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autopsie d'une valse

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Concernant la guerre d'Algérie, il y a eu beaucoup de bons films récemment ainsi que le roman de Laurent Mauvigner Des Hommes. Et contrairement à ce que ce dernier prétend sur le site des éditions de minuit (http://www.leseditionsdeminuit.eu/f/index.php?sp=liv&livre_id=2617) , le cinéma peut-être en avance sur la littérature. Son roman doit d'ailleurs beaucoup au documentaire L'ennemi intime qui a inspiré le film du même nom. Parmi tous ces films, je trouve LaTrahison de Philippe Faucon particulièrement subtil avec cette incapacité à savoir qui trahit qui...

Lebanon me paraît l'équivalent pour les chars du film Le Bateau de Wolfgang Petersen, avec la même claustrophobie. C'est le première fois que l'on ressent les horreurs de la guerre de ce point de vue là. Un grand film à voir en salle uniquement...
RIAD T. & GAVROCHE : Vous savez ce que c'est, l'esprit de l'escalier…
Dans une chronique intitulée la Causette et la Semeuse j'avais écrit ceci :

« Yoni Goodman, directeur de l'animation de l'excellentissime Valse avec Bachir, vient de réaliser pour l'organisation israélienne Gisha - Legal Center for Freedom of Movement un film d'animation de quatre-vingt-dix secondes sur le blocus de la bande de Gaza. Ça s'appelle Closed Zone. »

Le dessin animé en question est au bas de la chronique. Il est aussi visible sur un site dédié, par là.
Je ne suis plus fan depuis mes 16 ans de ce groupe, que nous appellerons Pingouin puisque ça vous dérange de le nommer.
C'est sûr qu'à un argument en béton armé comme "j'aime pas ce truc qui sert qu'à promouvoir un groupe" on ne peut pas opposer grand chose. Rien. Essayons quand même d'aller au delà du jugement de valeur, en écartant tout but promotionnel de l'objet en question (bien sûr que c'est à la mode Sleepless, il s'agit de Pingouin quand même) voilà pourquoi je fais le rapprochement avec Valse : on mélange des images dites réelles (le temoignage de cette dame) avec un contenu fictionnel (le film erotico-kitch), et puisqu'il illustre les propos de l'ex-actrice, il prend une valeur de document.
Pour Valse avec Bachir c'est exactement l'inverse, les images de charnier prennent par au climax, adhèrent a la construction du récit, et acquièrent ainsi au statut de fiction.
Il y a aussi ce "I love de camera" qui, je dois dire, me plaît beaucoup. Là encore je fais le liens avec Valse, parceque l'horreur (ou ceux qui l'a perpétue) l'aime tout autant, cette camera. Elle s'y prête avec tout autant d'excitation.
Moi ça me renvoi au 11 septembre (je m'égare si je veux), les terroristes savent bien que l'horreur adore la camera, et viser une cible en deux temps (les tours jumelles) c'était demander aux JT d'envoyer leur camera pour filmer l'action en direct (on la refait les camera sont prêtes ?), et faire la promotion d'un autre groupe que Pingouin, moins sympa, mais tout aussi à la mode.
Je pense qu'après cette petite reflexion, on peut affirmer que Ben Laden est une septuagénaire americaine ex-actrice de porno qui écoute Pingouin.
Bien j'ai viré tous les gens à la régie, il ne reste que les stagiaires suedoises.
De mon côté Monsieur Korkos, j'aimerai que vous voyiez ce clip, un clip docu-fiction on va dire, ça rejoint pas mal de choses dans ce qu'on a pu dire (technique mixte, confrontation sensualité/pornographie, docu/fiction, réappropriation d'archives). Pour ma part je le trouve très efficace. ATTENTION : y a quelque vrai morceau de sex dedans, mais ça reste gentil.

http://vimeo.com/8195617
La rotoscopie, oui, merci Monsieur Korkos je pense être suffisement bien renseigné dessus, puisqu'il m'est egalement arrivé d'en faire.
Lorsque j'ecrivais calqué, je ne faisais justement pas allusion à la rotoscopie : l'exercice peut simplement consister à visionner une video, et de s'en inspirer TRES largement pour redessiner (il s'agit d'une technique d'animation au vectoriel, par ordinateur rappelons le) la sequence.
La capture du film que vous utilisez juste au dessous de "À 63 mn 24 s" dans votre article.
Regardez attentivement l'animation à ce moment là du film, et dites moi ensuite si vous décelez des disparités avec d'autre séquences...
Mais qu'importe, vous avez vu ce film avec votre coeur, et c'est tant mieux, je ne voudrais surtout pas vous décevoir.
Decidement vous etes bien decevant Monsieur Korkos, le point que vous relevez dans mon précèdent poste etait probablement le moins important. Peu de personne sur ce forum ont évoqué la forme du film jusqu'à maintenant, et il y a là de quoi faire pourtant (j'en veut pour preuve votre article). Mais vous avez raisons, on peut aussi évoquer la longueur de bras des Israéliens. L'Israélien a-t-il le bras long ? et si oui, jusqu'où va-t-il ? Si je cadre un Israélien avec un plan italien, ces mains restent elles hors champs ? voilà des questions digne d'intêret qui n'ont pas encore été placé dans ce débat chaotique...
Pour la rotoscopie, voilà une video qui tombe pile poile pour la saint valentin, c'est signé Jeff Scher :

http://www.youtube.com/watch?v=a3PdufFRzqk
Puisque le rendu du film semble faire l'unanimité, et puisque j'ai deja pris part au discussion sur ce forum, j'aimerai juste préciser que j'ai trouvé le traitement de l'animation par ordinateur particulierement laid. Les sequences sont réalisé sur un logiciel proche d'aftereffect, et quand elles ne sont pas directement calqué sur de vraies vidéos, présentent une animation très poussive et laborieuse.
Ce désir d'obtenir un rendu proche du figuratif me semble discréditer l'emploi de l'animation : il annule le champs des possibles offert par cette technique, au profit de visuels bien trop léchés et stéréotypés (même ce rêve respire le lieux commun...).
Rien de bien révolutionnaire en tout cas, ce type de rendu vieillit très mal.
J'evoque ce point parcequ'il participe selon moi à ce que j'ecrivais plus haut, l'emploi d'un rendu fade, dénué de toute "étrangeté" (aucune prise de risque, aucune recherche graphique digne de ce nom) qui viennent maladroitement se confronter à d'autre image toute aussi stéréotypé, celle des charniers que nous avons déjà vu milles fois, malheureusement...
Pour finir l'ensemble du récit fleur bon l'égocentrisme boursouflé du réalisateur. Au delà du simple fait qu'il se met en scène, nombre de plan et d'échange avec ces ex-camarades de guerre (je ne sais pas si l'appellation est très bien trouvé, je n'en voit pas d'autre) sont à son avantage : il l'emporte toujours sur les confrontations, il a toujours un ascendant sur ces interlocuteurs, que ce soit grâce a une blague ou à une phrase singlante. On à l'impression que ces rencontres servent avant tout à le mettre en avant. On montre ces réactions même s'il n'en a pas (regard pensif, en se frottant la barbe) C'est censé nous amener à prendre sa place, à nous projeter, mais les ficelles sont tellement énormes que ça ne marche pas, en tout cas par sur moi.
Je sais que ça va faire bondir, mais je ne peu pas m'empêcher de penser à ces mauvais reportages diffusés sur les "grandes" chaines.
Vous savez, ceux qui adoptent un ton soi-disant personnels : "Je pénètre pour la première fois derrière les lignes ennemies", "tandis que le paysage défile derrière la vitre du 4x4, j'essai d'imaginer la vie avant la catastrophe" Figure de style médiocre, cliché à gogo, ton employé mélancolico-pouet-pouet, Il flotte un parfum d'exclusivité sur tout ce que nous découvrons avec le journaliste.
Sans poussez la comparaison trop loin, j'ai trouvé ce film tout aussi ennuyeux.
Merci pour cette très bonne et très intéressante analyse d'un des plus "beaux" films que j'ai vu.

Beau, car non seulement il parle très bien d'un sujet difficile, mais sa forme était aussi magnifique.

Vous m'avez donné envie d'acheter le dvd.
je n'ai pas vu le film Valse avec Bachir, mais cette chronique me fait penser à toutes ces guerres dont les acteurs, les soldats, ont tant de mal à parler....
et l' une des dernières particulièrement atroce : les crimes (sans doute ?) commis à Gaza par l'armée israélienne !
http://www.amnesty.fr/index.php/amnesty/s_informer/actualites/rendre_justice_aux_victimes_de_la_guerre_de_gaza_de_2009
http://www.amnesty.org/fr/news-and-updates/latest-israeli-response-gaza-investigations-totally-inadequate-20100202

psychanalytiquement parlant il semble vital pour lui, qu'un soldat ayant commis ce genre de crimes, les occulte spontanément ; sur un plan personnel, il ne s'agit que d'un refoulement salutaire pour celui qui voudrait survivre à tout cela, ce qui ne lui évitera sans doute pas les manifestations physiques en réaction (Freud a d'ailleurs parfaitement décrit tout cela avec ses Névroses de Guerre il y a bien longtemps déjà) !

les crimes des guerres actuelles : Gaza, Irak, Afghanistan n'ont aucune justification qui pourrait apaiser les consciences !!
il semblerait que les Etats se complaisent à surfer sur ces oublis parfois juste humains !

et si les TPI n'avaient été créés en définitive que pour apaiser la colère des peuples tout en sachant qu'ils ne serviront jamais pour certaines "démocraties" : Bush, Blair, Nétanyahou, etc....

et si les artistes restaient, comme toujours, les seuls à pouvoir réveiller les consciences en dénonçant à travers leur œuvre les horreurs de nos guerres modernes....
J'ai adoré ce film Valse avec Bachir, pour tout la qualité du scénario, pour le processus psychanalytique en route, pour les images, pour la complexité des situations où rien n'est noir ou blanc, c'est le cas de le dire.

Merci de me le remettre en tête. Alain

http://anthropia.blogg.org
En voyant ce film, je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir un malaise, qui n'avait rien à voir avec son sujet. Au delà de son "esthétisme" quelque peu putassier (Dieu que la guerre est jolie, et comme la petite fille morte est émouvante !)... J'ai même ressenti une franche colère, devant ce qui n'est, finalement, que de la propagande.

Le sujet de cette Valse n'est pas seulement le massacre de Chabra et Chatila, ou alors vraiment de très loin, mais une espèce d'autojustification de la part des pauvres soldats de l'armée israélienne, traumatisés par la guerre.

Donc, ils avaient des raisons pour être complices de ce massacre :

- Ils étaient terrorisés par les balles qui sifflaient autour d'eux, on tire d'abord, on réfléchit après, éventuellement
- Ils voulaient mourir pour oublier un chagrin d'amour...
- Leurs parents avaient vécu la Shoah et les camps
- Ariel Sharon était au courant, ça ne l'a pas empêché de retourner se coucher, en clair, ils ont obéi aux ordres...
- Ils ont juste lancé des fusées éclairantes pour faire de la lumière aux véritables responsables du massacre, les milices chrétiennes...

Gidéon Lévy dans Haaretz :

Cette valse s’appuie sur deux fondements idéologiques : nous avons tiré puis nous avons pleuré, oh ! comme nous avons pleuré, et nos mains n’ont pas versé ce sang. Ajoutez à cela un brin de souvenirs du génocide, sans lesquels il n’y a pas d’activité israélienne digne de ce nom sur quelque question que ce soit, et une pincée de victimisation et vous avez le portrait truqué d’Israël.

Alors Alain, il n'y a peut-être pas de film sur le guerre d'Algérie chez nous, quoique ... vous même citez "Avoir vingt ans dans les Aurès", mais en Israël non plus. Pas vraiment.

Sur le sang de l’autre, celui que nous avons versé et que nous continuons de verser de Jénine à Rafah, tout entier fait maison, sur celui-là aucun réalisateur israélien ne s’est décidé à faire un film.

Gidéon Lévy sur Valse avec Bachir
GAVROCHE :J'aime bien Guideon Levy, mais il a tendance à se prendre pour le seul, l'unique détenteur de la vérité. Son article sent la haine. Il contient des inexactitudes quant à certaines scènes qu'il relate (on ne dirait pas qu'il l'a vu deux fois). Ses arguments sont faciles, utilisent l'ironie. Et là, j'emploie la même tactique que lui quand il dit que faire ce film, c'est facile ; ça veut dire quoi, facile ?
Il dit que « même le sang est étonnamment esthétique et la souffrance n’est pas vraiment de la souffrance quand on la dessine ».
Si Folman avait montré des flots de sang, Lévy aurait dit que c'était complaisant. Quant à la souffrance dessinée, que dire face à une telle bêtise ? Rien.
Lévy fait des procès d'intention, doute que jamais personne ne fera de film sur Gaza. Eh bien ! Qu'il le fasse, lui !
Pourquoi attend-il que ce soit quelqu'un d'autre qui s'y colle, et qui subira ses sarcasmes ?

Une dernière chose : il dit que ce film va faire le tour du monde, va donner une belle image d'Israël qui est loin de la vérité, loin de Gaza.
Ce faisant, Levy prend le reste du monde pour un ramassis de boeufs décérébrés. On sait ce qui se passe à Gaza, et on lit - parfois - Haaretz, ouais.
J'ai acheté "la Valse avec Bachir" récemment, à la suite de l'article d'ASI sur Marjane Satrapi. J'ai donc regardé ce film (en VOSTF), pour me faire ma propre opinion, et j'ai ressenti la même colère que celle de M. Levy, et sûrement pas de la haine, ni même de l'ironie.

Je n'ai pas trouvé dans son article d'inexactitudes sur les scènes qu'il raconte. Et je pense l'avoir regardé avec beaucoup d'attention. Peut-être pourriez-vous m'éclairer ?

Certes, dans son article Il dit que « même le sang est étonnamment esthétique et la souffrance n’est pas vraiment de la souffrance quand on la dessine ».

Mais il dit aussi, à la fin de son article :

Et puis, tout à coup, les illustrations cèdent la place à de vraies images : l’horreur des femmes se lamentant parmi les ruines et les cadavres. Pour la première fois dans le film, nous voyons non seulement des images vraies, mais aussi des victimes réelles. Non pas celles qui ont besoin d’un psychiatre et d’un drink pour surmonter leur expérience, mais celles qui sont endeuillées à tout jamais, sans toit, sans bras ou sans jambes et estropiées. Aucun drink et aucun psychiatre ne peut les aider. Et ça c’est le premier (et le dernier) moment de vérité et de douleur dans « Valse avec Bachir ».

Mais c'est exactement ce que j'ai ressenti. D'un côté des soldats bien propres sur eux, policés, qui causent bien, qui fument des joints, boivent des drinks, vont voir un psy pour parler de leur traumatisme, et de l'autre, l'horreur, la vraie, la douleur de ces femmes ... J'ai été beaucoup plus retournée par ces images réelles que par les images du film lui-même. Comme si les dessins, effectivement très beaux, ne représentaient pas la réalité.

Pour moi, on ne peut pas représenter l'abominable de cette manière. La guerre, ce n'est pas beau. Accessoirement, j'avais ressenti le même malaise quand j'ai vu "La Liste de Schindler", et même quand j'avais vu "La Haine". L'esthétisme pour l'esthétisme sur des sujets pareils, pour moi, ça ne passe pas.

Enfin, il dit surtout, et cela me paraît plus important, que le film d'Ari Folman est malhonnête : L’art a été recruté ici au service d’une entreprise malhonnête.

Et ce film a bien fait le tour du monde : il a obtenu le Golden Globe Award du meilleur film étranger en 2009 et a été en compétition avec quatre autres films pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère la même année. Les bœufs décérébrés ont encore frappé...

Et pour finir, je vous sens en colère, mais de là à demander à M. Levy de faire lui-même un film sur Gaza ... Il n'est qu'un journaliste, pas un metteur en scène. Je ne remets pas en cause votre avis, que je respecte tout à fait, mais je ne le partage pas sur ce coup là.
Je ne sais pas si je l'ai dit plus haut, mais j'ai pensé la même chose que vous, Gavroche, en sortant du cinéma où j'avais vu le film.
J'ai trouvé que le film aidait le soldat de Tsahal à "se justifier" et à "justifier" Sabra et Chatila (entre autres).
Parce que les media et les critiques parlaient de ce film comme un pamphlet contre la guerre... et qu'en sortant j'ai pensé : "ah bon ?" moi je ne trouve pas.
Dommage que je ne lise la critique de Gideon Levy que maintenant. Ca m'aurait évité de croire que j'étais trop partiale ;o)) en raison d'un parti-pris personnel.
Je ne partage pas, mais alors pas du tout cet avis sur le film.

Cela me rappelle les gens qui critiquaient le film sur Hitler, La Chute, sous prétexte que celle-ci le montrait parfois comme "gentil", alors que selon eux il fallait le montrer comme un monstre diabolique qui était ignoble 100% du temps et avec tout le monde...
Là on critique celui-ci parce qu'en montrant les états d'âme des soldats complices du massacre, on serait en train de les justifier.
Ce qui me rappelle à son tour une affirmation de Primo Levi à la fin de son livre sur les camps de concentration, une des rares affirmations de ce livre avec lesquelles je ne suis pas d'accord, qui refuse que l'on cherche à expliquer la montée du nazisme parce que "expliquer c'est déjà excuser."

Je ne comprends pas cette aversion à la complexité morale qui est pourtant bien celle de la vie réelle. Oui, dans la réalité, les gens se retrouvent souvent d'un côté ou de l'autre pour des raisons diverses et complexes, les ignorer sous prétexte qu'elles servent "d'excuses", c'est se montrer incapable de tirer les leçons du passé car cela empêche toute compréhension du problème...
Je ne peux m'empêcher de repenser à chaque fois à la superbe chanson de Fredericks-Goldman-Jones, Né en 17 à Leidenstadt, qui rappelle aux gens qui portent des jugements moraux à posteriori qu'il est facile de penser 40 ans après qu'on aurait été du côté des "gentils".
En montrant le traumatisme qui existe, y compris chez ceux qui jouent le rôle du "méchant", et en montrant que les soldats israëliens se sentent coupables, on essaye de les justifier et de les excuser? Alors que doit-on faire, les fustiger, les traiter d'ordures et considérer que ce sont des diables forcément mauvais et qui méritent de brûler en enfer pour avoir été complices (parfois malgré eux) d'atrocités? Faire un film qui montre les soldats israëliens comme des brutes sanguinaires qui jouissent en tirant sur des femmes et des enfants?

Parfois j'ai l'impression que c'est ce que les gens veulent. Je fais une thèse sur Bloody Sunday et le problème de la mémoire, et je trouve que c'est un peu ce qui a été fait dans les docu-dramas réalisés sur l'événement : pour faire plaisir à ceux qui ont envie de pouvoir bien taper sur l'Angleterre, on transforme les soldats britanniques en espèces de bourrins débiles et racistes qui meurent d'envie de flinguer de l'irlandais. Et cela plaît, car c'est ce qu'attend le public de ce genre de films, ils ont l'impression d'avoir vu quelque chose de politiquement incorrect, qui "dit la vérité", alors qu'il ne fait que renverser la caricature.
De la même façon (et je dois avouer que j'attendais ce genre de réaction après avoir vu Valse avec Bachir), j'ai l'impression que ce que beaucoup de gens ont envie de voir, c'est un film qui traîne Israël dans la boue et voue aux gémonies tous les soldats de l'armée israëlienne. Ce n'est pas ce que fait ce film et personnellement je trouve que cela le rend bien plus intéressant.

En somme je me demande un peu aussi ce qu'un réalisateur israëlien aurait bien pu faire qui n'aurait pas été qualifié de "propagande", à part jouer le politiquement correct et faire de l'auto-flagellation à sens unique pendant 2 heures.
CHACHOUMIAOU : Tout ça se résume à un axiome extrêmement simple : t'es artiste israélien, tu fais un film, c'est de la propagande ; t'en fais pas, t'es un lâche.
Pile : je gagne ; face : tu perds.
Tout à fait juste. Et pis je pense à écrire ceci depuis plusieurs jours : tous les israéliens n'approuvent pas la politique de guerre de leur gouvernants, un bon nombre est carrément contre. Tous ne sont pas d'affreux meurtriers. Si j'ai bien compris de la part du héros du film (que je n'ai pas encore vu), il n'a pas forcément du sang sur les mains, mais il a quand même une culpabilité collective des massacres, que le psy essaie de lever. En fait on se fout de savoir s'il a tué ou non. Ce n'était pas son choix. (là je vais me faire buter) Et Dieu sait (hum, pas sûr) si je pleurs sur le sort des Palestiniens.
Meu nan, AK, j'ai vu des films produits avec des aides de l'état israélien, tournés par des Israéliens qui n'étaient pas de la propagande mais qui dénonçaient...
Bon, évidemment, ce genre de film n'est pas diffusé à grand renfort de compliments puisque réalisés par des jeunes anarchistes et non diffusés en Israël...
Vous avez des titres? Merci.
Voilà qui répond de manière documentée à votre "mouvement d'humeur" à l'égard de chachoumiaou :

"Le cinéma israélien commence à aborder le conflit israélo-palestinien à la fin des années 70. Ce cinéma politique, très critique envers la politique colonialiste israélienne, dominera les années 80 pour évoluer au début des années 90 vers le « documentaire de création » et une forme de cinéma plus personnel. Pour de nombreux réalisateurs israéliens qu’a rencontrés Janine Halbreicht- Euvrard, le cinéma est avant tout un acte de résistance. Un acte de résistance contre l’occupation israélienne des territoires palestiniens. C’est le cas d’Anat Even dans son film Asrot (Enchaînés) qui pénètre l’intimité de l’occupation en offrant une lecture féminine du conflit. C’est aussi le cas de Checkpoint de Yoav Shamir, de Private de l’Italien Saverio Costanzo, de Mur de Simone Bitton ou de Khirbet Khiza’a de Ram Loevy, dans les années 70, qui met en scène le récit d’un soldat israélien qui participe à l’expulsion des habitants du village palestinien de Khirber Khiza’a. Le cinéma se fait, dans ce cas, acte de résistance contre la domination du discours militariste masculin dans la société israélienne. Dans Ever Shot Anyone, Michal Aviad montre la vie d’un camp de réservistes à la frontière du Golan. A travers ce documentaire, le spectateur pénètre dans la culture militaire israélienne et observe les difficultés de la réalisatrice à imposer sa caméra, donc son autorité, dans un milieu exclusivement masculin. Le cinéma est un acte de résistance contre « le rouleau compresseur sioniste » [4] qui a écarté la langue et la culture d’origine des nouveaux arrivants, principalement les sépharades arabophones, les obligeant à nier leur propre passé pour pouvoir s’intégrer dans la société israélienne. C’est ce que montre Nurith Aviv dans son quatrième film, Misafa Lesafa. Amos Gitai, probablement le réalisateur israélien le plus célèbre et le plus récompensé, questionne, dans ses films, les notions de foyer, de territoire, de patrie, qu’on retrouve dans le « cinéma national héroïque israélien » [5]. Il cherche à comprendre les processus de naissance des mythes autour de ces notions. Pour Amos Gitai, « le territoire n’est pas un lieu de refuge et de construction d’identité », tel qu’il est présenté dans le « foyer national utopique inventé par le sionisme. Le territoire n’est pas une position de repli mais un lieu où on doit affronter les dilemmes. » Tous ceux à qui Janine Halbreicht-Euvrard donne la parole dans ce livre veulent croire au rôle du cinéma dans leur dimension de lutte, de résistance et de dialogue. Plus qu’aucun autre support le cinéma est sûrement le moyen le plus efficace pour amener et dénoncer la réalité du conflit israélo-palestinien dans chaque foyer. Oui, le cinéma a et aura toujours un rôle à jouer. Le dernier mot revient à Simone Bitton qui termine son entretien avec Janine Halbreich Euvrard par un « Vive le Cinéma, à bas les murs ! » plein d’optimisme."
Source A.F.P.S. (article sur le cinéma palestinien et le cinéma israélien).
Ben voyons, c'est tellement facile ...

Version Korkos : T'es artiste israélien, critique interdite, c'est tout beau tout bien, parole d'évangile ... Et puis, c'est de "l'art", alors...

Merde, alors ! J'ai adoré beaucoup de films israéliens, en vrac, ceux dont le titre me revient :

Les Citronniers d' Eran Riklis en 2008...
Hanna K, bon d'accord c'est Costa Gavras
Le magnifique Kadosh d'Amos Gitaï...
Tu n'aimeras point, de Haim Tabakman...

etc...

A Chachoumiaou : j'aime bien le parallèle avec "la Chute", ben oui, hein, Adolf était un brave type, hein, au fond, il adorait son chien... On comprend pas bien du coup comment ça se fait qu'il soit responsable de millions de morts. C'est pas possible, un type aussi sympa...

On peut "expliquer" tout ce qu'on veut, les soldats israéliens qui "se retrouvent d'un côté ou de l'autre pour des raisons diverses et complexes" sont "traumatisés", "pour avoir été complices malgré eux d'atrocités" ... C'est vachement confortable, finalement, on est "complice" d'un massacre, on fait un tour chez le psy parce qu'on est malheureux, on a fait de très vilaines choses, on est de très vilains garçons, et puis hop, le tour est joué, on oublie. On boit un coup, on fume un pét', et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Ce que reproche (entre autres) Gideon Levy à Ari Folman c'est d'avoir reçu son prix sans sourciller, pendant que Tsahal la mal nommée continuait de massacrer des civils à Gaza.

A Byson : Certes, tous les israéliens n'approuvent pas. Mais ils sont hélas très peu nombreux à se manifester. Et quand ils osent le faire ça coince.Le mouvement pacifiste en Israël est en piètre état. Lire "Programmer le désastre", de Michel Warshawski. Israël devient un Etat ultrasécuritaire, un état policier, les militaires, même à peine sortis de l'adolescence, comme ceux que l'on voit dans le film; y ont aujourd'hui tous les droits... et tout le monde trouve ça normal... Même chez nos bien pensants en France.

Juste un dernier mot, Byson, regardez le film, vous me direz ce que vous en pensez...

Le véritable ami d'Israël, celui qui se préoccupe réellement de son avenir, c'est celui qui ose critiquer sans équivoque sa politique d'occupation, le risque majeur pour son avenir...Gidéon Lévy, encore lui...
GAVROCHE : « Le véritable ami d'Israël, celui qui se préoccupe réellement de son avenir, c'est celui qui ose critiquer sans équivoque sa politique d'occupation, le risque majeur pour son avenir...Gidéon Lévy, encore lui... »

Vous déplacez le débat : la question n'est pas de savoir si on peut ou ne peut pas critiquer la politique d'Israël (bien sûr qu'on peut, bien sûr qu'on doit !), la question est de savoir si Valse est un film sincère et honnête. Moi je prétends que oui. vous prétendez que non. Soit.
comm' mal placé (sz"*$^¨% de beugue).
S'cusez, M'sieu Korkos, ce n'est pas ce que vous avez dit...

Je vous cite : "t'es artiste israélien, tu fais un film, c'est de la propagande ; t'en fais pas, t'es un lâche."

Ca se comprend comment, cette phrase, d'après vous ? Moi, en tous cas, je l'ai compris comme je l'ai indiqué plus haut. En clair, "pour certains, tout ce qui vient d'Israël c'est de la m...". Je n'ai jamais pensé de cette manière.

Et ça ne m'empêche pas d'apprécier vos chroniques.

A Clomani : je recommande d'aller voir "Rachel" de la même Simone Bitton.
Un extrait ici.
Et effectivement, il n'y a pas eu autant de pub que pour la Valse.
GAVROCHE : « t'es artiste israélien, tu fais un film, c'est de la propagande ; t'en fais pas, t'es un lâche. »
C'était ma manière de synthétiser la pensée de Gideon Levy qui accuse celui qui fait un film sur Sabra et Chatila, comme il accuse ceux qui n'en font pas sur Gaza.
Un système de pensée basé sur le procès d'intention qui condamne ce qui a été fait, ce qui n'a pas été fait, et ce qui se fera.

Mais peut-être que G. Levy ne supporte pas tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la fiction, tout simplement.
(Je m'avance un peu, là, mais après tout ce n'est pas inenvisageable.)
Je comprend à mon tour ce que vous avez pu ressentir voyant ce film, et sans doute avons nous vécu deux manières de voir ce film.
Néanmoins si l'on devait mesurer la richesse d'une oeuvre par le nombre d'interpretation qu'elle suscite, la ceremonie des oscars n'en finirait plus et elle est bien assez longue comme ça ! La manière de voir ce film est aussi variée que le nombre de spectateur pour ce film, ça n'est en rien un facteur de qualité.
Comprenez moi bien : Je ne remet pas en cause l'intention du réalisateur, effectivement ce malaise dont vous parlez est bien là.
Je fais le rapprochement (et cela peut semblez étrange) entre la pornographie et la sensualité : l'un représente froidement et l'autre suggère.
Et c'est à mon avis dans le deuxième cas que les sentiments viendront résonner en nous de manière plus efficace.
Si le réalisateur tente de redonner un sens à ces images, et c'est tout à son honneur, il s'y prend d'une manière trop évidente et attendu (cette confrontation dans la forme, complètement premier degré : animation/image d'archive).
La construction raisonné du propos cède à une forme d'hystérie visuel de l'horreur, et à mon sens, annule tout le reste.
Sur la fin de Valse avec Bachir, ces fameuses images d'archives qui tranchent avec la technique d'animation utilsée pour le reste du film.

J'ai de forts doutes quand à l'efficacité de ce procédé,
Le réalisateur croit assoir son récit dans la réalité, et c'est le résultat inverse qui se produit :
Ces images terribles sont phagocytées par la trame narrative du film, transformées en climax censé "revitaliser" un film mou et ennuyeux, bref elles sont dépouillées de leur statut de document pour se coller au récit.
Je ne suis pas non plus pour sacraliser ce type de "matière video", mais ici leur mise en scène relève de l'obscénité, elles sont la jouissance tant attendue après la montée orgasmique : les fameux souvenirs qui se précisent au fur et à mesure que l'histoire avance. De fait ces images ont une dimension pornographique inhérente, dans l'approche indécente, frontale et cru de l'objet filmé.
Selon lui, sans les images choc, on se serait dit :
"C'est un film d'animation génial. Un film anti-guerre avec de super dessins. La musique est super belle.
La guerre, c'est terrible et inutile."
Manque de confiance envers l'impact de son propre film s'il était dénué d'archives,
et manque de confiance envers les spectateurs, qui sans la tête de cette petite fille qui dépasse des décombres,
n'aurait jamais pu mesurer la réalité et l'horreur de la guerre.
C'est un peu insultant non ?
La vraie violence du film est dans l'emploi de ces vidéos, pas dans le contenu qu'elles véhiculent. Ce désir de nous réveiller par n'importe quel moyen, au risque de nous faire oublier le propos. C'est un cri désespéré du réalisateur, qui aimerait sortir de l'écran, nous faire réagir, aller au delà du media utilisé. Et pour ce faire il nous plonge la tête dans un charnier.
Le problème, c'est que ces images ont toutes glissé depuis bien longtemps dans un charnier d'images choc, qui ressurgit des qu'un évènement funeste à lieu n'importe quand, quelque part sur la planète. Elles ont acquis un statut de signe, ce qui nous permet de mieux les surmonter, et finalement, de ne plus les voir en tant que telles.
Le réalisateur le sait bien, et lorsqu'il utilise en premier l'animation, c'est avant tout pour revaloriser l'impact des videos d'archives qui viennent à la fin du film. Mais c'est ce même subterfuge qui contribue à insensibiliser un peu plus le spectateur, qui se cabre, et se réfugit dans le signe.
Le réalisateur utilise un procédé qui se mort la queue : dans sa recherche pour revaloriser le poids des images d'archives, il avoue l'incapacité qu'on les images à choquer d'elle même sans impliquer une mise en scène (et ça on peut tous s'en désoler), d'autre part il contribue à nourrir cette incapacité en montant d'un degré dans la violence de la représentation.
Dans une logique de "Plus je crie fort plus on m'écoutera" le propos du réalisateur se noit dans ces images d'archives.
On ne sort pas du film en se disant qu'Israel à eu sa part de responsabilités dans le massacre,
on en sort en se disant, "les massacres, c'est dégeulasse".
Bon, je lis vos comms, je relis la kro...et me dis qu'il faudra quand même un jour que je me prenne par la main et que j'ose voir ce film.
Les images du Jité de l'A2 de l'époque me sont restées en mémoire, c'est dire que bon... allons...

Mais je comprends delphes, (sa remarque ne m'avait pas choquée du tout), ainsi que l'explication donnée par qqun-e plus bas au sujet de ce qu'on apprend de l'histoire contemporaine au bahut.

En tout cas merci Delphes pour le résumé, même s'il y a qqes simplifications, c'est déjà bien beau de l'avoir fait et de le partager avec nous, ici.
J'aime toutes vos chroniques AK, mais celle-ci va rejoindre dans ma mémoire mon stock de préférées chroniques. J'ai très envie de voir le film, ou d'acheter le DVD. C'est ce qui est génial ici, c'est que tout votre travail donne envie d'aller plus loin ...

J'ai enregistré hier Gazastrophe, je l'ai re-vu dans la semaine, et j'avais pratiquement tout occulté de ce documentaire, à tel point que ne n'étais même pas persuadée de l'avoir déjà vu, je ne me situe pourtant pas du côté ni des victimes ni des bourreaux. (sauf que j'ai vécu les bombardements de 2ème guerre mondiale) L'appel au monde entier de ce Palestinien poète à la fin est très poignant. Si j'avais dû donner un titre, j'aurais écrit : "LE DESESPOIR D'UN PEUPLE MARTYR"
L'image réelle vient confirmer, s'il en était besoin, la véracité de l'image précédemment dessinée.
C’est exactement ça !
Je viens de voir le film, il est extraordinaire.
Même en sachant que tout ce qui se passe dans le dessin a existé, est conforme aux images et aux récits maintes fois vu depuis 1982, le surgissement de ses images réelles est bouleversant, pas pu m'empêcher de fondre en larmes.
Ari Folman touche juste, cette chronique aussi.

En ps ce reportage de la TSR où le journaliste retient difficilement son émotion, et celui de la télé française, à l’époque où les commentateurs savaient encore se taire devant les images.
L'expression est bien, mais Georges (Brassens) aurait dit :

"Ca ne nous concerne pas d'etreindre des squelettes" (La Fille a Cent Sous)

Je vais voir la suite et je reviens (pas d'accents ni de cedilles : foutu clavier amerloquain !)

***
L'air de rien, le psy vient de pointer le noeud de l'affaire : comment, d'enfant de victime des camps et des massacres, ON devient complice des camps et des massacres. Comment l’un se substitue à un autre.

Une ambiguité qui me gêne : le " on " qui peut faire croire à une généralisation. Comme si toute victime devait fatalement devenir un jour bourreau, et tout enfant-martyr un jour un parent-bourreau, en vertu d'un principe qui s'énoncerait ainsi : on fera forcément à autrui le mal qu'on a subi un jour. Ce type de raisonnement me paraît très tordu.
D'abord parce que la victime, en plus d'avoir à vivre avec la douleur de son passé, devrait porter d'avance la culpabilité du mal qu'elle ferait obligatoirement un jour, ce qui fait peut-être un peu lourd pour une seule personne, non ? et ne lui laisse ni espoir ni maîtrise sur son avenir.
Ensuite parce que si le mal n'est qu'une chaîne ininterrompue de " je fais aux autres le mal qu'on m'a fait ", je ne vois qu'une issue, achever soigneusement toutes les victimes pour interrompre la suite infernale . Genre : s'il n'y avait pas eu de survivants des camps nazis, il n'y aurait pas eu de massacre de Palestiniens, ou variante : tuons vite les survivants palestiniens des massacres, ou gare aux horreurs qu'ils commettrons par la suite.
Ce genre de logique peut mener assez loin on dirait ?
Je n’ai pas vu le film, et je ne le verrai sans doute pas, mais en ce jour de Saint-Valentin, je m’offre une Valse avec mon amoureux. Pourquoi pas la Valse op. 64 n° 2 en ut dièse mineur de Chopin (qu’on peut entendre dans le film)
Maître K tu es un maître, y a pas de doute.

Connaissance techniques + érudition la-mort-qui-tue (j'attendais une remarque à propos du Guernica de Picasso sur la scène avec le cheval mort), et le tout au service d'un propos, c'est ça, @rret sur image. Et tout ce boulot ! La saisie des images, le visionage du film minuté, c'est énorme.

Ca devrait toujours être comme ça. Génial. Merci, Maître K.
Quel film extraordinaire !!!
Je n'en connais pas un qui l'ait vu et qui n'en fasse pas l'éloge !!!
Je commence à le connaître par coeur, mais je me laisse ensorceler à chaque fois ; ça fait 3 fois que je le passe à des élèves, et à chaque fois une sorte de silence inquiet succède à l'excitation de départ ("oh ! un dessin animé !").
Le moment des pleurs des femmes, images réelles, est assez étrange ; beaucoup de gloussements d'abord - 10 secondes - quelques vannes encore - 10 secondes - puis un silence respectueux, une sorte d'astonishment, un terrassement difficilement descriptible.
Ce film est dur, oui, mais aussi touchant et beau.
C'est un film délicat, subtil ; le medium est tout à fait adapté au propos.
Rarement vu oeuvre aussi réussie.
Merci à Alain d'en avoir fait le commentaire. Merci, vraiment, de faire connaître ce film.

Ci-dessous, la petite fiche mémo que je me suis faite pour mes cours, parce qu'en fait, cette guerre, j'en avais jamais entendu parler, désolée.....


CONTEXTE : LA GUERRE ISRAELO-PALESTINIENNE

PRÉSENCE PALESTINIENNE AU SUD LIBAN
Des camps de réfugiés palestiniens existent au Liban depuis la fin de la première guerre israélo-arabe en 1949, notamment les deux camps contigus de Sabra et Chatila dans une banlieue de Beyrouth-Ouest. La population pauvre de ces deux quartiers grossit avec l'arrivée de Palestiniens et de Chiites fuyant les combats au sud. L'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) s'est implantée après le massacre de Septembre noir qui a poussé ses dirigeants à quitter la Jordanie. L'OLP utilise le Sud du Liban comme base pour mener des attaques contre Israël qui répond en bombardant des positions de l'OLP au Liban Sud. Les premières attaques palestiniennes contre les phalanges libanaises commencent en avril 1975 : l'attentat de Ayin-el-Remmaneh (avril 1975) marque le début de la guerre du Liban (des Palestiniens tentent d'assassiner Pierre Gemayel alors qu'il n'inaugurait une église dans la banlieue de Beyrouth). Les tensions ne cessent d'augmenter entre musulmans et chrétiens jusqu'à l'assassinat, le 14 septembre, du président du Liban, Bachir Gemayel, son fils, lors d'un attentat. Habib Tanious Chartouni, militant pro-palestino-syrien du Parti social nationaliste syrien (PSNS) est accusé de l'assassinat et emprisonné.
CONTEXTE DE LA GUERRE DU LIBAN
De 1975 à 1990, le Liban connaît une guerre qui oppose des groupes armés aidés par différents alliés à des pays étrangers de la région. Les Chrétiens maronites, d'abord alliés à la Syrie, s'allient ensuite à Israël, qui leur fournit armement et formation pour combattre les factions de l'OLP. Israël soutient également l'Armée du Liban Sud de Saad Haddad depuis 1978.
Chrétiens maronites >> Israël contre l'OLP
Armée du Liban Sud de Saad Haddad >> Israël contre l'OLP
Des massacres ont eu lieu lors des affrontements de ces groupes :
le massacre de Damour le 20 janvier 1976 (750 chrétiens tués par l'OLP), dirigé par l'OLP contre des populations maronites
le massacre de Chekka, dirigé par l'OLP contre des populations maronites
le premier massacre du Mont-Liban, dirigé par l'OLP contre des populations maronites
le massacre de Karantina janvier 1976, dirigé par les Phalangistes contre des camps palestiniens
le massacre de Tel al-Zaatar août 1976, dirigé par les Phalangistes contre des camps palestiniens
La guerre civile dans son ensemble a fait 100 000 victimes au Liban.
OPERATION PAIX EN GALILEE
La tentative d'assassinat sur l'ambassadeur israélien à Londres, Shlomo Argov, le 4 juin 1982, fournit un casus belli (bien que la tentative d'assassinat se révélera ultérieurement comme étant organisée par le groupe Abou Nidal « Sabri al Banna ») qui transforme les hostilités entre Israël et l'OLP en une guerre à grande échelle. Le 6 juin, Israël envoie 60 000 soldats envahir le Liban. Cet acte est condamné par le Conseil de Sécurité de l'ONU.
CESSEZ-LE-FEU
Un cessez-le-feu est obtenu par l'administration américaine après deux mois de siège de la capitale libanaise. Le Plan Habib est proposé le 20 août 1982 par le département d'Etat américain et un accord est signé à la fin du mois d'août : des forces internationales doivent superviser l'évacuation de la ville par les forces de l'OLP et Israël accepte de ne pas avancer davantage vers Beyrouth tandis que des combats continuent à opposer les belligérants dans la plaine de Bekaa.
Le 23 août 1982, Bachir Gemayel, soutenu par les Phalangistes, est élu président du Liban par l'Assemblée nationale. Israël le perçoit comme un contre-poids à l'OLP au Liban.
A la demande américaine, les Palestiniens hâtent leur départ, achevé le 1er septembre. Le surlendemain, Israël enfreint les accords de cessez-le-feu et se déploie autour des camps de réfugiés. Les forces internationales franco-italo-américaines, qui surveillaient le départ de l'OLP et étaient garantes de la sécurité des populations civiles des zones évacuées, se retirent le 11 septembre. Le lendemain, le ministre de la Défense israélien Ariel Sharon communique l'estimation de l'armée israélienne selon laquelle il resterait 2000 combattants de l'OLP à Beyrouth. Cette déclaration est contestée par les Palestiniens.
PRECIPITATION DES EVENEMENTS
Le Premier ministre israélien Menahem Begin s'entretient avec Bachir Gemayel à Naharaiya et propose la signature d'un traité de paix. Gemayel, qui doit composer avec les intérêts de factions rivales au Liban, craignant une guerre civile, choisit de refuser la paix face à la pression des activistes de l'OLP restés dans les camps de Beyrouth.
Le 14 septembre 1982, Bachir Gemayel est assassiné lors d'un attentat à la bombe qui détruit la totalité de ses bureaux. Le soupçon se porte sur Habib Chartouni, militant pro-palestino-syrien. Les Palestiniens et les dirigeants musulmans nient toute implication. L'armée israélienne répond à l'assassinat de leur allié en investissant Beyrouth-Ouest dès le lendemain, contrairement à son accord avec les Américains qui s'étaient engagés par écrit à protéger les musulmans de l'ouest de la ville. 88 morts et 254 blessés sont dénombrés dans ces affrontements. Israël justifie ce redéploiement pour maintenir l'ordre et la stabilité après le décès du Président libanais. Toutefois, Ariel Sharon déclarera plusieurs jours plus tard à la Knesset : notre entrée dans Beyrouth-Ouest était destinée à détruire l'infrastructure laissée par les terroristes.
L'armée israélienne réalisa alors le désarmement des milices anti-israéliennes de Beyrouth-Ouest, tandis que les Phalangistes conservaient leur armement.
CHRONOLOGIE DU MASSACRE
2 mois de négociations tendues > accord conclu entre l'OLP, le Liban et Israël sous garantie américaine ; l'OLP s'engage à quitter le Liban ; en échange, la sécurité des civils des camps qui s'y trouvent doit être assurée. Israël s'engage à ne pas pénétrer dans Beyrouth-Ouest et à protéger les camps
21 août : arrivée du premier contingent français pour assurer l'évacuation et la collecte des armes
1er septembre : retrait d'Arafat et de l'OLP est achevé.
3 septembre : le gouvernement américain ne tient pas parole ; Caspar Weinberger, secrétaire à la défense, donnera l'ordre à ses marines de quitter le Liban alors même que les milices chrétiennes prennent position dans le quartier de Bir Hassan, en bordure des camps de Sabra et Chatila ; le départ des Américains, qui devaient rester une trentaine de jours, pour empêcher tout dérapage et protéger les familles palestiniennes, entraîne automatiquement le retrait des Français et des Italiens.
10 septembre : le dernier soldat est parti de Beyrouth, alors que la force internationale devait rester jusqu'au 21 ou 26 septembre
14 septembre : Bechir Gemayel, le nouveau président libanais élu par l'assemblée nationale et soutenu par les Israéliens, est assassiné.
Ariel Sharon prend ce prétexte pour envahir Beyrouth-Ouest, pour cerner les camps de Sabra et Chatila et encourager les milices libanaises à les nettoyer.
jeudi 16 septembre : le soir, les premières exactions commencent.
vendredi 17 septembre : selon un article de Pierre Péan dans Le Monde diplomatique (septembre 2002), qui se réfère à Alain Ménargues (citant lui-même des témoins non-identifiés, dans un livre dont le contenu lui a été directement inspiré par Fadi Frem, le dirigeant phalangistes qui était à la tête des Forces libanaises depuis le 13 septembre), les militaires israéliens positionnés à proximité des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila auraient assisté passivement tout au long du vendredi aux massacres commis par des Phalangistes chrétiens qu'ils ont laissé pénétrer dans les camps sur des civils palestiniens. Les témoignages de soldats israéliens réunis dans le documentaire d'Ari Folman Valse avec Bachir indiquent que des informations partielles et confuses sur des exactions commises par les Phalangistes parviennent alors aux forces israéliennes, mais que ce n'est qu'après la fin du massacre que celui-ci sera perçu dans toute son ampleur.
après-midi : le commandant en chef de Tsahal, le général Rafael Eitan, rencontre les officiers Phalangistes qui l'informent que l'opération dans les camps est achevée et qu'ils quitteront les lieux le lendemain à cinq heures du matin.
samedi 18 septembre : au matin, les Phalangistes sont toujours dans Sabra et Chatila. Le général israélien Yaron exige alors du chef des Phalangistes chrétiens qu'il retire ses hommes. Les Phalangistes obéissent, et les derniers d'entre eux quittent les camps à huit heures du matin. Femmes et enfants ont été rassemblés dans un stade voisin, tandis que les hommes étaient exécutés sur place ou emportés en camion. On découvre alors que les Phalangistes ont tué, outre des combattants palestiniens, des civils en grand nombre. Des employés de la Croix-Rouge et des journalistes arrivent sur place et informent le monde entier. Quand Ariel Sharon et Rafael Eitan annoncent que les tueries ont cessé et que les Phalangistes ont été expulsés des camps, il est trop tard. Il y aurait eu 900 réfugiés palestiniens tués. Les chiffres de morts et de disparus demeurent flous. Ils varient de 500 à 5000.
REACTIONS INTERNATIONALES
Lors de la 108è réunion de l'Assemblée Générale de l'O.N.U., les événements furent reconnus comme étant un massacre à grande échelle et un acte de génocide. A l'époque, les délégations occidentales s'opposèrent néanmoins à la caractérisation des faits en tant que génocide et les spécialistes y voient aujourd'hui l'unique volonté de mettre à mal Israël.

LES PHALANGISTES LIBANAIS
Phalanges libanaises = Al Kataëb Al Lubnaniyya, souvent désignées par l'abréviation Kataëb
Les Phalanges libanaises sont un parti politique fondé en 1936 par Pierre Gemayel, George Naccache (journaliste), Charles Hélou (devenu Président de la République), Hamid Frangié et Chafic Nassif. Regroupés autour de la pharmacie que tenait Pierre Gemayel à la place des Canons, les premiers Kataëb militaient pour l'indépendance et la souveraineté du Liban, alors compromises par les divergences entre les dirigeants politiques du Liban (le Président Eddé avait signé un traité d'amitié franco-libanais qui maximisa la tension entre unionistes et indépendantistes). Le mouvement s'oppose alors à la présence de la France au Liban et tente d'organiser la jeunesse libanaise à la résistance.
Le 7 novembre 1936, l'organisation lançait son premier manifeste. Précisant l'action envisagée, le texte propose de « superposer aux vieux idéaux confessionnels un idéal national ». Il est établi ensuite que l'indépendance se conquiert, se préserve chaque jour.
Les Phalanges adoptent une structure organisée et paramilitaire qui se heurte à plusieurs reprises aux forces françaises et gouvernementales du Président Eddé. Le Parti Kataëb s'oppose au Part social national syrien fondé par Antoun Saadé qui prône une union de la grande Syrie. En 1943, les Kataëb jouent un rôle fondamental dans la réalisation de l'indépendance du Liban. Elle collabore avec le mouvement sunnite al-Najjadah et Pierre Gemayel devient un des pères de l'indépendance du pays.
LES PHALANGES APRES L'INDEPENDANCE
parti rebaptisé « Parti démocratique social » en 1952
figures majeures : Pierre Gemayel et Raymond Eddé
LES PHALANGES DANS LA GUERRE CIVILE
en 1975 : 80000 adhérents
attentat de Ayin-el-Remmaneh en avril 1975 = début de la guerre du Liban = tentative d'assassinat sur Pierre Gemayel
aux premières lignes de bataille : les miliciens phalangistes, jeunes recrues appartenant à l'ensemble des classes sociales ; contre le Fatah de Yasser Arafat et ses alliés libanais progressistes
principal chef militaire des chrétiens = Bashir Gemayel, fils cadet de Pierre Gemayel > fonde les Forces Libanaises, essentiellement constituées de jeunes de Kataëb, fédèrent la quasi-totalité des milices chréiennes
1982 : Israël envahit le Liban afin de chasser l'OLP de Beyrouth ; Bashir Gemayel, leader des Phalanges, élu Président de la République.
14 septembre : assassinat de Bashir Gemayel, dans un attentat à la bombe qui le vise ; Amine Gemayel, frère aîné, élu à sa place
nuit du 16 septembre : une unité dirigée par Elie Hobeika, un des responsables sécuritaires des Forces libanaises, pénètre à Beyrouth-Ouest dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila. Pendant 3 jours, elle tue de 700 à 3500 personnes, principalement des civils palestiniens, afin de venger la mort de Bashir Gemayel.
Une très belle chronique sur un film que je vais m'empresser d'ajouter à la (très longue) liste des choses à faire lorsque je serai délivré de mes obligations qui me bouffent mon temps.

Une remarque (qui nécessite de prendre en compte le fait que je n'ai pas vu le film) : l'image du cadavre du cheval m'évoque, outre Céline, cette scène incroyable de La Route des Flandres de Claude Simon. Peut-être moins évident que Céline pour ce qui est d'un intertexte, certes, mais la aussi on retrouve l'intertexte de la deuxième guerre mondiale.
ici dans le film "Valse avec Bachir" et la chronique d'aujourd'hui
dans l'Humanité du 07/01/2009 et dans la chronique "lettre ouverte à Pierre Laurent" du
10/01/2009
l'Humanité aurait-elle du attendre 27 ans, 4 mois et 28 jours avant de publier sa photo?
L'orgue d barbarie
Moi le joue du piano
disait l'un
moi le joue du violon
disait l'autre
moi de la harpe moi du banjo
moi du violoncelle
moi du biniou...moi de la flûte
et moi de la crécelle
Et les uns les autres parlaient parlaient
parlaient de ce qu'ils jouaient.
On n'entendait pas la musique
tout le monde parlait
parlait parlait
personne ne jouait
mais dans un coin un homme se taisait:
"et de quel instrument jouez-vous monsieur
qui vous taisez et qui ne dites rien?"
lui demandèrent les musiciens.
"Moi je joue de l'orgue de Barbarie
et je joue du couteau aussi"
dit l'homme qui jusqu'ici
n'avait absolument rien dit
et puis il s'avança le couteau à la main
et il tua tous les musiciens
et il joua de l'orgue de Barbarie
et sa musique était si vraie
si vivante et si jolie
que la petite fille du maître de la maison
sortit de dessous le piano
où elle était couchée endormie par ennui
et elle dit:
"Moi je jouais au cerceau
à la balle au chasseur
je jouais à la marelle
je jouais avec un seau
je jouais avec une pelle
je jouais au papa et à la maman
je jouais à chat perché
je jouais avec mes poupées
je jouais avec une ombrelle
je jouais avec mon petit frère
avec ma petite sœur
je jouais au gendarme
et au voleur
mais c'est fini fini fini
je veux jouer à l'assassin
je veux jouer de l'orgue de Barbarie."
Et l'homme prit la petite fille para la main
et ils s'en allèrent dans les villes
dans les maisons dams les jardins
et puis ils tuèrent le plus de monde possible
après quoi ils se marièrent
et ils eurent beaucoup d'enfants.
Mais
l'aîné apprit le piano
le second le violon
le troisième la harpe
le quatrième la crécelle
le cinquième le violoncelle
et puis ils se mirent à parler parler
parler parler parler
on n'entendit plus la musique
et tout fut à recommencer!


Jacques Prévert
comme film, il y a également "la bataille d'Alger" et "la question"
Très bon "décorticage" de ce film. Merci.

Cette analyse - très théorique et factuelle - reste objectif et s'en tient aux faits, cela permet de mieux aborder ce sujet fortement chargé d'émotions et de "voir soi-même", c'est à dire autopsier :).

Pourquoi ne pas créer une section "film/docs" avec de tels analyses de films dont les thèmes, tel que celui du conflit israélo-palestinien, ont un traitement médiatique sujet à controverse? Vous pourriez, en plus de l'analyse du film qui est nécessaire, parler de son traitement par les médias. Je ne connait pas beaucoup de site qui font ce genre d'analyse de film et je trouve ça très intéressant. Continuer ainsi et rester dynamique! ^^

Bonne journée!
Une chronique poignante, sur un film que je vais m’empresser de me procurer.

Vu il y a quelques temps ce docu avec de nombreux témoignages édifiants, entre autres d’israéliens témoins http://www.dailymotion.com/video/x3ynpu_sabra-et-chatila-retour-sur-un-mass_news.

Et une chanson d’amour pour le Liban.
Vous faites un parallèle courageux entre le masssacre de Sabra-Chatila et la Shoah. Je dis "courageux" parce que cela reste un tabou. Ainsi, à chaque fois qu'un dirigeant politique du monde musulman ose cette comparaison, c'est un tollé général en Occident et en Israël.
Il est intéressant de voir qu'on peut s'appuyer sur ce film pour montrer que ce point de vue est partagé aussi par certains Israéliens.

Vous citez un dialogue : "tu t'es senti coupable, endossant le rôle du nazi malgré toi", qui me paraît très audacieux. Si un non-israélien se permet de comparer Tsahal à une armée nazie, c'est la volée de bois vert garantie.

Je me demande quelles ont été les réactions sur cet aspect du film en Israël...
[quote=Alain Korkos]Or donc, installez-vous confortablement car nous allons visionner certaines scènes clés de ce film afin d’en déterminer la structure, de mettre à jour son squelette scénaristique[...]
L'informaticien que je suis aurait écrit mettre au jour.

[quote=Alain Korkos]En France, on attend toujours un film sur la guerre en Indochine ou la guerre d'Algérie. On attend depuis soixante ans.
J'attends.
L'effroi glacial.

Cette chronique donne envie d'aimer le film, mais j'hésite à le voir, j'ai l'impression d'avoir déjà la tête farcie des horreurs de l'humanité (pléonasme ou oxymore ?), l'ignorance préserve mieux que l'amnésie des cauchemars.

Sinon, la semaine prochaine, le même film mais avec la perspective et les références à l'iconographie religieuse ?
IMPORTANT


J'avais oublié d'inclure, à la fin de la chronique, la bande annonce de Valse avec Bachir. Voilà qui est réparé.
« Lebanon vient parachever la trilogie du "retour du refoulé", aux côtés de deux œuvres posttraumatiques sur la guerre de 1982, Beaufort, de Joseph Cedar, et Valse avec Bachir, d'Ari Folman. »
Je ne peux pas m'empêcher d'être mal à l'aise : combien de temps faudra-t-il pour voir des "oeuvres post-traumatiques" sur la guerre à Gaza? Et verrons-nous un jour des "oeuvres posttraumatiques" à propos du trauma de ceux qui étaient du mauvais côté du fusil mitrailleur?
Sur l'Indochine, il y a plusieurs film dont :
La 317e section
Diên Biên Phu
tous les deux de
Pierre Schoendoerffer
que j'ai vu plusieurs fois,
et les livres de Lartéguy sur l'Indochine et l'Algérie,
le film, les centurions est minable et réac pire que Lartéguy qui lui est plutôt ambigue, et doute.
gamma
Votre analyse est (comme toujours) passionnante. Une question : vous n'évoquez pas la scène de la valse proprement dite, lorsque le soldat pète les plombs sous les tirs des snipers. Ce n'est pas un climax ?
Merci pour cette chronique sur un film que j'ai vu au cinéma et que j'ai trouvé vraiment excellent... Il a d'ailleurs été largement snobbé par les récompenses il me semble.
Lorsque je parle d'Avatar avec des amis et que je lui reproche de n'être qu'un immense recyclage de choses déjà faites et de clichés, on me répond souvent "oui mais tellement de choses ont été faites maintenant, ce n'est plus vraiment possible d'innover".
Pour moi, Valse avec Bachir fait partie de ces films qui prouvent le contraire. Bien sûr, il est truffé de références que vous avez extrêmement bien décryptées pour nous, et il est donc forcément une recréation à partir de choses déjà faites (créer à partir de rien est une illusion), mais à partir de ces références, il crée quelque chose de nouveau et qui ne ressemble à aucun autre film que j'aie pu voir avant.


Le fait que vous mentionniez la guerre d'Algérie me rappelle un événement auquel j'ai assisté il y a un peu plus d'une semaine, lors de la semaine de commémoration de Bloody Sunday en Irlande du Nord. Parmi les événements programmés se trouvait la projection d'un film, Octobre à Paris, qui est un documentaire poignant réalisé par Jacques Panijel sur les violences subies par la population algérienne vivant en France : tortures à la suite d'arrestations parfaitement arbitraires (ou plutôt, racistes), meurtres, tout cela culminant avec le massacre du 17 octobre 1961 qui a été longtemps passé sous silence et eclipsé par Charonne. Cela était suivi d'une discussion avec Jean-Luc Einaudi, qui a témoigné au procès de Papon (préfet de police à l'époque) et a contribué à faire reconnaître la vérité par la France.

Concernant l'Indochine, il y a tout de même le film Indochine. Certes ce n'est pas un film de guerre, mais plutôt une sorte d'Autant en emporte le vent français, dans lequel la guerre est une toile de fond au déroulement d'un drame familial. Mais j'aime malgré tout ce film pour sa relative complexité morale (chose assez rare encore au cinéma) : on y voit la société colonialiste avec ses paradoxes, ses personnages qui sont tous à la fois intéressants et un peu antipathiques... Et on y voit tout de même des choses qui ne sont pas très glorieuses pour la France, notamment la vente des esclaves.
"L'air de rien, le psy vient de pointer le noeud de l'affaire : comment, d'enfant de victime des camps et des massacres, on devient complice des camps et des massacres. Comment l’un se substitue à un autre."

Le psy d'abord, enfin le journaliste sont les mediateurs entre l'amnésie et la mémoire retrouvée de "l'halluciné/manipulé" qui recompose chaotiquement le puzzle des massacres. Je ne peux ignorer la perche tendue, A.K. ;o))

Israël a pléthore de psy, et pléthore de journalistes honnêtes (dont Gideon Levy)... alors pourquoi ses dirigeants continuent-ils à traumatiser leurs enfants en leur demandant de "faire la guerre au terrorisme" alors qu'il s'agit plutôt -lorsqu'on pense à ce qui s'est passé à Gaza il y a un an et à la disproportion des moyens guerriers utilisés- de massacrer des populations civiles palestiniennes ?
Ca fait 60 ans que les gouvernants israéliens désignent un responsable qui n'est pas le bon à leurs jeunes gens et filles qui font l'armée. Où que l'on se tourne dans ces 60 ans, il y a eu guerres, massacres, expulsions de Palestiniens, arrachage d'oliviers, détournements de fleuves, construction de mur...

Je suis étonnée -puisque vous parlez d'histoire et de BD, que vous ne fassiez aucune allusion à la BD de Joe Sacco sortie il y a 15 jours :
"Gaza 1956 - en marge de l'histoire". Magnifique bouquin édité chez Futuropolis où Joe Sacco explique comment, en accompagnant un journaliste américain en reportage à Gaza, en tant qu'illustrateur, il a recueilli des témoignages terribles sur le massacre de Khan Younis en 56. A leur retour, tout ce qui concernait le massacre avait été coupé par les éditeurs du Harper's Bazar.
"J'ai trouvé ça exaspérant écrit-il. Cet épisode -le plus important massacre de Palestiniens sur le sol palestinien si l'on en croit le chiffre de 275 morts avancé par l'ONU- méritait bien peu d'être renvoyé dans les ténèbres où il gisait, comme d'innombrables tragédies historiques à peine reléguées au rang de notes au bas des pages consacrées aux grandes lignes de l'Histoire. Pourtant, ainsi que l'avait suggéré El-Rantissi, ces tragédies contiennent souvent les graines du chagrin et de la colère qui façonnent les événements du présent."
A partir de là, il a enquêté, cherché, est retourné sur place et en a sorti ce livre.

Pour en revenir à la France, lorsqu'on apprend que le film de Kubrick "Les sentiers de la gloire" a été interdit en salle sur l'injonction des anciens combattants, lorsqu'on voit que certains films sur la guerre d'Algérie ont encore du mal à passer sur nos antennes, on se dit en effet qu'on a aussi de sérieux progrès à faire. Mais pas de quoi s'esbaudir sur 3 films "vérité" (je mets vérité entre guillemets parce que j'ai quelques doutes sur la non présence de troupes israéliennes aux côtés des massacreurs libanais) en 60 ans... c'est peu.

A quand une chronique sur le cinéma arabe-palestinien (souvent des coproductions réalisées avec des aides gouvernementales israéliennes d'ailleurs) ? Comme j'interrogeais un jeune réalisateur israélien (dont le documentaire était à charge contre la politique de colonisation d'Israël) sur ce financement, il me répondit que l'Etat avait tout intérêt à montrer son ouverture d'esprit et son équité aux pays extérieurs. Son film n'avait jamais été diffusé en Israël.
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Merci pour cette kro.

Je n'ai pas vu ce film au ciné, subodorant que ça s'y trouverait, je n'avais pas envie de voir, à travers les dessins, la réalité des camps et des massacres, vous me confirmez que c'est bien le cas.
Parfois les œuvres d'art, ou disons l'œil subjectif d'un artiste, sont plus marquantes que la réalité, et dans ce film, c'est sans doute le cas, ou alors c'est moi qui ait une imagination trop développée et/ou une sensibilité particulière à ce type d'évocation, ça se discute.

Bon... mmmhh...pourquoi me sens-je coite, d'un coup...
"En France, on attend toujours un film sur la guerre en Indochine ou la guerre d'Algérie. On attend depuis soixante ans."

A défaut d'un film Français nous avons un film Italien: "Il battaglio di Algeri" de Gilo Pontecorvo, censuré et interdit de salle pendant plus de 30 ans. Nous avons également "La guerre sans nom" de Bertrand Tavernier regroupant des témoignages d'appelés du contingent ou encore "Avoir 20 ans dans les Aurès" et plus récemment "l'ennemi intime". D'autres part, si pendant nos deux guerres coloniales notre armée a commis des exactions et des crimes de guerre, on peut douter qu'un seul de ces crimes ait atteint l'ampleur des massacres de Sabra et Chatila tant en durée qu'en nombre de victimes. Une bibliographie d'une ampleur considérable existe également tant sur la guerre d'Algérie que sur la guerre d'Indochine. Je suis moi-même très curieux de notre histoire récente, et je n'ai lu dans aucun ouvrage savant la relation documentée d'un massacre comparable.

Sur le fond, voila un article très intéressant, merci M. Korkos.

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