Quand Guaino réinvente les émeutes de Los Angeles
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Quand Guaino réinvente les émeutes de Los Angeles

Décidément, ils ont la Tunisie en travers de la gorge, et pour longtemps.

"Mais quelle position officielle de la France ?" réplique Henri Guaino à Patrick Cohen, de France Inter, qui lui demande quels gestes compte faire le pouvoir, pour regagner la confiance des Tunisiens, ébranlée par la position officielle de la France pendant la révolution. "Mais quelle position officielle de la France ?" Aucune, justement, Monsieur le conseiller spécial. Aucune. C'est bien tout ce qu'on vous reproche. Alors Guaino, excédé: "ce n'est pas la première fois qu'un gouvernement tire à balles réelles sur des émeutiers !". A Los Angeles, par exemple, en 1992, lors de la semaine d'émeutes ayant suivi l'acquittement de policiers qui avaient passé à tabac un automobiliste noir, Rodney King (scène filmée par un témoin, hélas pour les tabasseurs). Et Cohen (qui a manifestement révisé le dossier) immédiatement: "non, à Los Angeles, en 92, la police n'a pas tiré à balles réelles sur les émeutiers".

S'ensuit un duel de radio comme on les aime: "oui" "non" "oui" "non". Un de ces moments qui poussent irrésistiblement le matinaute à solliciter l'arbitrage de Google, juge de paix des controverses historiques. Wikipedia n'est pas d'un grand secours: les auteurs anonymes de la notice, qui évaluent le bilan de cette semaine d'émeutes à "entre cinquante et soixante morts", sont manifestement plus soucieux de statistiques ethniques sur les auteurs et les victimes des violences, que de précisions sur les techniques de maintien de l'ordre. Le Monde de l'époque (5 mai 1992) est un tout petit peu plus précis, qui recense 47 tués, dont "huit tués par les forces de l'ordre". Certaines des victimes, précise Le Monde, "ont été prises dans le feu croisé des tirs échangés entre les agents de sécurité (privés) et les émeutiers". Aucune allusion, là non plus, à des tirs à balles réelles des forces de l'ordre (mais il est permis de penser que des tirs à balles réelles auraient fait davantage de morts).

Bref, une fois de plus, en tentant de défendre l'indéfendable, le pouvoir se raccroche à des branches pourries. Sauf éléments historiques secrets sur les émeutes de Los Angeles, connus du seul M. Guaino (et que nous sommes tout prêts à publier ici), il faudra inventer, pour les prochaines interviews, des éléments de langage plus convaincants.

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