ne l'avait pas fait.
J'aime bien l'immigration, comme possibilité individuelle, comme principe de liberté, mais son côté "en masse", "système organisé", "pas le choix" et l'arrogance du "je vaux mieux que ça" face aux résignés qui ne lâchent pas l'affaire. Tout ça me gâche un peu ce beau coucher de soleil sur la statue de la liberté...
Heureusement, le regard qu'on y porte que j'y porte ne change rien. Ce réflexe de survie, cette confusion salvatrice de l'espace et temps qui fait aller vers l'avenir en allant loin est biologique, sinon quoi? Les immigrants sont "bio", on peut les labellisés!, et si du même coup on pouvait améliorer leur conditions de transport, les élever en plein air...
Pour moi l'île n'est pas tant le symbole de la "non libre circulation" que celui du sacrifice demandé, quelque soit le contexte, quelques soient les époques. Toujours il est lourd, c'est le gage pour l'accueil. Ça aussi ce doit être ancré profond dans l'espèce humaine.
Le suicide de Sweig, la fin de Rimbaud, etc. pour montrer que l'aisance matériel ou les ressources intellectuelles ne change rien à la fatalité du certains y laisseront leur peau.
L'occasion de (ré)écouter cet album de ce groupe totalement psyché oublié qui avait ouvert le Monterey Pop Festival en 67.

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Au-delà ou en-deça de la personne de l'artiste, vous trouvez que les collages à Ellis Island sont mauvais ?
Sur les photos que vous donnez je trouve que ça marche pas mal, ça a l'air de créer une présence fantomatique intéressante pour un tel lieu.
Emouvant début de ce documentaire que je visionnerai : la voix de Pérec égrenant toutes ces listes (pays, chiffrs, bateaux) et les Twin Towers en arrière-plan ...Merci !

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