Tous les ministres de la Santé le répètent périodiquement. Il faut l'éliminer. L'éradiquer. Lutter sans relâche. Etre sans pitié. Se battre. Sauf...Sauf quand c'est un enfant du pays, qui se fait pincer. Alors là ! Indulgence, pour l'enfant de la famille. Interrogée par Demorand sur le cas Richard Gasquet, tennisman français contrôlé positif à la cocaïne, Roselyne Bachelot, comme il se doit, a répondu en deux temps. D'abord, détermination sans faille, etc. Deuxième temps : "il l'a pris à l'insu de son plein gré, c'est ça ?" (rire roselynien). "Eh bien laissons-le se défendre, c'est bien le moins". Main droite : je suis inflexible. main gauche : admirez mon indulgence amusée.

Gasquet faisant partie du "team Lagardère", les médias Lagardère, depuis dimanche, se signalent surtout en accordant une large place à la stupéfaction incrédule de l'entourage du champion. Papa raconte son fils "tombé des nues". Les collègues n'en croient pas leurs oreilles : Santoro est "choqué et très surpris", (etc). Et c'est sur le site du Figaro (hors périmètre Lagardère) que Leconte peut exprimer sa réprobation ("Quand on joue avec le feu, on se fait prendre").

C'est toujours à l'extérieur du périmètre Lagardère, que se déploie la légende noire du "petit Mozart", (Le Figaro) "péché à la ligne" (Libé), tombé trop tôt dans le tennis pour avoir eu le temps d'avoir une vie. Se multiplient les anecdotes terribles, comme ces SMS négligemment envoyés pendant que les camarades se faisaient hacher en coupe Davis. Comme tous les grands faits-divers, celui-ci révèle soudain un village, avec ses mesquineries, ses rancoeurs, ses commérages, ses secrets enfouis. Le fait qu'il s'agisse, cette fois-ci, du village Tennis, ne change rien. C'est un village comme les autres.