Manifeste #MeToo : Quatennens et Bourdin sont sur un bateau
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Manifeste #MeToo : Quatennens et Bourdin sont sur un bateau

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Le 14 mai, Jean-Jacques Bourdin, présentateur de Sud Radio, a lu "la tribune #MeToo Médias" publiée dans le Monde. En fait, c'est un manifeste signé par cent visages français du mouvement #MeToo, mais ne chipotons pas : Jean-Jacques l'a lu, et il s'est sans doute dit : "Chic ! Je vais en parler dans mon émission dès demain !" Qu'a fait Jean-Jacques ensuite ? S'il a cherché à contacter l'une des cent personnes ayant signé le manifeste afin de l'inviter dans son émission sur Sud Radio, L'invité politique (parmi les personnalités politiques ayant signé le manifeste : Clémentine Autain, Cécile Duflot, Anaïs Leleux, Mathilde Viot...), le résultat n'a pas dû être concluant, puisque le lendemain, l'invité n'est même pas une invitée. Ce n'est pas non plus "un visage français du mouvement #MeToo", sauf à considérer que les hommes accusés de violences sexistes et sexuelles font partie de ces visages, puisqu'il s'agit... d'Adrien Quatennens. Député LFI, accusé en 2022 par son ex-compagne de violences conjugales (ils sont en instance de divorce), condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir reconnu l'avoir giflée, exclu quatre mois de son parti suite aux révélations, et réintégré en avril. Oui, cet Adrien Quatennens.

Et, oui, ce Jean-Jacques Bourdin : celui qui, comme vous le racontait ASI en janvier 2022, faisait l'objet de deux plaintes, l'une déposée par une ancienne collègue de RMC pour "tentative d'agression sexuelle" en 2013, l'autre pour "agression sexuelle, harcèlement et exhibition sexuelle" dans les années 1980. Des plaintes classées sans suite, dont il a toujours démenti les accusations, et qui lui ont valu d'être écarté de l'antenne puis viré de RMC : ce Jean-Jacques Bourdin, tout à fait.

C'est la dernière question de Jean-Jacques "accusé par une ancienne collègue de tentative d'agression sexuelle" Bourdin, à Adrien "condamné pour violences conjugales" Quatennens : "Vous avez lu la tribune dans le Monde, hier ? Ces cent femmes qui demandent que la loi change, sur les violences sexuelles, sur l'inceste, enfin, et caetera..." Ndlr : plusieurs hommes signent aussi ce manifeste, un signe que Jean-Jacques a dû le lire de loin en fermant un œil, mais passons. 

"Tout à fait, répond Quatennens. Oui, je pense qu'il faut des moyens supplémentaires, pour toutes les personnes qui sont victimes, pour pouvoir accueillir la parole des victimes, pour pouvoir la traiter. Vous savez, moi, Jean-Jacques Bourdin, compte tenu de mon histoire personnelle, j'ai eu notamment à travailler avec certaines de ces associations. Y compris avec des associations de personnes qui ont été mises en cause." Bourdin, ici, ne l'interrompt pas pour rappeler l'historique auquel Quatennens fait référence, à savoir : "«Violences sans incapacité commises par conjoint» entre octobre et décembre 2021, ainsi que pour «envoi régulier et malveillant de messages» à son épouse, par SMS et WhatsApp, entre août et septembre 2022" selon le juge qui l'a condamné à quatre mois de prison avec sursis (une condamnation qui n'est pas rappelée non plus). 


Quatennens poursuit : ces associations, dit-il,
"manquent cruellement de moyens". "Donc, à un moment donné, je pense qu'il y a les discours, et il y a les moyens nécessaires. Sur ce sujet, même si je ne me considère pas comme le plus légitime pour en parler, je pense qu'il faut des moyens supplémentaires." Bourdin se réveille : "Pourquoi ne seriez-vous pas légitime pour en parler ?" Va-t-il parvenir à faire dire à son invité politique qu'il a été condamné pour violences sur sa compagne ? Parade habile de Quatennens : "En tout cas, certains pourraient le penser. Et je respecte le fait qu'on puisse le penser." Bourdin n'insiste pas ; il abandonne : "Merci, Adrien Quatennens, d'être venu nous voir ce matin." Exercice périlleux que d'interviewer un homme politique condamné pour violences conjugales, au sujet des violences faites aux femmes, quand on a soi-même été accusé de violences sexistes et sexuelles, qui pourraient ressurgir en réponse ! À défaut d'éviter complètement le sujet, les deux hommes puissants se rejoignent sur une astuce pratique : l'aborder, et l'évacuer aussi sec.

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