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Comment une inconnue a vendu 21 000 ebooks

Le Goncourt, le Renaudot, le Fémina... et maintenant l'Amazon. Le site de vente en ligne vient de décerner le prix de l'auto-édition 2015 à Amélie Antoine pour son livre Fidèle au poste. Amélie Antoine ? Vous ne la connaissez sans doute pas. Pourtant, son premier roman s'est vendu à 21 000 exemplaires (soit 4 000 de plus que le Faire de François Fillon) sur la plateforme d'auto-édition d'Amazon. Comment une inconnue, sans la presse, sans maison d'édition, a-t-elle réussi à vendre autant d'ebooks ? Comment Amazon est-il en train de torpiller le milieu de l'édition avec sa plateforme "Kindle Direct Publishing" ?

Derniers commentaires

Ce servir de l'image de sa famille pour vendre c'est pas très sain...

Sans compter les super notes des relations, bref pour ce vendre sur internet il faut magouiller, pas mieux que Fillon...
J'imagine assez volontiers, comme le dit la personne citée en fin d'article, qu'Amazon veut remplacer une système par un autre ... mais le système actuellement en place est bien difficile à défendre ...

je sais aussi, pour le côté "libraire" et non "éditeur", tout le mal que l'on est cesé penser d'Amazon.
Mais moi, avant, j'avais pas de librairie du tout dans ma ville ( de banlieue parisienne) et la librairie la plus proche était impossible d'accès en transports en commun, et il fallait y aller une fois pour commander le bouquin qu'ils n'avaient jamais, et une autre pour aller le récupérer une semaine plus tard.
Maintenant, je l'ai en 3 jours dans ma boîte aux lettres.

Avec des employés maltraités sans doute, et des arnaques au fisc scandaleuses.

Mais le libraire d'avant, c'est un sale con avec son employée et je n'ai jamais contrôlé la part de black dans son activité, mais il ne me donnait jamais de ticket à la caisse ...

Alors, voilà, c'est pas simple de penser les gentils et les méchants...
[quote=S. Rochat]En dessous de 10 euros, il percevra 70% de la somme. Au-dessus, Amazon ne lui reverse que 35%.

De 9,99 € à 10,00 €, on passe de 70 % perçu à 35%. L'effet de seuil est spectaculaire. Et si le but d'Amazon était de privilégier les livres à moins de 10 € en faisant croire aux auteurs qu'ils sont libres de fixer leur prix? L'offre à 10 € ou plus ne serait qu'un leurre (terme économique cher à Dan Ariely).

En y réfléchissant un peu, avec ces 2 offres, tout auteur qui fixerait le prix de son livre entre 10 € et 20 € serait perdant.
Par exemple si je vends 1 livre à 9,99€, je touche 9,99 x 0,70 = 6,99 €,
le même livre à 10,00€, je touche 10,00 x 0,35 = 3,50 €,
le même livre à 15,00€, je touche 15,00 x 0,35 = 5,25 €,
le même livre à 20,00€, je touche 20,00 x 0,35 = 7,00 €,
le même livre à 25,00€, je touche 25,00 x 0,35 = 8,75 €,

Donc un auteur rationnel fixera un prix soit inférieur à 10 € soit supérieur ou égal à 20 €. Mais qui osera fixer le prix d'un livre électronique à plus de 20€, surtout si l'auteur est un inconnu?

Un leurre je vous dis!
On peut supposer que le reversement est de 70% du prix jusqu'à 10 €, et 7 € + 35% de la somme dépassant les 10 €.
Non, c'est beaucoup plus complexe que ça.
Il y a des histoires de coûts de livraison, par exemple.
Dans un choix à 70%, quand Amazon fait de l’offre éclair à -70%, le revenu de 70% est appliqué sur le prix cassé.
Pas quand vous avez choisi 35%.
Si quelqu’un a le loisir de lire et de nous faire un résumé.
J’ai mal à la tête…


Le taux de 35% peut être appliqué pour un ibouque de moins de 10 euros, en fait.
Pas évident non plus que l'avenir soit la rémunération des auteurs par livre, par produit clos.

François Bon sur Hors-série.net explique son passage à l'écriture numérique, sa réflexion sur le format "livre", "page" etc., et en fait, il serait sans doute plus cohérent d'avoir un abonnement à un auteur, le "salariat" ou "mécenat" par le public d'une plume, d'une pensée, que la poursuite d'un système né et construit autour de l'imprimerie, de l'objet livre, devenu aujourd'hui le produit packagé pour Noël au moment de la rentrée littéraire ou pour la plage au printemps, une question marketing.

C'est la problématique générale de la rémunération de la création intellectuelle : auteurs, scénaristes, écrivains, peintres, graphistes, illustrateurs, dessinateurs, cinéaste, vidéastes, programmeurs parfois etc., ou bien même journaliste, certains secteurs de la recherche scientifique, philosophes, etc. tous ceux dont le travail se passe pour une bonne part "dans la tête", qui ont besoin surtout de temps pour créer, faire enquête ou oeuvre, sont souvent en décalage avec la logique de la rémunération contre produit.

Dans les mentalités, en France et peut-être en Europe, la création reste considérée comme un truc de loisir, de poète maudit ou d'aristocrate-bourgeois fortuné, une activité d'exception pour être exceptionnel sur le modèle du Génie romantique, tandis qu'aux Etats-unis notamment, ça semble plus un boulot, un savoir-faire, un artisanat ou une industrie pour alimenter les rayons "entertainment". Je dis "dans les mentalités" parce que dans les secteurs professionnels, si on joue toujours sur la représentation de l'auteur comme Génie, ce n'est pas ce qui fait tourner la boutique.

En fait, économiquement, soit on a des auteurs occasionnels, de loisir, pour lesquels on comprend l'échange par "livre", soit ils espèrent pouvoir vivre de ce travail et on retrouve des questions plus générales sur la mutation numérique de l'économie.

Au passage, j'évacue la question patrimoniale des droits d'auteur, dès lors que la plupart des auteurs professionnels pensent d'abord à avoir de quoi vivre au quotidien avant de songer aux droits d'exploitation, et que le principe des droits d'auteur n'est pas une sociabilisation des revenus, est typique de la pensée bourgeoise-capitaliste du XIXe, avec rente et esprit de famille.
Certains sur ce forum évoquent ce que l'auteur aurait pu gagner avec une édition traditionnelle. Mais il faut être claire : cette personne n'aurait jamais pu être éditée de manière traditionnelle. Sauf à connaître quelqu'un ou avoir un début de notoriété dans un autre domaine. Le mythe du "manuscrit envoyé par la poste" a été maintes fois démonté. Il ne s'agit pas de critiquer les personnes qui font vivre ce système, les éditeurs ont leurs raisons économiques de privilégier les bankables et leurs raisons affectives de privilégier leurs amis.
Mais ce nouveau système d'AMAZON a le mérite de permettre à une jeune écrivain de se faire connaître. Même si ses compétences marketing semblent plus cruciales que son talent littéraire.
Pour finir, il est amusant de constater qu'Amélie Antoine s'empresse de rejoindre le réseau traditionnel qui montre ainsi qu'il ne faut pas l'enterrer trop vite. Le conservartisme a de beaux jours devant lui.
Il est de plus en plus facile de trouver un éditeur. Mais s'auto-éditer, notamment en numérique et par exemple via Amazon, c'est encore plus facile.

On compte environ 10 000 éditeurs1 en France et près de 100 000 titres publiés chaque année, dont la moitié sont des nouveautés2. « Le nombre annuel de nouveautés a été multiplié par trente en l'espace de trente ans. »

1. « chiffre annoncé sur le site du SNE [mais] on considère aussi que ce sont plutôt 4 000 à 6 000 structures qui publient des livres en France [...] Les éditeurs sont d’ailleurs 6 577 à avoir déposé leurs titres auprès du dépôt légal de la BNF (obligation légale) au moins une fois durant l’année 2009 » http://www.lemotif.fr/fr/etudes-et-donnees/etudes-du-motif/editeurs-d-ile-de-france/.
2. « en 2014, selon le panel détaillants GfK les 5 titres les plus vendus [représentent] 1,0% du chiffre d'affaires, les 10 [...] 1,7% les 1.000 titres [...] 19,1% [et] les 10.000 titres [...] 44,2% » http://www.lemotif.fr/fr/etudes-et-donnees/chiffres-cles/marche-du-livre/.
Parmi ces 6577 éditeurs vous pouvez supprimer la micro-édition, l'édition BD, les magazines, etc. Au final, pas besoin de se référer à des statistiques (même si c'est toujours utile de circonstancier un propos), il vous suffit de vous rendre à la fnac et de regarder les livres des maisons d'édition qui sont présents. Et parmis cette poignée de maisons qui édite des romans, regardez combien il y a de premiers romans (il ne faut pas confondre nouveauté et nouvel auteur).
Et plutôt que de se contenter d'une impression, on peut se rapporter aux chiffres du Figaro littéraire : 68 premiers romans ont été édités à la rentrée littéraire 2015 sur 589 romans.
La liste est ici :http://www.lecteurs.com/article/68-premiers-romans-francais-68-premieres-fois/2442312
Attention, ce ne sont pas les chiffres du Figaro mais de Livres Hebdo « avec la base Electre ». Et c'est un peu plus qu'une « poignée de maisons qui édite des romans » : « par exemple, en 2006, 140 éditeurs pour les romans français et 74 pour les romans traduits avaient participé à cette rentrée littéraire ». Sur une période d'un an, on arrive à un chiffre d'environ 250 premiers romans publiés.

Ajoutons qu'« une petite maison d’édition » à laquelle Amélie Antoine avait envoyé son manuscrit avait accepté de le publier (cf. interview http://ecrire-et-senrichir.com/amelie-antoine-fidele-au-poste/ ou http://www.idboox.com/interviews/autoedition-amelie-antoine-fidele-au-poste-a-fait-un-bestseller-toute-seule/) mais qu'elle a préféré le publier sur Amazon.

Ajoutons aussi qu'avant de publier son premier roman Amélie Antoine avait déjà publié un livre aux Éditions L’Harmattan (cf. interview http://www.edition-ebooks.com/15/).
Le livre d’Amélie Antoine n’est qu’à 2,99 euros.

Par rapport au travail d’un éditeur (sur une édition originale), Amazon fait de grosses économies :
pas de lecteurs (ce travail d’évaluation éditoriale est réalisé gratuitement par les clients d’Amazon), pas de correcteurs, pas de frais de gestion, pas de cotisations sociales pour ses salariés, pas de locaux à louer, pas de promotion, etc.
(En passant, qui qu’a fait la photo de couverture ?)

Ce serait à estimer, mais je pense que cela représente de bonnes économies qui permettent facilement de jouer le prix faible.
2,99 euros.
Tout cela, ajouté à leur puissance de diffusion (nous ne sommes pas ici dans la même configuration qu’un vrai auteur en auto-édition qui ferait
son site internet tout seul), il est à se demander si ce n’est pas de la concurrence déloyale.

Il est certain que les éditeurs classiques se moquent du monde avec leurs e-pubs hors de prix, mais Amazon fait pire.

Par ailleurs, je trouve que madame Amélie Antoine gagne peu pour un livre vendu à 21 000 exemplaires, surtout qu’elle a effectué
elle-même la promotion et sans doute la relecture/correction.
Euh, un livre vendu à 21000 exemplaires à 2,99 € avec 70% pour l'auteur soit 43953 € et elle n'a touché que 25000?

Bon on nous dit 18000 ventes ferme et 3000 abonnements, même sur 18000 ça fait 37782 €

Comprends pas
Est-ce que le problème n'est pas avant tout l'édition classique, où comme vous le dites, les auteurs ne récupèrent au final que "8 et 12% de droits sur le prix de vente", où l'éditeur s'imagine le droit de faire modifier les manuscrits à sa convenance, où certains auteurs talentueux attendent souvent des années avant de se faire éditer... Un milieu fermé et agrippé à ses privilèges, réac' de surcroît envers le livre électronique qui n'est qu'un support nouveau. Un peu comme l'industrie du disque.
C'est certain, comme Netflix ou Spotify, Amazon bouleversera tout ça. Pour le meilleur ? Sans doute pas, puisqu'on connaît les tendances monopolistiques et peu éthiques de cette entreprise. Mais ça ne justifie pas la protection d'un vieux système rabougri sur lui même, qui protège l'élite très fermée du monde de l'édition.
étonnant article. Assez complet sur l'économie, l'historique... Ne me manquait qu'un détail : le contenu du livre. Ne serait ce qu'un pitch.
Depuis le temps qu"on vous dit que l'edition de livre va connaitre le même sort que l'édition musicale...
Ces derniers ont mis 10 ans à comprendre ce qu'il leur arrivait. Ca à l'air mieux parti mais on voit que amazon a pris de l'avance.
Le rouleau-compresseur est en route...
L'imprimerie de Gutenberg est sur le point de céder la place à l'électronique...
Bientôt, plus de papier, plus que des 1 et des 0 dans les circuits connectés...

Tout sera dématérialisé, et du coup, la mémoire du Monde s'évaporera peu à peu, jusqu'à disparition de cette anomalie qu'on appelle encore "La Culture"...

Le totalitarisme, alors, vous dira Merci.

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