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CBS invente les gladiateurs humanitaires

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Terrifiant, mais malheureusement logique. Même si ça ne se fait finalement pas cette fois ci, le concept est lancé dans la mare de l'immondice. Plus qu'à Gladiateur, cette histoire me fait songer - une fois de plus - au cyberpunk, notamment à la soci(...)

C'est aussi une version plus politisée d'un truc plus ancien et qu'on peut voir régulièrement en France, les spéciales de jeux télévisés où s'affrontent des représentants d'associations (là défendant des causes humanitaires plutôt que politiques) ou (...)

Quand on pense que Lordon est obligé de pondre un texte pour expliquer que la condition minimale pour espérer une convergence des luttes possible c'est avant tout de ne pas se marcher sur les pieds entre luttes ; alors que c'est juste l'évidence même(...)

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Velu ! J'ai rien compris...

C'est aussi une version plus politisée d'un truc plus ancien et qu'on peut voir régulièrement en France, les spéciales de jeux télévisés où s'affrontent des représentants d'associations (là défendant des causes humanitaires plutôt que politiques) ou célébrités reversant leurs gains à ces charités. Un autre truc qui se pare de l'image de la générosité mais entre dans le principe de mettre tout en concurrence avec tout (avec quand même l'excuse de permettre même aux perdants de faire un peu de publicité à leurs causes, mais pas vraiment de justice ou logique : si Michel Leeb sait répondre à des questions sur une série américaine l'argent de votre redevance ira aux autistes, mais si Laeticia Casta s'y connait mieux en sculptures antiques il ira aux victimes du sida, whatever :).  Ca a aussi comme fonction de faire intégrer aux gens l'idée que si on est plein de bons sentiments on peut pas quand même pas tout faire en même temps, tous ne peuvent pas gagner, y'a des contraintes budgétaires quoi, il faut bien sacrifier quelques autistes ou victimes du sida pour que les autres le puissent (réduire le train de vie de Bruno Castaldi n'étant par contre pas envisagé). Ne reste qu'à déterminer de manière la plus ludique possible qui sera offert aux dieux.


A part ça, j'adore la comparaison inattendue avec twitter et la légitimation du contrôle privé des discours. On est là dans un média et monde façonné pour et par cette double idée d'une bataille perpétuelle pour l'attention, et de l'inéxorabilité du capitalisme sans lequel il n'existerait pas. Avec cette idée (quelque part géniale pour formater le discours) de la limitation en nombre de caractères pour jouer un peu le rôle qu'aurait ailleurs la contrainte budgétaire. Évidemment comme dit Daniel un participant peut y soutenir plusieurs causes à la fois, et il peut y avoir soutien mutuel. Mais dans ton tweet tu vas avoir difficilement avoir la place de parler de la faim dans le monde, de réchauffement climatique, de féminisme et du code du travail en même temps. Tu vas au mieux produire des messages indépendants sur chaque sujet qui t'interpelle. Mais ensuite, c'est là qu'est la mise en concurrence, il y a les retours, l'engagement différent que ces différents messages vont susciter, et le circuit de la récompense qui va pousser l'émetteur à se spécialiser dans les thêmes lui procurant le plus de retours favorables (ou de réactions tout court pour les trolls dont le cerveau semble fonctionner différemment :). Et typiquement ce ne sera pas ceux sur lesquels s'émet une pensée complexe ou nouvelle, plutôt ceux où il saura bien exprimer un point de vue déjà largement partagé, ou s'indigner de quelque chose que ses lecteurs pourront facilement constater à sa suite (l'option la plus évidente pour remporter cette bataille pour l'attention étant la réaction à autre propos tenu sur twitter ou, au plus, ailleurs en ligne, ce qui se passe dans le monde réel, à moins que ce soit un truc très évident, non complexe et connu, risquant de ne pas susciter le même engagement). 

D'où ce que fait twitter, c'est favoriser un détournement de l'activisme de l'émission de propositions visant à traiter les problèmes complexes du monde, changer le système à de la simple réaction à des propos, et sur des sujets sélectionnés non en fonction de leur importance mais de leur simplicité à y réagir dans un sens brossant dans le sens du poil son auditoire/tendance politique.

Évidemment il est possible d'utiliser cet outil différemment mais le "path of less resistance", comme on dit dans le monde des jeux vidéo, pour des gens ayant intégré la nécessité d'obtenir l'attention dans ce monde concurrentiel, c'est de n'y faire que du call out facile (au mieux pour se constituer un auditoire et un jour pouvoir y exprimer des points de vues plus originaux et complexes, mais souvent cet éventuel objectif lointain s'oublie en chemin). D'où aussi le lien indissociable entre twitter et autres réseaux du style et wokisme dans son sens péjoratif. Ce que certains voient comme une conséquence de "l'idéologie totalitaire woke" est en fait bien plus un comportement découlant mécaniquement de cette économie de l'attention.


Enfin comme on est dans un jeu, et un jeu plutôt à somme nulle (si machin est en train de lire le tweet de truc ou de regarder la vidéo de bidule il n'est pas en train de lire le mien), forcement arrive à un certain stade l'envie, sinon de tricher, d'être favorisé par son arbitre, qu'il s'investisse dans le contrôle du débat pour que ce soit moi (et les gens avec qui je suis d'accord, pour les plus altruistes) qui aient l'attention, ce moyen à l'origine qui apparait de plus en plus comme un but à ceux qui sont pris au jeu. Alors on oublie complètement tout ce qu'il peut y avoir de problématique à des acteurs privés de se faire arbitres du débat public et on les supplie de ne pas hésiter à exercer sans limite leur pouvoir (faisant même une "responsabilité" de ce qui revient en fait pour un acteur non élu à en abuser). Le tout allant jusqu'à justifier pour des acteurs pourtant les moins légitimes à le détenir, un pouvoir qu'on accorderait même pas aux états, ceux de justice préventive et collective. Pas simplement censurer des propos précis ce qui peut être justifiable, mais bannir préventivement des gens qui seraient susceptibles d'en émettre ou des communautés* car certains de leurs membres en produisent (le simplisme favorisé entrainant aussi l'assimilation de tout groupe à ses pires éléments).

 

En tout cas merci pour cette chronique.


* là je pense moins à twitter qu'à reddit et facebook dont c'est devenu la grande spécialité, mais souvent sous la pression "de twitter" (manière de parler qui m'amuse toujours, où "twitter" se retrouve doté d'une espèce d'esprit collectif, tel le glimmung de Philip K.Dick, et exprimant aussi le fait que toute la communauté de ce média aussi se retrouve régulièrement résumée sinon à ses pires à ses plus râleurs éléments)

Tout ça pour ça ?

Je ne saurais dire si c'était un objectif conscient à la création des réseaux sociaux, donc ne trancherai pas sur le "pour", mais la lutte permanente pour l'attention demeure leur effet principal.

Je viens de lire "Le loup dans la bergerie" de Michéa. Il développe une réflexion sur l'idéologie des Droits de l'homme qui a désorganisé les solidarités traditionnelles en permettant la création d'un espace de "politique neutre" niant tout caractère de classe à une démocratie libérale. "Qui commence par Kouchner finit toujours par Macron" écrit-il en analysant la guerre de tous contre tous, souvent par avocats interposés. Stimulant. Choisis ta cause... et tu ne seras pas ... camarade!!!

Quand on pense que Lordon est obligé de pondre un texte pour expliquer que la condition minimale pour espérer une convergence des luttes possible c'est avant tout de ne pas se marcher sur les pieds entre luttes ; alors que c'est juste l'évidence même. Et là t'as ce show TV qui arrive et qu'on pourrait appeler "Diviser pour mieux régner, la quotidienne".

heureusement que d'autres activistes ont dénoncé cette ineptie sur Twitter, poussant CBS à renoncer au format compétition... de nos jours, c'est un vrai sacerdoce, d'être activiste ! on doit être vigilant 24h/24, c'est épuisant... c'est pour ça qu'il faut être très nombreux, de plus en plus nombreux, et s'entraider, en tissant des liens ^^

Terrifiant, mais malheureusement logique. Même si ça ne se fait finalement pas cette fois ci, le concept est lancé dans la mare de l'immondice. Plus qu'à Gladiateur, cette histoire me fait songer - une fois de plus - au cyberpunk, notamment à la société de Transmetropolitan. La société du spectacle continue de tourner en ridicule tout ce qui pourrait la gêner... 

Quant aux pseudos-militants qui acceptent de se compromettre dans cette infamie (et qu'on imagine volontiers réformistes libéraux bon teint), je ne m'abaisserai qu'à les qualifier d'idiots utiles du capital.

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