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Bref, une fois l'an, ouvrir le Libé des écrivains...

Changer de focale. Se décentrer. Laisser mourir en soi le bruit.

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Lire le Libé des écrivains ,mais aussi prendre le temps de songer aux trois victimes du fanatisme criminel
Il est temps de tuer Dieu et la patrie, par David Vann :

Je suis heureux et honoré d’écrire l’éditorial de Libé aujourd’hui, particulièrement parce que mes romans sont existentialistes et que j’ai été très marqué par Sartre. Il n’y a peut-être jamais eu d’époque plus importante pour l’existentialisme que maintenant. Devant l’absurdité récurrente des Trump et autres phénomènes nationalistes de droite tels que le Brexit, les Le Pen, Wilders, Grillo et compagnie, nous avons des raisons de nous sentir effrayés et désorientés. Etant donné que les masses populistes qui votent pour des autoritaristes à peine déguisés et des aspirants dictateurs sont largement influencées par la religion, l’athéisme offre une porte de sortie. C’est sur ces masses-là que je voudrais m’attarder aujourd’hui, et sur notre combat contre Dieu.

Les menaces qui pèsent sur la France et sur l’Amérique, qu’elles soient internes ou viennent de l’extérieur, ont Dieu pour origine. Bien que le respect de la liberté religieuse soit une pierre angulaire de la démocratie occidentale, force est de reconnaître que les religions elles-mêmes n’apportent aucune liberté, mais plutôt l’asservissement et la perspective d’une guerre inéluctable. Dans les universités, nous avons tendance à penser que le débat autour de Dieu s’est achevé au XIXe siècle, aussi sommes-nous devenus complaisants et avons-nous oublié que notre mission première de créer un monde sécularisé demeure. C’est le but même de l’éducation.

La guerre religieuse doit toujours être envisagée sous ses deux angles. De jeunes musulmans attaquent des populations civiles en France et en Amérique ou ailleurs, favorisant l’élection de chefs de guerre chrétiens racistes et anti-immigrants, tels que George W. Bush ou Donald Trump, qui vont en retour châtier le Moyen Orient, suscitant de nouveaux recrutements de jeunes musulmans désireux de tuer des civils. C’est une boucle sans fin. La seule façon de parvenir à, peut-être, y mettre fin serait de s’attaquer à notre part de responsabilité, c’est-à-dire à la tâche quasi impossible de démontrer aux dizaines de millions d’électeurs religieux nationalistes des pays occidentaux que leurs croyances sont tout simplement infondées.

Aux Etats-Unis, dans un coin rural de la Floride, je me retrouve à devoir convaincre mes voisins que les faits existent ; que l’Associated Press ou le New York Times sont des sources plus crédibles que Fox ou Breitbart ; que des millions de Syriens ne vont pas venir leur piquer leurs emplois, que la grandeur de l’Amérique n’existe pas et ne devrait pas être recherchée, et que la devise du pays, «God Bless America» - que Dieu bénisse l’Amérique - ne devrait plus jamais être prononcée. En France, vous êtes confrontés à la même chose. Chacun devrait convaincre ses voisins qu’un gouvernement très à droite est plus dangereux que les terroristes, que la France ne devrait pas poursuivre des rêves de grandeur et que Dieu est mort.

Il y a 70 millions de catholiques en Amérique, et leur vote est l’aspect dont on parle le moins dans l’élection de Trump. Nombre d’entre eux sont ce qu’on appelle aux Etats-Unis des single issue voters - des électeurs qui se mobilisent sur un seul et unique sujet - qui ont voté pour Trump simplement pour voter contre l’avortement. Tant que nous ne comprendrons pas à quel point la religion sape tous nos efforts pour créer un monde ouvert, démocratique et pluraliste fondé sur les faits avérés, la raison et la loi séculière, nous ne pourrons pas remporter ce combat.

Il nous reste encore à éradiquer les références religieuses de toute notre législation, par exemple. Entre les lois américaines sur le divorce, qui punissent injustement quiconque veut briser le sacrement du mariage, et la difficulté qu’il y a à bannir la burqa de France sous prétexte qu’une telle décision cible une religion au détriment de la liberté de culte, des débats difficiles nous attendent, qui remettent en cause le mode et la raison d’être mêmes du gouvernement de nos pays.

Ce qui est en jeu ? Tout. L’avènement de Trump montre au moins une chose : la vitesse choquante à laquelle une démocratie occidentale s’écroule. Bon nombre de nos institutions bâties pour protéger les citoyens dans leur foyer et sur leur lieu de travail, ainsi que l’environnement naturel dans lequel ils vivent sont en train de se dissoudre. Le déni patent des faits et de la science est devenu acceptable. De nouveaux abysses de sexisme et de racisme sont devenus normaux. La fin de la coopération, de la diplomatie et du commerce internationaux est possible. Une guerre mondiale contre la Chine et la Russie, avec la Corée du Nord ou Taiwan pour point de départ, est désormais envisageable alors que ça n’aurait jamais dû l’être.

Trump se moque de ce qu’on écrit à son sujet, et se moque des faits. Marine Le Pen non plus ne tiendra pas compte de ce que j’écris ici. Mais les supporteurs des apprentis dictateurs sont des gens normaux. Sur le plan démographique, ils sont plutôt plus vieux, blancs, ruraux, pas riches, pas très bien éduqués et tout à fait religieux. Nous devons aller les chercher. Nous devons trouver des moyens de tuer leur Dieu et de tuer leur amour pour leur patrie. C’est sans doute impossible, mais ça ne vous dit pas d’essayer ?
Si tu veux entendre le chant des mésanges , il faut t'éloigner de la nationale 4 qui borde ton trou de campagne. Sinon tu n'entends que l'orage des camions qui passent par centaines dans un sens et dans l'autre empuantissant et polluant ton atmosphère de surcroît. C'est l'Europe...Et c'est ça aussi l'Occident. Pauvres de nous . Pauvre planète livrée aux marchands.
"17 heures :
Attentat à Londres : la dépêche est tombée et la relative tranquillité de la journée avec elle. Va-t-il falloir tout chambouler ? Ou juste trouver un peu d’espace ? On verra selon la gravité de l’incident, voire du drame. Rien toutefois n’empêchera Libé de continuer à voter, 134 bulletins dans l’urne désormais, «mais attention, il ne faut pas bourrer». Nous ne bourrons rien. Nous restons dans le tourbillon jusqu’à la fin. Le jour va tomber bientôt. Dehors, l’air est frais. Nous retournons à nos histoires."

Extrait sur internet du making-of du "Libé des écrivains".
L'acheter pour connaître les résultats du vote ?
Oui, autrefois déjà on nous incendiedureichstagait et on nous complottrotskotitistait ; mais c'étaient d'autres régimes...

Aujourd'hui le problème serait plutôt dans le caractère "à la carte" de cette fabrique des infos non vérifiées (ou mal vérifiées, de façon orientée) ; les réseaux sociaux amplifient le phénomène d'entre-soi, et entre citoyens le débat devient quasi-impossible (je compare dans ma mémoire ceux d'aujourd'hui avec ceux en 2007 lors de la campagne des présidentielles sur le forum d'@si), chacun-e sur des positions arc-bouté-e comme sur... une religion.
Mon prof de philo disait "il n'est de guerres civiles que de religion" (il a dû le piquer à Alain je pense). Méfions-nous des religions même laïques !
"Les menaces qui pèsent sur la France et sur l’Amérique, qu’elles soient internes ou viennent de l’extérieur, ont Dieu pour origine. Bien que le respect de la liberté religieuse soit une pierre angulaire de la démocratie occidentale, force est de reconnaître que les religions elles-mêmes n’apportent aucune liberté, mais plutôt l’asservissement et la perspective d’une guerre inéluctable".
Je ne vais pas acheter Libé. Je n'achète plus (ni ne lit) Libé depuis l’article dithyrambique de je ne sais plus quelle journaliste au sujet de C. de Margerie.
Par contre, je vais peut-être donner quelques sous à David Vann...
Merci pour ce conseil qui donne envie !

Juste, parce qu'il faut bien que ce soit dit une fois : un petit disclaimer aurait été opportun, puisque vous chroniquez à Libé. Certes, vous ne faites pas preuve ici d'une propagande excessive en suggérant de ne l'acheter une fois par an :)
Mais bon, c'est juste par principe.
C'était il y a quelques années, et je n'achetai plus Libération que quelques jours par semaine, lassé des articles sur tout et n'importe quoi. Lassé de lire des articles formatés. Plus trop de surprises, plus trop d'envie. C'était en bas de moi, et je buvais un café. J'ai lu le portrait de dernière page, étonné, intrigué. « Mais c'est une vraie histoire cet article !!!! mais c'est incroyable… qui est-est-ce qui a écrit ça ? » Je n'en revenais pas d'avoir un vrai point de vue. Et puis j'ai compris que ce Libé était différent… il était écrit par des écrivains. Et j'ai dévoré le journal.
J'ai repensé à ça hier soir, en relisant les « Articles intrépides » qu'Hervé Guibert écrivait dans Le Monde au début des années 80 (oui, je sais, un autre siècle !). Pas de description journalistique d'un film, d'une expo ou d'un concert, mais du ressenti au plus près de l'émotion vécue. Et là, presque physiquement, on se dit qu'on nous parle réellement du sujet. J'ai repensé à ce Libé des écrivains en me disant demain, il faut absolument que j'achète le Libé.
J'ai lu votre chronique ce matin d'un sourire rassuré, je ne suis pas le seul à l'avoir attendu ce numéro de Libé.
ou le chant des mésanges.

Cher lider poète maximo, le chant des mésanges n'est pas aussi enchanteur que celui des merles.

Si vous voulez échapper au matraquage je vous conseillerais plutôt Ravel, Vivaldi ou Mozart. C'est presque aussi bien que le chant des merles.
A propos de chant d'oiseau, avez-vous prêté l'oreille à celui du petit rouge-gorge au printemps ?
Sinon, je suis d'accord, Mozart fera l'affaire ! :))

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Le chant des mésanges … DS parle de Twitter, non ?
Oh, bein, c'est pas l'horreur non plus, le chant des mésanges ! Pourquoi vous faites ce procès à DS.
Elle a peu de notes à sa disposition, mais elle fait de beaux exercices de variation de rythmeécouter ici !

Oui, bien sûr, Mozart, c'est une autre catégorie. Mais je n'ai jamais eu l'occasion de trouver des Mozarts lors de mes promenades, jamais aucun Mozart n'est venu picorer dans ma main.

J'aime bien, la simplicité de la mésange.

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