Tremble, Élysée !
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Tremble, Élysée !

Le saviez-vous ? L'Élysée s'inquiète. On frissonne dans le camp du sortant, pourtant toujours donné par les sondeurs à 30 % environ d'intentions de vote au premier tour. Sa campagne est "prise dans la pétole, bloquée en pleine mer". C'est Le Monde qui le dit. On pensait qu'il snobait délibérément les débats avec ses concurrents (comme l'autre soir sur TF1). Pas du tout. Le pauvre est "pris au piège d'une campagne atone". Ainsi, il a raté sa conférence de presse du 17 mars. Les contreparties du RSA, la retraite à 65 ans, le "travailler plus pour gagner plus" proposé aux profs : contrairement à ce que l'on pouvait penser, il ne s'agirait pas de propositions radicales, formulées de manière provocatrice pour souder autour de lui son noyau dur de droite, mais de ballons d'essai mal lancés et mal vendus. Au total, un flop.

Selon un intime, "le mari de Brigitte Macron", comme l'appelle Gala, reprenant une citation de L'Opinion "est physiquement très fatigué et psychologiquement, il n’a pas envie de s’y coller, ça se voit. Il n’est pas bien en ce moment, il a plus de questions que de réponses." Présentée voici encore deux semaines comme censée le hisser en orbite au-dessus de la mêlée, et lui offrir une descente en roue libre jusqu'à sa réélection, la guerre d'Ukraine l'aurait (horrible surprise !) coupé du peuple. Je vous passe les angoisses sur la nouvelle capacité d'empathie prêtée à Marine Le Pen, à la faveur de la comparaison avec Zemmour, et la crainte que l'électorat de Mélenchon se "réfugie dans l'abstention" (Le Monde) au second tour. Les angoisses macronistes ne vont pas encore jusqu'à imaginer Mélenchon au second tour.

Sans doute faut-il voir dans cette profusion de confidences pessimistes de "marcheurs" (toujours anonymes) un reflet des dissensions au sein de l'état-major de campagne, où se heurtent classiquement compagnons historiques et nouveaux ralliés. Et peut-être en effet la campagne du sortant se dirige-t-elle vers un désastre à la Balladur-Jospin. Mais c'est une petite manie des journalistes accrédités à la présidence d'ausculter en permanence ses "inquiétudes". Dans ce récit, l'Élysée n'est pas le château où se concentrent tous les pouvoirs, mais on s'y ronge les sangs en permanence.

Si Macron redoute aujourd'hui la "nouvelle" Marine Le Pen, c'est après avoir tremblé successivement, à l'automne dernier, devant Zemmour (pour les ventes de son livre) puis Pécresse, "la plus dangereuse". Mais ces frissons viennent de loin. Trois ans durant, Covid et Gilets jaunes ont été  des sources inépuisables de craintes. "Crainte d'un vent de révolte" après le déconfinement (Le Monde), ou "d'une très grande violence" chaque samedi de manif des Gilets jaunes. Plus largement, un rien fait trembler le château comme une feuille. Des recherches Google sur "craint" "redoute" ou "s'inquiète" donnent des moissons abondantes de résultats, d'un Jupiter "inquiet de la crise d'autorité, qui conduit au complotisme" à un Macron s'inquiétant "d'une société qui se racialise".

Pourquoi cette présentation victimisante, récurrente, d'un pouvoir dont les mêmes journaux soulignent aussi par ailleurs l'arrogance, et le caractère jupitérien ? Création artificielle d'un suspense permanent, relais complaisant d'une stratégie de l'inquiétude autour de dangers imaginaires, pour cimenter autour de soi tous les partisans démobilisés ? Un peu tout cela, sans doute. J'arrête ici, je ne voudrais pas inquiéter l'Elysée.


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