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Affaire Dreyfus : et Jaurès changea de camp

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Apprendre des trucs nouveaux et importants sur des sujets que je croyais connaître... merci à Mathilde, une fois de plus.

Je ne suis pas sûr que faire la distinction entre "dreyfusards" et "dreyfusistes" soit pertinente. Mathilde Larrère nous dit que les choses changent en 1898, que le combat "pour Dreyfus" devient une lutte de la vérité contre la raison d'état, etc.


Mai(...)

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Et on peut assister à une jolie mecsplication d'Alexis C. à partir de 7:34.

"Tu vas peut-être le dire, mais [j'ai trop besoin de prendre un peu la lumière alors je fais la suite à ta place]."


Doudou, t'es gentil,  mais laisse Mme Larrère parler quand c'est sa séquence à elle, merci.


La position de principe qui consiste à absoudre monsieur Jaurès dont une partie de l’œuvre prônait ouvertement le racisme, en argumentant que l'homme a changé, faisant semblant d'ignorer qu'à l'époque, il est bien sur  conscient que  ses discours et ses écrits entretiennent, justifient et renforcent  la peste qu'il sème.

On ne saura jamais le nombre de vocations de crimes et actes racistes suscités par cet homme.  

Dans ce cas l'homme et l’œuvre (la période peste) sont dissociés, pour moi, c'est un peu dur à avaler mais c'est acceptable et je l'accepte

 

L'oeuvre de Polanski n'a jamais prôné ni semé la haine, elle n'a pas besoin d'être scindée comme celle de Jaurès pour n'en garder que ce qui convient. Je ne connais pas ce Polanski, c'est peut-être un sale con, je n'en sais rien, par contre à l'évidence on peut dissocier l'oeuvre de l'homme avec beaucoup moins de réticence que dans le cas Jaurès.

interessante chronique mais je pense qu'elle ne s’insérait pas du tout dans l'émission, elle est tombé un peu de nul part avec le thème. Peut etre auriez vous pu en faire une vidéo à part ?

Je ne suis pas sûr que faire la distinction entre "dreyfusards" et "dreyfusistes" soit pertinente. Mathilde Larrère nous dit que les choses changent en 1898, que le combat "pour Dreyfus" devient une lutte de la vérité contre la raison d'état, etc.


Mais personne, que ce soit en 1894 ou 1898, n'a défendu Dreyfus en le croyant coupable. Tous les dreyfusards de la première heure étaient convaincus de son innocence. Dès le départ, dès 1894, l'affaire Dreyfus est le combat de la vérité contre la raison d'état, de la lutte contre l'antisémitisme et pour les droits de l'homme. Dès le départ, dès le premier procès, Alfred Dreyfus a été condamné sans preuves, au terme d'une procédure inique et condamné parce que juif. 


Le combat n'a pas changé de nature en 1898, tout au plus les dreyfusards ont pu, notamment grâce à Zola et le fameux numéro de janvier 1898 de l'Aurore, exposer les faits au grand public. La question est donc: pourquoi Jaurès n'a-t-il pas défendu Dreyfus en 1894 ? Il n'y a que deux possibilités: soit Jaurès pensait Dreyfus innocent et n'en avait rien à faire que l'on le condamne pour un crime qu'il n'avait pas commis. Soit, ce qui est à mes yeux bien plus probable, Jaurès pensait, en 1894, que Dreyfus était coupable et que ceux qui défendaient ce traître le faisaient par solidarité de classe et par solidarité "juive". C'est ce qui explique sa citation clairement antisémite de 1894.


Je trouve que Mathilde Larrère évacue cela un peu trop rapidement. Et j'ai la désagréable impression qu'elle n'introduit cette distinction entre "dreyfusards" et "dreyfusistes" que pour absoudre Jaurès de la terrible erreur qu'il a commis en 1894, en se laissant aveugler par ses préjugés antisémites au point de ne pas voir l'innocence de Dreyfus et la justesse du combat des dreyfusards.


Le fait que Jaurès, quelques années après, a su se sortir de l'antisémitisme et a eu le courage de reconnaître ses erreurs et de rejoindre une cause juste n'en n'est que plus admirable. Inutile de tordre les faits historiques pour minimiser les erreurs de Jaurès, car plus son erreur initiale était grande, plus sa correction ultérieure a été significative.


On sent bien que le coeur de Mathilde bat pour Jaurès et qu'elle a le souci non de nier son antisémitisme, mais de l'expliquer et de valoriser son retournement. 


N'empêche que ce qu'elle met en évidence est précieux. Dreyfus vu comme bourgeois et militaire à une époque où l'armée tire sur le peuple, lien puis rupture entre lutte de classe et racisme, alliance de Jaurès avec des radicaux qui tirent les lois de la république vers "la sociale", tout ça méritait bien d'être pointé.

Je ne dis pas le contraire. Je trouve juste malheureux la distinction qu'elle fait entre les dreyfusards de la première heure et ceux qui les rejoindront plus tard. Jaurès n'a pas rejoint le camp des dreyfusards parce que ceux-ci avaient changé de combat. Jaurès les a rejoint parce qu'il s'est rendu compte qu'il s'était personnellement trompé sur le compte de Dreyfus.

Vous trouvez cela "malheureux" !


Quand l'historienne tempère, minimise et prend la défense du raciste d'alors en nous disant ;


"Tant qu'à citer les phrases de Jaurès, autant citer les belles phrases"


C'est ni plus ni moins, cacher propos et écrits sous le tapis, séparer l’œuvre de l'artiste, ce qui met l'historienne en parfaite contradiction avec sa position personnelle délivrée sans que personne ne lui demande à propos de dernier film de Polanski.


Ensuite, elle déclare, monsieur Dreyfus à eu toutes les attentions de Jaurès qui a écrit : " il est dépouillé par l'excès mème du malheur de tout caractère de classe " et l'historienne de considérer qu'il s'agit là d'un revirement réhabilitant.


Je pense en fait que cette phrase est terrible et definit parfaitement ce qu'on appelle la ségrégation


Son auteur , le vent ayant tourné, a peut-être simplement substitué "race" par "classe" . Sans modif cela aurait donné:

" il est dépouillé par l'excès mème du malheur de tout caractère de race " et qui marche aussi très bien et qui de toute évidence (vus les précédents écrits) devait être le première rédaction du papier


Moi, admirateur à priori de JAURES , je tombe sur le cul.

"Si le seul outil que vous avez est un marteau, vous verrez tout problème comme un clou" 

(Abraham Maslow)


Vous devriez lâcher votre marteau pour empoigner celui de l'analyse his-to-ri-que.


Il est ici question des prises de position de Jaurès avant et après l'affaire Dreyfus. A aucun moment, il n'a participé à des pogroms.


A la fin du XIXème siècle et jusqu'à la moitié du XXème, l'antisémitisme était largement toléré et jamais sanctionné. On peut imaginer que Jaurès pensait comme son siècle et non pas contre son siècle.

C'est mon humble marteau contre les ciseaux de l'historienne.


" A aucun moment, il n'a participé à des pogroms. " 

C'est exact, mais par ses écrits, il en a peut-être provoqué , c'est pire .


" On peut imaginer que Jaurès pensait comme son siècle et non pas contre son siècle. "

A l'évidence, il pensait comme son siècle, quand l'antisémitisme était à la mode, ( alors que normalement ce grand humansite aurait du penser contre celui-ci ) puis, la mode ayant décliné, il a adapté son de discours,. Opportunisme, qui n'enlève rien à la grandeur de son action mais qui en aucun cas efface la terrible tare initiale et le classe au rang des êtres humains ordinaires


C'est pour celà qu'il convient toujours de séparer l'oeuvre (en l'occurence les oeuvres) de l'individu, contrairement à ce que raconte l'historienne venue non pas nous servir l'histoire avec un grand H mais son opinion perso.


 


Elle vient critiquer et contre-balancer un article de presse.

Les historiens, pas plus que les journalistes ne sont objectifs ou neutres, on ne peut exiger d'eux que les sources de leur parti-pris.

Mathilde Larrère ne s'est jamais cachée de ses opinions perso, ce qui nous rend beaucoup plus facile le tri à faire dans ses différentes affirmations.


J'ai compris. 

Ainsi, l'HISTOIRE ça n'existe pas, mais  l'HISTOIRE selon Trucmuche, Bidule ou Larrère ( pour le sujet qui nous occupe ) ça existe. Il suffit donc de choisir son auteur pour obtenir l'HISTOIRE qui nous convient. Très pratique.


Donc notre ami Jaurès raciste, c'est secondaire, il suffit tout simplement  de passer sous silence ses écrits puants et voilà notre J.J conforme, "Larrèrisé"

Par contre, Polanski,  pas de quartier !

Polanski, Jaurès, ou tout autre : le but n'est-il pas de se construire chacun, aussi librement et de façon aussi éclairée que possible, sa position ? Et pour cela, d'échanger, de débattre : et là les journalistes et chercheurs jouent un rôle particulier.


Je ne cherche pas particulièrement " mon Polanski" ou "mon Jaurès", j'essaie de voir ce que d'autres, qui ont bossé, en disent.

D'ailleurs, vous-même, vous exprimez là un désaccord de fond avec M. Larrère, mais c'est bien à travers sa chronique que vous découvrez un aspect de Jaurès que vous ignoriez jusque-là et vous en tombez à la renverse … Donc réjouissez-vous d'avoir appris quelque chose, même si vous n'appréciez pas les conclusions de celle qui vous l'apprend.


Effectivement, je ne crois pas à UNE vérité, immuable, mais cela ne veut pas dire que chacun peut dire n'importe quoi pour autant. Car s'il n'y a pas de vérité absolue, par contre les erreurs, les mensonges et falsifications existent et le travail des Historiens nous aide à faire le tri. 

Dans l'exemple qu'on a ici,  je trouve que l'article critiqué et la critique m'apportent des éléments dont je vois bien qu'ils sont tous deux partisans mais documentés, donc je suis moins ignorante à la fin qu'au début, et sur des bases solides. 

Oui, Jaurès a été antisémite et raciste. Oui, c'est bien de ne pas l'oublier et oui c'est bien de contextualiser. Et son revirement n'est peut-être pas dicté par la grandeur d'âme que certains voudraient y voir mais pour autant les faits sont là et il a fait des choix que d'autres n'ont pas faits.


Je me rappelle de ma stupéfation en découvrant qu'une des raisons pour lesquelles certains ont milité pour l'abolition de l'esclavage c'était que finalement un esclave coutait cher par rapport à un employé  .. ça m'avait mise sur le cul moi aussi. Et je suis contente de le savoir, pour ne pas me méprendre mais … en dépit de ces raisons moins humanistes que celles que je supposais, l'abolition a bien été prononcée ( reste à réussir à éradiquer le truc pour de bon, c'est pas encore gagné).

Pas désagréable de discuter avec vous.


Je n'ai pas de désaccord de fond avec Larrère puisque c'est effectivement elle qui m'apprend la vérité et qu'en l'occurence, je n'ai pas qualité, ni pour approuver ni pour contester son apport. C'est plutôt la forme que je conteste, celle qui minimise ceci pour mieux glorifier cela, synthétisée par sa phrase: " tant qu'à citer Jaurès, autant citer les belles phrases ". La il y a problème.

Pas de défense de Polanski ? Que se passe-t-il ?

Vous vous méprenez, je n'aime ni les actes, ni les oeuvres de Polanski. Je parlais tout simplement rigueur et honnêteté de raisonnement qui manquent à Larrère, laquelle du haut de son "savoir" se pincant le nez à sens unique, nous donne la leçon

Elle s'appelle Mathilde Larrère, pas Larrère. 


Et vous, vous perdez votre temps et tout crédibilité en vous acharnant avec des arguments complètement en porte à faux.

Si, si, je vous assure, elle s'appelle Larrère, c'est son nom, et que je sache, il n'est pas injurieux, d’appeler les gens par leurs nom.Moi même, j'aime et préfère que l'on m’appelle par mon nom de famille.


Pour le crédibilité, je n'ai que celle banale et ordinaire du raisonnement logique


Mais vous avez raison, tout ce que je dis est faux et vous prie de bien vouloir m'excuser d'avoir dérangé vos certitudes à la con.

Je maintiens que l'on n'appelle pas une dame par son nom de famille, surtout pour l'accabler de critiques.

Sauf peut-être si l'on est très mal élevé.


Ne vous excusez pas. Vous n'avez rien dérangé du tout.

Tiens. Je me force au contraire à faire le contraire. Comme on parle de Polanski ou Lévi-Strauss, de Chirac ou de Thatcher, de Duras, de Beckett ou de Sarraute, Favret-Saada, Delon ou Deneuve, j'essaye de n'utiliser que les noms de famille sur ASI. Sauf quand les noms de famille ressemblent trop à des prénoms. 


Et je déteste qu'on fasse ça avec moi. Et parfois ça sonne vraiment bizarre de le faire. Mais je me demande toujours pourquoi. Je me méfie du genré là-dedans (par exemple le paternalisme qui consiste souvent à employer les prénoms pour les femmes et les patronymes pour les hommes), et du petit labyrinthe d'autres raisons peu conscientes (proximité ou distanciation affectée, prénom plus caractéristique que patronyme, etc).


Toujours un petit casse-tête non dit. Une question assez intéressante à expliciter, quand elle est de bonne foi.


Ce qui n'est assez certainement pas le cas dans cet échange, bien sûr. Mais j'en profite.

"Et je déteste qu'on fasse ça avec moi."


Et vous n'êtes pas le seul. 


Il y a dans le style oral ou écrit, que l'on adopte pour s'adresser aux autres presque plus que ce que l'on dit. 


Tiens, petite étude de cas : une grand quotidien du soir qui passait jadis pour le quotidien de référence appelait jusqu'il y a peu le premier ministre Édouard  Philippe. 

Et soudain hier ou avant-hier, Édouard a disparu et ne reste que Philippe. 


Que faut-il en inférer ?  Qu' Edouard est en passe d'acquérir une stature impériale, comme Bonaparte est devenu Napoléon ? J'en serais étonné.


Que Philippe a perdu son prénom car il est engagé dans le couloir des parias ?

Je penche plutôt vers cette explication. 


Mais ce n'est pas parce que je penche que je vais tomber. Tout petit déjà je faisais du vélo.






Edouard Philippe (comme Judith Bernard) est un de ces cas à part que le nom prénomonoyoyique rend plus difficile à gérer. On a vite l'impression d'appeler quelqu'un d'autre par son prénom en le mentionnant par son patronyme.


Pour le reste, je n'attribuerais pas de jugement ou de degré de respect spécifique à l'usage du patronyme seul. Le mien me dérange simplement parce que je le rattache plus à mon père qu'à moi, ou parce que ça fait un peu trop contexte scolaire administratif. Mais je connais plein d'amis qui s'interpellent depuis toujours par les noms de famille, et, franchement, les gens parlent de Brecht, d'Arendt, de Sontag, de Ferré, sans irrespect. Au contraire même, n'utiliser que le patronyme, ça fait parfois un peu plus "auteur", "source" et donc plus déférent que familier.


Donc non, là on est dans un domaine subjectif, très surinterprétable. Et par exemple je n'aimerais pas du tout qu'on infère mon degré de respect ou d'irrespect en fonction de ça (alors que quand j'irrespecte, je veux que ça se sente sans ambiguïté).  

Mathilde Larrère remet d'abord en place de la vérité historique (oui, Jaurès a eu des propos antisémites, et oui, il a ensuite clairement pris parti pour Dreyfus en reconnaissant son innocence et en disant que ça primait sur des considérations de classe), en ajoutant un petit plus que j'ignorais complètement (et ça a été un tournant considérable pour la gauche française). 


Ce qui est conforme à sa position d'historienne. 


Elle exprime ensuite ses convictions de citoyenne, en prenant parti clairement pour Jaurès, contre ses détracteurs qui n'utilisaient que la partie antisémite de ses propos. 


Dans la mesure où ses convictions politiques ne l'amènent pas à trafiquer la vérité, par action ou par omission, le citoyen ordinaire peut tout à fait prendre la vérité historique et laisser tomber la conviction citoyenne. 


Ceci dit, il est probable que sa conviction citoyenne ait été le moteur de sa recherche historique. Et pourquoi pas?

" Dans la mesure où ses convictions politiques ne l'amènent pas à trafiquer la vérité, par action ou par omission, le citoyen ordinaire peut tout à fait prendre la vérité historique et laisser tomber la conviction citoyenne "


Justement, je n'ai pas besoin de sa conviction citoyenne qui ne regarde qu'elle, j'ai besoin le la vérité historique brute. Quelle est-elle ? :

J.J raciste jusqu'en 98

J.J anti raciste à partir de 98 en admettant que:  "l'innocence d'un individu prime sur les considérations de race" .  Je sais, il a écrit "classe" . Mais le sens même de cette phrase pose tellement problème que le doute m'est maintenant permis

Apprendre des trucs nouveaux et importants sur des sujets que je croyais connaître... merci à Mathilde, une fois de plus.

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