AstraZeneca : chut, le Vatican s'en mêle !
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AstraZeneca : chut, le Vatican s'en mêle !

Ainsi naissent les déroutes. Tout d'un coup, un corps d'armée flanche. Et en quelques secondes, c'est la débâcle, la débandade générale, le sauve-qui-peut, le chacun pour soi (oui, je pense à Waterloo, je suis pas mal napoléonisé, ces temps-ci). La panique d'hier, qui a abouti dans plusieurs pays européens dont la France,  quelques minutes après la panique allemande, à la "suspension" du vaccin AstraZeneca n'est pas une panique populaire. Ce n'est pas non plus, pour le coup, une panique médiatique. C'est une panique des dirigeants, une rumeur d'Orléans de la classe dirigeante, qu'il faudra étudier un jour. Et qui n'a pas, pour l'instant, traversé l'Atlantique. La petite phrase du Premier ministre canadien Trudeau sur la parfaite qualité des lots livrés au Canada (comme si les lots livrés à l'Europe étaient de qualité moindre) n'est pas faite pour apaiser les choses.

Surfant sur les aventures d'AstraZeneca au Canada, je tombe par hasard sur cet avis des évêques canadiens. "Les évêques du Canada recommandent de ne pas recevoir les vaccins de Johnson & Johnson et d’AstraZeneca, parce que leur procédé de fabrication est lié à des cellules dérivées de l’avortement". Devant le tollé, y compris de certains évêques, la conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a semblé rétropédaler le lendemain, prétendant que cette recommandation "reflétait simplement la position du Saint-Siège". De mieux en mieux. Il y aurait donc une position du Saint-Siège sur AstraZeneca ?

Oui. Et bonne chance à qui tentera de la comprendre. Il semble que seule, en France, la presse catholique s'y soit risquée. Sous le titre "le Vatican ne met pas son veto au vaccin anti-Covid", La Vie nous apprenait le 21 décembre dernier que pour le Vatican, "tous les vaccins reconnus sûrs et efficaces d’un point de vue clinique peuvent être utilisés, en ayant conscience que le recours à de tels vaccins ne signifie pas une coopération formelle à l’avortement".

Que vient faire l'avortement dans l'histoire ? Ceci. "En 1972, rappelle La vie, une enfant de sexe féminin a été avortée aux Pays-Bas, et des cellules de ses reins ont été extraites et développées dans la lignée cellulaire maintenant connue sous le nom de HEK-293, explique le Catholic Herald. HEK signifie “Human Embryonic Kidney”. Les cellules de la lignée HEK-293 sont couramment utilisées dans la recherche biologique depuis la fin des années 1970." Et le AZ aurait utilisé cette lignée HEK-293. (On notera que Johnson & Johnson, également mise en cause par les évêques canadiens, a protesté : son vaccin ne contient "aucun tissu fœtal").

Les évêques canadiens auraient-ils donc mal compris le texte de la Congrégation pour la doctrine de la Foi ? Pas forcément. Le raisonnement du Vatican est lui-même assez tortueux. Pour conclure à l'autorisation des croyants de se vacciner avec AstraZeneca, il stipule qu' "il existe des responsabilités différenciées de coopération au mal", par exemple "dans les entreprises qui utilisent des lignées de cellules d’origine illicite, la responsabilité de ceux qui décident de l’orientation de la production n’est pas la même que la responsabilité de ceux qui n’ont aucun pouvoir de décision." 

Si je traduis bien : oui, se faire vacciner AZ, c'est un peu "coopérer au mal". Mais c'est moins mal que d'avoir fabriqué un tel vaccin. Et moins mal aussi que de contaminer autour de soi. Accessoirement, le même texte de décembre 2020 rappelait que la vaccination n’est pas une "obligation morale" et qu’elle doit être "volontaire", ce qui semble pour le moins contradictoire avec l'obligation de vaccination faite le mois dernier aux personnels du Vatican, sous peine de licenciement. Je pose ça là, comme on dit sur Twitter.

Voici mes découvertes du matin, qui n'ont guère nourri, depuis décembre, la conversation médiatique française. Si j'étais taquin, je me dirais que si de semblables balivernes avaient été avancées par d'autres autorités religieuses, par exemple d'une autre grande religion monothéiste, elles auraient déjà fourni le sujet d'une demi-douzaine d'émissions de Pascal Praud. Mais pas de taquineries sur des sujets si graves.


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