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Chut, les murs !

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Bravo Judith pour votre texte avec lequel je me sens en total accord. J'ai ressenti, comme souvent avec les médias , qu'on me forçait la main tout au long de la journée, et que je n'avais d'autre choix que de me réjouir de la chute du mur.
Il fallait à tout prix faire la démonstration que notre société toute imparfaite et injuste qu'elle soit ne pouvait pas être changée sous peine de devenir totalitaire. Quelle désespérance! Laissons donc mourir de faim un enfant toutes les 6 secondes nous aurons notre Rolex avant 50 ans
avec un peu de chance.
Si les premiers essais pour arriver à un monde plus juste ont été des échecs faut il pour autant renoncer?Le livre d'Alain Badiou est à cet égard très intéressant sauf pour les traders bien sur
Vous parlez d'opium du peuple, cela éveille chez moi des souvenirs d'école primaire où l'on nous expliquait que sous l'Ancien régime, avant 1789, il y avait trois ordres : la noblesse, le clergé, et le tiers état eh bien de nos jours , les médias ont remplacé le clergé dans la fonction de pilier idéologique du régime.
Jusqu'ici tout va bien pour eux...
Petite remarque : en français, on met une espace devant les signes de ponctuation "composées" (deux points, point virgule, points d'interrogation et d'exclamation).
"ERIC HAZAN : "Il faut prendre en compte l’énorme changement qui s’est produit en une vingtaine d’années dans leur recrutement. Il y a 20 ans, les journalistes étaient issus de tous les milieux, origines, formations : c’était un agglomérat de gens très hétéroclites. Aujourd’hui, ils sont formatés par les écoles de journalisme à l’esprit sciences-po et au moule républicain laïc et libéral…"

Lorsque je lis ça, l'ancien instit soixante-huitard que je fus, à tort et à raison sans doute, ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec l'évolution des mentalités (et des pratiques pédagogiques) dans le corps des inst... pardon, des professeurs d'école. Eric Hazan date ce changement à 20 ans, c'est à peu près ça, nous sommes en 2009, c'est vers la fin des années 80 que j'ai senti le balancier idéologique basculer en effet, vers le bas... et vers la droite. De mon point de vue en tout cas.
Sans doute qu'au niveau des profs de collège, lycée et université, nous pourrions faire les mêmes constatations, même si les conditions et l'histoire de leur recrutement/formation/formatage diffère quelque peu de celui des "maîtres d'école" ? En évitant de généraliser, bien sûr. Je laisse aux profs @sinautes le soin de m'infirmer ou de m'approuver. Mais certains indicateurs ne trompent pas, malheureusement : le score d'un Sarkozy aux présidentielles, chez les enseignants, est lourd de sens ; et même celui de Bayrou ne me console pas.

Pour revenir complètement dans le sujet, juste une question : qui forment les journalistes, de la maternelle à l'école de journalisme ?

... encore des enseignants, toujours des enseignants. pour l'essentiel.
"
extrait d'interview d'Eric Hazan pour avoir une idée de ce que pense M HAZAN des journalistes

Que vous inspire l’attitude des médias dans l’affaire dite de Tarnac ?

ERIC HAZAN : " Elle est très éclairante, parce qu’elle illustre précisément la relation qu’il existe entre le journaliste spécialisé des affaires judiciaires et la police. Dans un premier temps, les journalistes de tous les quotidiens ont repris sans aucun recul les communiqués de la police. C’est humain, d’une certaine manière : ils sont comme des journalistes embedded dans des unités combattantes, ils ne peuvent mettre en doute les déclarations de la police sans perdre leur source.
Cette tendance à reprendre telles quelles les déclarations de la police a duré une semaine. Puis, au bout d’un moment, les journalistes ont quand même commencé à se poser des questions sur ce qui leur était présenté comme des preuves, soit un horaire des chemins de fer, une lampe frontale, une échelle et L’insurrection qui vient. Là, ils se sont mis à trouver le dossier assez foireux et à se demander s’il ne s’agissait pas d’un montage."

Vous comprenez qu’ils aient mis tant de temps à questionner la version officielle ?

ERIC HAZAN ;" Encore une fois, c’est humain. Les gens ne sont pas forcément très courageux ni indépendants d’esprit. Le sous-ensemble des journalistes est juste représentatif : prenez n’importe quel échantillon de population, il n’y aura pas parmi eux un nombre extravagant de gens à la fois courageux et capables de discriminations."

C’est pourtant justement ce qu’on demande aux journalistes…

ERIC HAZAN : "Il faut prendre en compte l’énorme changement qui s’est produit en une vingtaine d’années dans leur recrutement. Il y a 20 ans, les journalistes étaient issus de tous les milieux, origines, formations : c’était un agglomérat de gens très hétéroclites. Aujourd’hui, ils sont formatés par les écoles de journalisme à l’esprit sciences-po et au moule républicain laïc et libéral… Et il n’y a même plus besoin de censure tant ceux qui sont aux postes de responsabilité, quadragénaires en bonne partie, sont formatés [Cela renvoie d’ailleurs à un autre phénomène, qui sort un brin de notre sujet : on entend souvent dire qu’il n’y aurait plus de grande pensée française, comparable à la génération des Deleuze et Foucault. Et qu’après Badiou ou Rancière, il n’y aura plus de relève. Mais il y a une raison à cela : ce n’est pas que les Français soient devenus des crétins, mais simplement que le mode de recrutement des universités a évolué. Au premier filtre du mandarinat traditionnel – qui a toujours existé – est venu se superposer le filtre politique : si tu as une étiquette « marxiste », « bourdieusien » ou « trotskiste », tu n’auras jamais de poste universitaire important. Tous les gens qui sont catalogués comme des enseignants potentiellement dangereux pour leurs étudiants sont exclus des universités de sciences humaines. Les esprits féconds, fertiles, curieux et travailleurs – qui ne peuvent néanmoins vivre de leurs écrits – deviennent ainsi souvent professeurs de lycée, profession qui ne leur laisse que peu de temps libre. Et ils n’ont plus la possibilité de maturer, de ciseler leur pensée."

Cet univers de conformisme laisse quand même quelques marges de liberté…

ERIC HAZAN : Heureusement ! Sur l’affaire de Tarnac, il y a quelques journaux qui ont senti le truc et ont réagi dans le bon sens : L’humanité, le Canard Enchaîné et Politis, plus les gens du Monde et de l’AFP qui ont assez rapidement émis quelques doutes. A part ça… Libération, il leur aura fallu un temps fou pour se montrer un peu critique ; c’est d’ailleurs frappant de voir que c’est le même journaliste qui a écrit un article infâme sur L’insurrection qui vient et qui signe le long entretien d’aujourd’hui… [L’ultra-gauche déraille » de Joffrin, il y a eu une émeute à Libé, une vague de protestation des journalistes qui ne partageaient pas ce point de vue.
Quant au Figaro… C’est un vrai flic qui a écrit les articles. Lui, c’est vraiment une erreur de casting, il aurait dû faire l’école de la police… Mais même dans ce quotidien, il y a des gens qui ne sont pas convaincus, qui n’en pensent pas moins."
"Promo sur France Inter : une émission avec BHL à propos d’un documentaire sur BHL

Publié le 24 février 2009 par Mathias Reymond

Insolite. Le 4 février 2009, Colombe Schneck, dans son émission de décryptage des médias « J’ai mes sources », reçoit, pour une discussion sur un documentaire consacré à Bernard-Henri Lévy, le réalisateur, Eric Dahan, et … Bernard-Henri Lévy lui-même.

Il est assez singulier, pour ne pas dire cocasse, de voir le principal personnage d’un documentaire faire la promotion d’un film dont il est l’objet. Certes, le célèbre footballeur argentin Diego Maradona a bien accompagné le réalisateur Emir Kusturica, lors de la montée des marches au Festival de Cannes de 2008, mais les ressemblances entre Bernard-Henri Lévy et Maradona ne sont pas frappantes.

« BHL produit des images incroyables »

« Ça n’a jamais été mon problème que l’on s’intéresse à moi », lance d’emblée BHL qui s’installe dans le studio de France Inter comme s’il était chez lui. Mais pourquoi France Inter s’intéresse-t-il à nouveau à lui ?

L’ambition de l’émission est simple : assurer la promotion d’un film qui sera retransmis le lendemain sur France 5 dans la série « Empreintes ». Pourtant, plus d’une cinquantaine de documentaires ont déjà été diffusés dans le cadre de ce programme, et c’est la première fois que Colombe Schneck reçoit le réalisateur et le « héros » du documentaire dans « J’ai mes sources » [1].

POURQUOI UN TEL CHOIX ? Peut-être parce que Bernard-Henri Lévy est trop peu connu du grand public… Peut-être parce que ce public avait besoin d’entendre une voix nouvelle et, dissonante… Ou peut-être parce que, France Inter, s’est rendu compte que Bernard-Henri Lévy N'AVAIT ETE INVITE QUE QUATRE FOIS PAR NICOLAS DEMORAND depuis octobre 2007… [2]" (Acrimed)
Merci pour cet article, intelligent et pertinent.
Mais, à chaque fois, une même interrogation torture mon entendement, décidément trop limité : Pourquoi les médias invitent-ils et continuent-ils à inviter M. BHL ? En effet, malgré ses approximations, ses argumentaires bancals, voire malhonnêtes, ses raccourcis affligeants, ses inepties grandiloquentes, ses clichés parés d'habits rhétoriques obsolètes, il est là... Il est toujours là. Et à chaque fois, cette même question : pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
tout d'abord, bravo et merci Judith. C'est toujours étrange de lire un papier qui décrit assez bien ce que l'on a pu soi-même ressentir!

J'habite en Allemagne, mais à Köln, pas à Berlin, et notre entourage allemand a été très surpris de savoir qu'on (en France) médiatisait autant cet événement (compte à rebours sur France Inter, notamment...). Je vous le livre tel quel, je ne sais pas quoi en penser précisément.

Nous vivons dans une démocratie, c'est le peuple qui décide (mais si, mais si....). Je suis donc responsable, autant que mes concitoyens, des actes de mon Etat. Alors ce qui se passe au pied des murs de Ceuta et Melilla, barrières Afrique-Europe, c'est nous. (pardon, je vais aller vomir, là)
Oui, que faire?
[quote=judith]Que le mur sépare désormais le monde du "Nord" à celui du "Sud", plutôt que celui de l' "Ouest" à celui de l' "Est ", le rend-il plus supportable ?

On peut le voir se construire ici même:

A Berlin le Mur est mort? Vive le rideau de fer virtuel dans toute l’Europe!
numerolambda.wordpress.com

(...) Ce document (pdf) est intitulé «Vers une société plus sûre et une meilleure compétitivité industrielle» (Towards a more secure society and increased industrial competitiveness), et décrit le volet “sécurité” du 7ème projet cadre ”FP7? (Framework Project), la Bible de l’UE pour la recherche industrielle, qui court de 2017 à 2013. Parmi les 45 consortium décrits, huit d’entre-eux sont clairement dédiés à la protection des frontières. Leurs acronymes résument assez bien leur orientation:

* EFFISEC : Efficient Integrated Security Checkpoints
* AMASS : Autonomous Maritime Surveillance System
* GLOBE : Global Border Environment
* TALOS : Transportable Autonomous patrol for Land bOrder Surveillance system
* UNCOSS : Underwater Coastal Sea Surveyor
* WIMA : Wide Maritime Area Airborne Surveillance
* OPERAMAR : An InterOPERAble Approach to European Union MARitime Security Management
* SECTRONIC : Security System for Maritime Infrastructure, Ports and Coastal Zones(...)



Sinon quel média vous a parlé de ceci:

Des grèves de sans-papiers dans 38 départements
(AFP) – Il y a 15 heures

PARIS — Le nouveau mouvement de grève touchant quelque 5.000 salariés sans-papiers lancé il y a un mois touche désormais 1.800 entreprises dans 38 départements, ont indiqué vendredi dans un communiqué commun les syndicats et associations soutenant le mouvement.


Et pour finir un petit conseil de lecture:

" Des hommes libres, une histoire de la grève des travailleurs sans papiers"
ed du cherche-midi

Depuis le printemps 2008, 2 500 travailleurs sans papiers se sont mis en grève pour obtenir une régularisation de leur situation. Avec un immense courage, ils ont dépassé la peur de l'arrestation pour engager une lutte au grand jour. Ce sont les héros de ce livre. Ceux dont on ne parle jamais : Aboubakar le cuisinier, Biranté le rippeur, Fanta la femme de chambre, Hamet le maçon, Nadia la nounou des enfants. Tous travaillent, sont déclarés par leur employeur, paient des cotisations sociales et des impôts, mais se voient refuser un titre de séjour. Ils ont été 2 500 en grève, pendant des semaines, parfois des mois. Plus de 2 000 d'entre eux ont obtenu des papiers et, très souvent, de meilleures conditions de travail.


Marion Esquerré et Bernard Rondeau se sont rencontrés Chez papa, le premier jour de la grève. Pendant plus d'un an, Bernard Rondeau a photographié ces femmes et ces hommes sur leur lieu de travail, dans des manifestations, au cours de réunion publiques... Il a saisi leurs regards déterminés, leurs sourires d'espoir et de joie, leurs mains qui se ferment, leurs traits fatigués aussi. Les récits de Marion Esquerré viennent ponctuer ces photographies et mettent en lumière la vie et le combat des travailleurs sans papiers.



Cet ouvrage nous parle de dignité, de colère et de joie, d'espérance, de solidarité, de détermination. Il nous montre des hommes libres.
Brillante chronique, as usually.

L'avantage de tous ces murs, en plus, c'est qu'ils sont commodes en tant que perchoirs pour haranguer la foule, mais tout doucement.

"Endormez-vous, bonnes gens, nous sommes là, et nous, nous savons mieux que vous de quoi vous avez besoin. Nous y pourvoyons. Avant tout dans notre intérêt bien compris. Mais reposez-vous... Tout est bien...!"
"bien que n'ayant jamais mis les pieds en Allemagne je ne minimise pas l'émotion et le sentiment de libération qu'on put éprouver nombre de berlinois en novembre 89"
Cher Juléjim, ce n'étaient pas que les Berlinois, c'étaient 16 MILLIONS de personnes qui habitaient alors en RDA, enfermés derrière des barbelés et miradors, tout au long de la frontière de Lübeck au Nord jusqu'en Bavière...

On s'imagine en France que ce n'étaient que les Berlinois, à cause de l'ouverture du mur de Berlin, mais les miradors et le "no man's land" était tout au long de la frontière sur des centaines de kilomètres... C'est cette frontière, cette prison, qui s'est ouverte.

Judith a raison, la photo de l'Africain sur la plage, je la mets en relation avec cette terrible carte http://www.diploweb.com/cartes/zusamm.JPG qui montre le nombre de morts sur les "murs" d'Espagne, d'Italie, de Grèce, etc... à notre porte donc...

C'est cette prise de conscience qui devrait nous ébranler ces prochaines semaines, mois et années...
Merci pour cette excellente chronique, Judith.

Rien à redire.

Soyons reconnaissants, ces derniers jours, j'ai vu quelques JT énumérer les murs actuels.

Mais pas ceux du capitalisme, c'est certain.
Ce genre d'information reste confidentiel. Pas l'ébruiter, coucouche-panier. Reprendre la dépêche de l'AFP. Comme pour le nombre de nouveaux chômeurs.
Je peux dire une connerie ? en forme d'évidence... Trop de médiatisation tue la médiatisation. Ça se vérifie une fois encore avec cette commémo du Mur de Berlin ; c'était déjà ça pour le 11 septembre ; et aussi pour l'élection d'Obama, l'anniversaire de son élection etc...

Et radio-france qui joue "collectif" sur ce coup-là, faut-il vraiment s'en réjouir ? Guillon a eu l'ironie assez dure mardi matin sur ce coup-là et c'était bon à prendre et à entendre.

Je voudrais dire à Etoile66, s'il lui vient l'occasion de me lire que, bien que n'ayant jamais mis les pieds en Allemagne je ne minimise pas l'émotion et le sentiment de libération qu'on put éprouver nombre de berlinois en novembre 89. Ne serait-ce que par le truchement du cinéma, on "peut comprendre" ce qui s'est joué à cet instant. Un seul film d'ailleurs peut y suffire, tant c'est un chef d'oeuvre : "La vie des autres" de Florian Henckel von Donnersmarck.

Et puis, à propos des murs qui restent à faire tomber de par le monde, il y a eu une chronique d'Ariel Wisman, sur canal+ dans l'émission "l'édition spéciale" où ont défilé tous les murs encore debout ou en projet. Edifiant. En gouglant "murs dans le monde" j'ai retrouvé la page internet de Courrier International dont il s'est sans doute inspiré.
Quelle joie de voir disséqué le cadavre de l'abjecte intervention de BHL qui me réveilla lundi et me mit de fort mauvais poil. L'indécence totale avec laquelle il a traité l'ancien ministre est-allemand, le privant, si ma mémoire est bonne, du droit de s'opposer à la guerre en Afghanistan en 2009 parce qu'en 1968 il avait été du côté des chars à Prague. Cette obscénité absolue et cette absence de contradicteur aussi audiblement véhément sur le plateau... quel réveil atroce.

Ce qui m'étonne le plus, dans cette histoire de mémoire et de célébration, c'est que personne ne parle de ce que l'Allemagne fait aujourd'hui de son héritage socialiste - de son architecture en particulier. Qui a vu Dresde reconstruit façon Disney Village, en rose et jaune pâle, truffée de centres commerciaux ? Cette église reconstruite aussi, de pied en cap, et décorée dans le plus pur style faux-marbre-bleuté et volutes façon salle de bain de belle-mère?
Qui nous informe que le palais de la République à Berlin a été rasé pour être remplacé par ... la réplique identique du Palais Impérial, qui avait été endommagé par la guerre et détruit en 1950 ? Et que dans ce nouvel-ancien palais siègera le rêve ô combien démocratique de la plus grande attraction touristique de Berlin, avec un éventail de boutiques de choix, de restaurants ainsi qu'un Centre d'Affaires et un hôtel de luxe ?
Qu'à l'inverse nous parle de la récupération commerciale de quelques icônes ossies, les fameux Ampelmännschen déclinés sur tous les supports possibles et les sets de couverts pour bébé en mélamine gris-beigeasse, garantis comme-en-RDA et vendus pour quelques 40€ dans les magasins branchés de la capitale allemande?

J'aurais tellement voulu qu'on m'explique tout ça aussi, tout ce qui nous parle de l'Allemagne d'aujourd'hui, lundi matin, quand je me suis réveillée...
Chapeau, Judith ! Enfin quelqu'un qui fait le rapprochement entre les différents "murs", ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui.
Et la chute de celui de Berlin semble peu de chose par rapport à ceux que nous allons avoir à faire tomber ! En particulier les murs dans les têtes qu'on érige malgré nous si nous n'y prenons garde. Et c'est dûr de rester vigilant chaque jour....
Merci pour les liens vers Hazan et vers Badiou. J'attends avec impatience son intervention prochaine "dans le texte".
"Alors : l'enchantant si bruyamment, la presse serait-elle en effet de cette "oligarchie" qu'Hazan vilipende, et qui nous maintiendrait dans le "désespoir" ? J'en suis moins sûre que lui, et ne crois en aucun complot médiatique ; "

Pas besoin d'un complot, Judith, la "croyance" au libéralisme est un sésame pour la carrière, nul besoin de se concerter, dans les médias comme chez les politiques. C'est une règle non écrite, nulle besoin de se concerter.
Il y avait deux types de réaction au mur d'unanimité commémorative. L'indifférence dont parle Judith, et qui est la plus terrible parce qu'elle ne laisse pas une chance à la controverse, pas un espace de débat démocratique qui permettrait d'en sortir. Mais il y a aussi l'excommunication. Le diatribe de BHL, certes, était terrible.
Il y a aussi une forme d'excommunication qui s'est manifestée à l'égard de ceux qui n'ont pas cédé à l'unanimisme commémoratif, à l'égard par exemple, de ceux qui ont préféré célébrer les 40 ans d'un programme de télévision éducatif qui a accompagné des millions de gens sur trois générations, et là, je parle d'@rrêt sur image. Bon, c'est Google. Comme victime d'ostracisme, il y a pire. Imaginez ce que ça donne avec un militant syndical à la machine à café qui tente de prendre un peu de distance.

En tous cas, je peux le dire ici sans trop de risque d'incompréhensions ; entre ceux qui célébraient le mur et ceux qui fêtaient la rue, c'est la rue que je préfère : vive Sesam street. Je dis ça uniquement parce que je n'apprécie pas cette façon de tenter de créer des mythes fondateurs de l'Union Européenne explicitement bâtis aux fins de célébrer, non pas la libération des Allemands de l'Est, mais la ruée des ossies vers les magasins d'Allemagne de l'Ouest : c'est cette scène qui a été décrite jusqu'à plus soif. C'était ça, le contenu de cette célébration : l'ouverture d'un terrain de jeu supplémentaire pour le capitalisme, l'extension du système globalitaire : la gauche, l'ennemi de l'intérieur tandis que les USA nous méprisent injustement, préférant célébrer "Kermit et sa bande" alors qu'Obama nous snobe. Tout ça, c'est de la fiction, du mythe fabriqué.

Pour autant, il n'était pas possible de passer à l'heure américaine et de se plonger dans une autre commémoration totalitaire qu'est celle des marionnettes éducatives, parce que cette commémoration là a eu lieu cet été.
Un petit coup d'œil ?
Ca se passe sur Capitol Hill à Washington, le 4 juillet 2009. Vous y voyez Jimmy Smits, l'avatar d'Obama dans la série "At the White House" (qui a servi de Maison Blanche de substitution pendant l'ère Bush) en maître de cérémonie, qui introduit le discours de célébration de la 233ème fête d'indépendance Américaine par le vrai Président Barack Obama, le tout suivi d'un Big Bird faisant semblant de conduire le National Symphonique Orchestra dans une Ode à la Joie (tiens tiens, comme on se retrouve).

Le dispositif d'unanimisme euro-béat était un peu étouffant avec cette recréation de l'ORTF. Essayez d'imaginer ce que ça donne lorsque la fiction intime des ménages américains qu'est Sesam Street, percole avec la réalité : la vie privée du Président qui célèbre le 11ème anniversaire de sa fille Malia en directe du bureau oval et la fête nationale du 4 juillet. On a encore quelques marges de progression dans le totalitarisme médiatique.

C'est la mort des vieux mythes unifiant à laquelle nous assistons. Le 11 novembre, par exemple en fait partie. On y célèbre la paix, mais en même temps, il y a de la place à la controverse. Ainsi, chaque année, on se disputait sur le rôle de fusillés pour l'exemple. Cette année, c'est passé à la trappe, délibérément.
Merci beaucoup, Judith, d'avoir fait une petite "revue de non-presse" des philosophes non uniformistes (pour ne pas dire désinformistes).
Je pense pire : l'unanimisme est totalitaire, parce que destiné à cacher des plaies béantes, des malaises sociaux, surtout à l'heure actuelle. J'aime Badiou, parce qu'il me parle directement au coeur... je me ris de BHL'I (l comme Inepte lui-même ou comme Imposteur). J'aime Todorov dans ses analyses des comportements des peuples...
Autant j'ai été émue dès le 9 novembre (mais contrairement à Niko, je n'étais pas à Berlin, j'avais des nouvelles de Berlin via Bonn) 89, autant j'ai fait une indigestion des célébrations du Mur ! Autant je me suis moi aussi inquiétée d'autres murs : Mexique/USA, Palestine/Israël, et surtout ce mur invisible qu'est l'espace Schengen, préparé par Pasqua et hyper verouillé par Sarkon(pardon, faute de frappe, mais pas envie d'effacer), Brice et Besson.Les Africains de l'Est sont en train de mourir en grand nombre, son bétail aussi : merci à la sécheresse... les Africains de l'Ouest ont toujours les pieds dans l'eau suite aux grosses pluies de juillet et eau sale = maladies... les Salvadoriens et latino-américains d'Amérique Centrale se paient des coulées de boues... les Afghans surnagent entre eaux sales et boue guerroyères, les Irakiens meurent dans les attentats ou des suites de drôles de bombes américaines...
Les riches vont vivre dans des résidences gardées par des chiens et des immigrés non déclarés, font garder leurs enfants par des nounous sous-payées parce qu'illégales... tous bien protégés par leur argent...
Et les banques recommencent à se faire un blé incroyable.
Le capitalisme est assurément tout sauf la bonne réponse à l'ancien communisme/productivisme.
magnifique, merci judith...

très belle synthèse, avec laquelle je suis d'accord en tout points (si j'ai bien compris)


No Pasaran !
La question finale sur la presse est fondamentale. La réponse, ou tout au moi une réponse partielle, se trouve dans un bouquin fantastique de Chomsky et un autre auteur (je ne l'ai pas trouvé dans le fouillis de ma bibliothèque pour en trouver le nom) "La fabrication du consentement - de la propagande médiatique en démocratie".

Ça marche tellement bien, nous sommes tous ou presque si intoxiqués, que récemment j'ai du remettre à l'heure les pendules de mes étudiants de l'IEP. Au sujet de dissertation : "le droit international exige-t-il des Etats qu'ils soient démocratiques", ils m'ont tous répondu OUI.
Non seulement c'est faux sur le plan théorique, mais la réponse ne passe pas une seconde le test de la pratique, il suffit de regarder une carte du monde.

Le plus étrange c'est que j'ai trouvé ce genre de phrase : "la plupart des Etats du monde sont aujourd'hui démocratiques". "La plupart des Etats du monde souhaitent garantir les droits de l'homme". Sans parler du fait qu'à aucun moment ils ne m'ont expliqué en quoi la protection des droits de l'homme serait consubstantielle à la démocratie (de même non définie dans les copies), j'ai été consternée de voir que tous limitent leur horizon à l'Europe. S'y ajoutent les Etats-Unis, à la limite le Japon, et encore.

J'ai été terrifiée de voir que de jeunes cerveaux censément cultivés, tout au moins un minimum, étaient persuadés que leur modèle de régime politique était universellement partagé. Comment peut-on se persuader d'une chose chaque jour démentie par la lecture des informations internationales ? Comment de plus se persuader que notre régime est effectivement démocratique, alors qu'il y aurait beaucoup à dire sur le sujet ?

Je crois que le flou entourant la notion de démocratie, combiné à la propagande médiatique si justement pointée par Judith dans son article, phénomènes auxquels s'ajoutent une éducation toute imprégnée de$ libéralisme, parviennent à convaincre, en dépit de la réalité, que la démocratie est acquise, d'une part, que c'est le meilleur système, d'autre part, que rien d'autre n'est plus à conquérir, et qu'enfin il est partagé par la Terre entière.

Ça donne froid dans le dos.
à ce sujet Mermet et La-bas si j'y suis ont proposé le même angle d'analyse avec ceci
En parlant de mur et de l'inénarrable béhachelle, personne ne lui a demandé dans sa soudaine ferveur anti-mur ce qu'il pensait de la barrière de séparation israelienne, contraire au droit international selon la cour de justice internationale, et aux résolutions de l'ONU? Ah pardon, ce n'est pas pareil, là vous comprenez c'est pour lutter contre le terrorisme qu'on confisque leurs terres aux paysans, qu'on détruit leurs magasins en les prévenant trente minutes avant, qu'on leur interdit le passage dans leur propre pays... Donc tout va bien.
Pourquoi, pour la première fois après une chronique de Judith Bernard, ais-je envie de dire bof?
Qui est le paria qui avait, sur un autre sujet, parlé de "pornographie mémorielle" ?
un mur est tombé d'autres s'érigent …

quelques albums jeunesse sur ce thème

http://www.idee-jour.fr/Nenfance-une-poule-sur-un-mur.html
Judith, comme toujours votre texte est bien construit et pose les vrais problèmes de la forteresse Europe.[quote=Judith]
mythifier le monde où nous sommes et sa religion de la liberté, qu'on chante avec d'autant plus de pieux lyrisme qu'on la piétine allègrement dans tous les coins sombres de nos sociétés.
Je vous invite à regarder sur cette carte OÙ sont les nouveaux murs en Europe. Ils sont en Espagne, en Italie, en Grèce, et à la frontière avec les anciens pays de l'Est... C'est LÀ que meurent les gens en mer comme votre image le montre...
Mais je ne partage pas votre vision du Mur de Berlin et de sa chute. Je vis en Allemagne depuis près de 40 ans et ai vécu le tout en direct. Ce qu'ont vécu les gens qui ont ENFIN pu sortir de leur prison où ils étaient enfermés depuis près de 30 ans, est impossible à comprendre par un Français qui n'a jamais vécu cette situation.

Toute velléité d'en sortir ou de réclamer juste un peu de liberté était immédiatement sanctionnée, par des interrogatoires, des punitions, de la prison et enfin l'expulsion du pays où ces gens étaient nés.

J'ai des amis, un couple avec trois enfants en bas âge, qui ont été poursuivis par la stasi nuit et jour pendant des mois, juste parce qu'il était artiste peintre et que son art était considéré comme "dégénéré" et "nuisible au pays". (Tiens, les déclarations de Raoult sur le prix Goncourt 2009 y ressemblent étrangement et sont hyper-dangereuses...). Eh puis, ils ont participé aux réunions de Leipzig dans l'église St Nicolas, le lundi soir... Et un soir, il était très tard, des officiers de la Stasi ont sonné, deux voitures attendaient en bas de leur immeuble, ils ont été priés de faire leurs valises en quelques minutes et ont été amenés avec les trois enfants apeurés de l'autre côté de la frontière, dans un pays qui leur était totalement étranger et où ils n'avaient aucun parent... passés à l'Ouest contre leur gré, expulsés de leur propre pays. Il y en a eu des milliers... silence en France...

Alors oui, tout le monde chialait ce soir du 9 novembre 1989, à l'Est comme à l'Ouest, hommes et femmes... une joie indescriptible, ENFIN, la liberté... et surtout la fin de ce régime carcéral...

PS: Judith, vous pourriez peut-être rajouter la carte dans votre article. Un seul coup d'oeil suffit pour comprendre... Sauf que pour les statistique du suicide, les Allemands sont plus honnêtes dans la prise des données que les autres pays européens, car lors de la mort d'une personne, le suicide est enregistré et discuté comme une psychothérapie à l'échelle du pays, le dernier ayant été celui du gardien de but avant-hier... Voir l'étude de l'Assemblée Nationale française : http://www.assemblee-nationale.fr/12/rap-off/i3187.asp qui précise:
"La France est le pays où l'on consomme le plus de psychotropes en Europe, l'Allemagne le pays où on en consomme le moins.
Il faut souligner que l'Allemagne, qui est le pays européen avec le plus faible niveau d'usage de psychotropes, est aussi celui où la psychothérapie est la plus utilisée. Une meilleure application des règles élémentaires d'hygiène de vie doit être considérée comme une véritable alternative thérapeutique à la prescription de psychotropes"
La première photo qui illustre votre article, celle de la chute des dominos, me fait irrésistiblement penser à l’émission « Jeux sans frontières ». Une version toute capitaliste de la mise en concurrence des pays, avec José Manuel Barroso comme animateur.

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