Françoise, Leonard, Suzanne et Graeme
Le matinaute
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chronique

Françoise, Leonard, Suzanne et Graeme

"Merci infiniment d'être là ce matin". L'adverbe signale une invitée exceptionnelle.

Ce n'est pas du tout-venant d'invitée. C'est Françoise Hardy, invitée de France Inter. En quoi Françoise Hardy, astrochanteuse française, qui vient faire la retape d'un nième livre, est-elle plus infiniment remerciable que Bruno Le Maire ou Cécile Duflot, invités ordinaires ? On ne le saura pas. Toujours est-il qu'elle est d'abord interrogée sur l'actualité du jour : la mort la veille de Léonard Cohen (oui, matinautes embrumés qui l'apprenez ici, Cohen est mort, désolé de vous l'annoncer ainsi). Alors ? Alors elle n'aimait pas, Françoise Hardy. Pas assez mélodique, Cohen. Elle préfère les chanteurs mélodiques. Pourtant, lui rappelle le présentateur, elle a elle-même chanté Suzanne. En anglais (extrait) et aussi en français. Alors : "oui, c'est une belle chanson, je reconnais". Ouf ! Du haut de son immense répertoire, Françoise Hardy reconnait que Cohen a pu commettre quelques belles chansons. La France éternelle, Mesdames Messieurs.

D'ailleurs, poursuit Hardy, la chanson a été adaptée en français par un garçon, là, elle bute un peu sur le nom : Graeme Allwright. Elle ajoute : "je ne sais pas du tout ce qu'il est devenu". Elle ne sait pas, et elle a besoin de le signaler. Elle ne le précise pas, ce n'est pas le sujet, mais il est vraisemblable qu'elle n'aimait pas beaucoup Graeme Allwright, non plus. Petit garçon, petites boîtes, Jusqu'à la ceinture: pas assez mélodiques, ces chansons, sans doute. Et La ligne Hollworth, cette dénonciation des Trump du bagne. Ted Hollworth était un notable dont l'argent venait de la mer : bien compliquées, ces paroles.

A propos, oui, qu'est-il devenu, Graeme Allwright ? Un clic suffit : à 90 ans, il chante encore. Le mois dernier, figurez-vous, il était à la MJC de Bourg-en-Bresse. Que Françoise Hardy ne le sache pas est dans l'ordre des choses. Mais nous. Pourquoi ne le savons-nous pas ? Pourquoi n'est-il jamais invité à la Matinale de France Inter ? Pourquoi, au même âge, une apparition d'Aznavour est-elle un événement considérable, et se contrefout-on que Graeme Allwright chante à Bourg-en-Bresse ? Suis-je le seul, à avoir gardé dans la tête, menue monnaie des feux de camp de mes vingt ans, autant les chansons d'Aznavour, que celles de Graeme Allwright ? Qui décide des petites musiques qui nous habiteront pour la vie ? The answer my friend is blowin in the wind, comme disait l'autre.

Caricature by Alain Korkos

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