Sausage party : le film qui veut le ketchup, et l'argent du ketchup
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Sausage party : le film qui veut le ketchup, et l'argent du ketchup

Les débats sur les Gaulois ou les frites connaissant une éclipse relative

, et certainement passagère, sur quoi vont porter les polémiques de fin d'année (outre le renouveau du débat sur l'IVG) ? Sur les saucisses. Plus précisément, sur l'attrait d'une saucisse pour les miches sexy d'un petit pain rond, dans les rayons d'un hypermarché où tous deux viennent de prendre conscience de la mort atroce qui les attend, quand un client les aura choisis sur le rayonnage. Plus précisément encore, sur un film d'animation qui met en scène cet éperdu désir de vivre, aux portes de la mort -lequel désir de vivre se traduira, logiquement, par une partouze générale des ingrédients. Ce film s'appelle Sausage party. Et il constitue le nouveau combat de la cathosphère française, qui condamne sa "seule" interdiction aux moins de douze ans (aux Etats-Unis, le film a été interdit aux moins de dix-sept ans. Aux dernières nouvelles, Donald Trump n'a pas encore twitté sa préconisation sur le sujet).

Affres du matinaute, intérieurement sommé de parler d'un film sans l'avoir vu. Enfermé dans ma bulle Internet (et le tournage de notre émission de la semaine, avec un invité exceptionnel) j'ai passé toute la journée d'hier préservé des échos de ce nouveau combat. Et donc bien obligé de m'en remettre aux jugements de la vieille presse, laquelle, comme il se doit, est divisée. Si pour Le Monde, le film propose "une critique plus subversive qu'il y parait des puissances mortifères de la société de consommation" (la critique du film contient même les mots "fascistoïde" et "camps de la mort"), La Croix, elle, trouve sans surprise le film "bien fade", et peu clair dans ses dénonciations (le fondamentalisme, ou les religions elles-même ? La Croix eût aimé davantage de clarté).

Tout juste puis-je estimer que les auteurs du film ont remarquablement bien joué, pour avoir le ketchup et l'argent du ketchup (et les miches du petit pain). A la critique intello, la satire de la société de consommation et les allusions concentrationnaires. Au grand public, la régression rigolarde. Le tout entrelardé d'idées promo qui font mouche, comme celle d'avoir confié à Cyril Hanouna le doublage d'un personnage de crêpe homosexuelle, ce qui a valu au film une séquence de pub gratuite dans son émission chez Bolloré. Et surtout, surtout, l'aide miraculeuse de l'effroi promotionnel. Ainsi l'extrait de la partouze alimentaire fatale vous est offert ici par le compte Twitter de la Manif pour tous, avec le gracieux concours du Figaro.

Pour expliquer que cette parodie trasho-porno de Toy Story n'ait été frappée en France "que" d'une interdiction aux moins de douze ans, la commission de classification estime, par la voix de son président Jean-François Mary, que le film "ne fait preuve ni de perversité, ni de remise en cause de l'égalité entre les sexes". Il parait que son distributeur, Sony, a hésité à le sortir en salle, craignant que cet humour américain à la Judd Apatow se soit pas compris par les Français (nous avions d'ailleurs consacré une émission à ce décalage des réceptions des films d'humour). A en juger par l'état du front, ce jeudi matin, Sony aurait eu bien tort de se priver.

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