Du bon usage de RT France
Le matinaute
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chronique

Du bon usage de RT France

Au matin du 5e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, à l'heure où j'écris, RT France est toujours debout. Pour combien de temps encore ? La présidente de la commission européenne Ursula Von der Leyen a annoncé son intention de fermer la télévision d'Etat russe dans les pays de l'UE. Elle n'a pas précisé de quelle manière. Ce n'est pas évident. Si l'on peut assez facilement, j'imagine, couper la diffusion télévisée, comment interdire le site de RT France ? Et d'abord : le faut-il ?

L'existence de RT France présente plusieurs avantages. D'abord, classiquement, de démontrer par sa seule existence, en état de quasi-guerre avec une puissance étrangère, la différence entre une démocratie, qui tolère sur son sol un média exprimant les vues de l'adversaire, et un régime totalitaire. De montrer que cette démocratie n'a rien à craindre d'un robinet à propagande adverse. 

Ensuite, pédagogiquement, de nous donner une idée du fonctionnement de la propagande de guerre. Nous lisons ici et là qu'à la télévision russe, émettant en Russie, la guerre en Ukraine n'existe quasiment pas. Comment est-ce possible ? Eh bien c'est possible. Lisez notre compte-rendu de visionnage de la semaine dernière : il montre comment la propagande exercée par RT France se drape dans les apparences de la pluralité de points de vue pour exercer un black out complet sur les données de base (la présence de l'armée russe sur le sol ukrainien). Dernier exemple en date, ce matin, sur l'arrivée en Ukraine de troupes tchétchènes, en renfort de l'armée russe, arrivée attestée par ces vidéos, postées par notre confrère Wassim Nasr. Sur cette arrivée effective, RT France ne dit mot, préférant poster la vidéo virale de milices ukrainiennes trempant leurs balles dans du sang de porc.

En état de quasi-guerre, le pluralisme, en soi, est une nécessité vitale. Prenons enfin l'information de ce matin :  l'UE va financer la livraison d'avions de chasse aux Ukrainiens. Si les titres des médias français rapportent l'information factuellement, on sent tout de même que domine un grand "Enfin !" Enfin l'Europe existe ! Enfin le "nain géopolitique" va donner de la voix ! Merci Poutine !

Tout effet d'annonce mis à part, je suis a priori favorable aux livraisons d'armes européennes à l'Ukraine. En tant que Français, en tant qu'Européen, en tant qu'amoureux du droit des gens à vivre en paix et à choisir leur régime, horrifié par l'agression russe. Qui ne le serait pas ? Mais cette grande première européenne doit pourtant être passée au crible, dans ses modalités et ses conséquences. D'abord, pour dépouiller la réalité de ces livraisons de tout effet d'annonce. Combien d'avions ? Quand arriveront-ils ? Qui les pilotera ? Ensuite, pour en éclairer les conséquences potentielles. Pour le formuler clairement : cette mesure présente-t-elle le risque d'entraîner les pays européens dans la guerre ? Si oui, pourquoi pas ? Peut-être cette guerre est-elle juste. Mais allons-y les yeux ouverts. Toute unanimité est questionnable par définition. C'est une question d'hygiène. Aujourd'hui comme hier.


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