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Edition : ton univers impitoyable

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ÉCHANGE récit de longue expérience éditoriale contre verre(s) de pif.
C'est bien pour ça que depuis plusieurs années je ne lis plus rien de "moderne" - quasi, à par quelques auteurs d'élection, des références personnelles qui n'ont pas grand chose à voir avec le rouleau compresseur médiatique... on ne parlera jamais d'eux -, je préfère ne lire que les anciens. Au moins je suis rarement déçue.
Il se trouve que j'ai regardé "La grande librairie" le 8 avril dernier où Busnel recevait, entre autres, Claude Durand. A l'affirmation "vous avez écrit un roman à clefs, Claude Durand ! Ce jeune homme c'est vous n'est-ce pas ?" le bonhomme répond que non, qu'il a été éditeur (quand le titre du roman au conditionnel), qu'il a écrit une fiction pour s'amuser et se secouer d'un grand rire, une farce imaginaire avec des gros bouts de réel dedans, bien entendu.

L'émission archivée est là. Durand/Busnel ça commence à 31'30 au chrono pour finir à 44'. Ce qui concerne la question "roman à clef ou pas" c'est vers 35'.
Merci Madame Judith... Pour ma part, on vous aime...

D'abord une remarque pour les vinassiers : Le "pif" c'est un terme de poilu pour désigner le "gorgeon" (j'ai pas dit le "gorgeron")... Quand on boit en écoutant ses voisins, on fait attention à ce qu'on a dans son verre - et si ce "pif" était "merveilleux" donnez au moins le nom. Maximum respect ! nom de dieu ! ou alors buvez de l'eau ou de la bière comme y'en a. M. Martagon, si le "pif" c'est du "beaujol'"... ce n'est pas un vin du "Mâconnais"... Là encore, maximum respect ! comme disait un écrivain que Claude Durand a beaucoup aimé (il me l'a dit) : Philippe Muray. Mais tout le monde ne peut pas être Philippe Muray...
Ensuite, Claude Durand... Cet ancien instituteur est solide comme le grand cèdre qui, pour moi, est emblématique de son pays natal : Livry-Gargan. Je dis "solide", c'est par sa "mentalité"... Il fut aux côtés de Soljenitsyne quand la foudre s'abattait sur les "révisionnistes" - rien que pour ça, lui aussi a droit à mon respect maximum. Il avait, en ce temps-là, voulu assurer la sortie très difficile (et dangereuse) de "l'Archipel du Goulag" après "Une journée d'Ivan Denissovitch" contre les vomissures des amis de Marchais et du KGB... C'est désolant de voir les petits jeunes (mais sont-ils aussi jeunes ?) oublier cette période de notre histoire et lui reprocher de ne pas avoir raconté, plus tôt dans le siècle, les rigolades de "lunivers impitoyable" des marchands de pâtés... heu... des "directeurs commerciaux" et autres clones d'HEC ... devenus zéditeurs (qu'ils croient).
A Liège, il existe une très attachante librairie universitaire à l’ambiance un peu comparable à celle de la librairie Actes Sud au Méjan, en Arles (en plus petit, hélas).
(Ils sont d’ailleurs partenaires, puisque c’est un « de chez nous », Hubet Nyssen qui est le (co)fondateur de cette maison d’édition).
Coup de gueule récent : impossible de se procurer, à Liège, des ouvrages publiés par deux auteurs belges que je cherchais obstinément.
Malgré une inaltérable motivation, et de nombreux allers-retours toujours teintés d’optimisme. (commande, épuisé, bientôt, ah bizarre, on ne comprend pas, pourtant Racine, d’habitude, nanana…)
Je cherchais précisément – pour l’offrir - Métropolitaines de Carl Norac, publié chez l’escampette, (un petit bijou d’écriture insolite, tentative de photographier par le langage) et une biographie du régent Charles de Belgique – un destin tourmenté comme je les aime – publié chez Racine par Rien Emmery.
Comment ces auteurs auraient-ils une chance d’être lu, de susciter des commentaires qui motiveraient d’autres lecteurs potentiels à les découvrir, si un parcours du combattant ne suffit pas aux chercheurs les plus motivés pour se les procurer ?
Très énervant.
Quel gâchis.

(En résumé, il existe des auteurs publiés, mais mal ou pas du tout distribués. Et il ne me semble pas que ceci ait un quelconque rapport avec leur talent)
Ben oui, mais c'est quoi, la valeur littéraire ? Et qui doit en être garant ? L'auteur ou l'éditeur ? N'y-a-t-il pas quelque part plus grande créativité lorsque l'éditeur ne cherche qu'à s'occuper des ventes potentielles plutôt que de se dresser en tyran artistique ?

La bonne poire, dans cette histoire, n'est-ce pas finalement celui qui est convaincu que ce qui a un succès commercial n'a aucune valeur artistique en soi, tout en proposant la parfaite indépendance du jugement commercial et du jugement artistique ?
Mouais, bon.
Mon anecdote à moi, c'est que j'ai récemment rencontré un jeune responsable éditorial d'une (grande) collection d'une (très) grande maison d'édition, un type brillant, sympa, passionné. À la fois sa personnalité, et ce qu'il nous a raconté de son travail et de l'environnement de son travail, n'ont rien, mais alors, rien à voir, avec toutes ces bassesses qu'on raconte sur le monde de l'édition.
Ce qui fait que bon, des gros cons, il y en a et il y en aura dans toutes les professions, mais je me méfie des généralisations rapides, surtout qu'on est à une époque et dans un pays où l'on aime rien tant que trouver que tout est moche, malsain, et pourri.
Comme Yannick, j'aurais aimé voir l'homme pondre ce genre de pamphlet à une époque où le faire aurait présenté un risque.
Trop facile d'être presque retiré pour s'autoriser une lecture prétendument lucide sur un milieu dégueulasse.

Je déjeunais il y a peu dans un bar à vin du 17è, à Paris. Seule, un bouquin ouvert entre mes mains, je laisse involontairement trainer mes oreilles.
Et puis je capte une conversation entre un éditeur et son auteur "ouais ton dernier bouquin c'était l'échec commercial faut bien le dire. Faut qu'on travaille à un truc qui se vende là. Qui fasse du chiffre, qui crée la polémique quoi, pour que la presse en parle, un truc bien trash". Un connard qui bosse chez au Seuil, j'ai reconnu les couv' de livres posés sur la table.

J'édulcore hein.

Voilà comment on se retrouve avec des étals de libraire recouverts de merde.
J'ai plongé mon nez dans mon verre de pif en triturant amoureusement mon bouquin. Edité chez Seuil.
Et merde.
Quelle belle introduction à votre prochaine émission Judith. Ça serait vraiment bien que Guy et Daniel s'inspirent de cette démarche ( à moins que dans la précipitation des préparatifs ils ne trouveraient pas le temps de le faire ).

Au final, que reste-t-il de cette farce éditoriale ? En 1990, Olivier Orban avait réussi un très joli coup, en recueillant les Mémoires de Françoise Verny. Dans Le Plus Beau Métier du monde, la "papesse" de l'édition, qui habitait le même immeuble parisien que Claude Durand, se confessait sans fard. Dans J'aurais voulu être éditeur, elle est dépeinte sous les traits de Germaine Dubois. En masquant les noms sous des pseudonymes, Durand apparaît comme plus cruel - chacun est libre de s'y retrouver ou pas -, mais aussi moins efficace : les clés, bien souvent, ne peuvent être trouvées que par les serruriers de Saint-Germain-des-Prés.

http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/04/08/j-aurais-voulu-etre-editeur-de-francois-thuret_1330382_3260.html

« Farce éditoriale » ? Alors, choix littéraire, ou bien soucis de peindre la réalité pour minimiser la dimension documentaire du propos ?
J'aurai apprécié qu'il ait ce courage lorsqu'il était en activité. Certes, il aurait probablement perdu sa place, mais en combattant, pas en se comportant comme ceux qui brûlent tout au moment de leur retraite...

En attendant, j'espère que le cynisme qu'il dévoile ne dégouttera pas les écrivains en herbe de tenter encore et encore leur chance. Car, ce sont eux dont nous avons le plus besoin, non seulement pour nous révéler l'envers du décors (y compris de l'édition comme il le fait en se retirant), mais plus encore pour nous aider à le supporter et à l'affronter.

yG

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