Le Point, portrait en rase campagne
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Le Point, portrait en rase campagne

Pauvre Giesbert ! Pauvre Point !




Il y a un peu moins de deux ans, arrivait au pouvoir un président qui avait pioché son programme dans la compil des éditos de Claude Imbert. Moins d'Etat ! Moins d'allocs ! Fonctionnaires, profs, chercheurs, postiers, conducteurs de trains, remettez-moi ces feignasses au travail, et que ça saute ! Faites-les moi travailler jusqu'à soixante-dix, quatre vingts ans, comme dans tous ces pays où les choses marchent ! Dégraissez-moi tout ça, dégrippez, remettez-moi la machine en marche. Des réformes, vite ! Ils rêvaient éveillés, les Giesbert, les Imbert, les Marseille. C'était arrivé. C'était pour demain matin. Tout devenait possible.

Survient la crise financière. En quelques semaines, terrorisé, Sarkozy pile net, et arrête en rase campagne le rutilant TGV de la réforme. Il s'y trouve toujours. Imaginez nos passagers, nos amis Imbert Giesbert Marseille, dans leur carré VIP, avec leurs sandwichs. Ils veulent croire que ça va repartir. Mais plus les semaines passent, plus le doute les creuse. Ce petit Nicolas, tout de même. Est-il bien à la hauteur ? Et puis ce caractère ! N'est-il pas "dépassé" ? se demandent-ils cette semaine, sans voir que l'adjectif peut cruellement s'appliquer au journal lui-même. En même temps, par la fenêtre, ils considèrent le paysage: flammes, ruines, faillites, cris de désespoir. Tout de même, murmure l'un, avec ses allocs et ses subventions, le socialisme à la française n'avait pas que des inconvénients. Chut ! dit l'autre. Si nos lecteurs nous entendaient ! Il faut lire, ces dernières semaines, les éditos d'Imbert, ou les copiés-collés de l'éternel article de Marseille. Il faut y lire, planqués au coeur des paragraphes, ces aveux déchirants: oui, bon, d'accord, dans l'immédiat, très provisoirement, en attendant des jours meilleurs, il faut bien reconnaître que ce vieux système français, rouillé, grippé, limite les dégâts.

Pauvre Giesbert ! On l'entendait ce vendredi matin sur RTL, où il remplace Duhamel en stage de luge, commenter le nième report sarkozyen (l'enterrement du rapport Balladur sur les départements et les régions). On l'entendait ressortir les vieilles statistiques de son ami Marseille, sur l'absentéïsme vertigineux dans la fonction publique territoriale. On entendait les échos assourdis des objurgations passées: remettez-moi ces feignasses au travail ! Départements, régions, toutes ces Normandies, toutes ces Alsace-Lorraine, supprimez-moi des couches de ce "millefeuilles", et que ça saute ! Tant de couvertures du Point, tant d'articles, tant d'énergie dépensée, pour ça: voir Sarkozy enterrer un rapport de Balladur. On souffrait pour lui.

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