34 mars : un calendrier debout
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chronique

34 mars : un calendrier debout

Ils sont drôles, à "La nuit debout", avec leur calendrier personnel. Ayant décidé

, après vote et contre-vote, passage en commission et en sous-commission, que le mois de mars n'avait aucune raison valable de s'arrêter, le mouvement (nous vous racontons ici sa naissance) l'a laissé vivre sa vie de mois de mars. Ainsi la 4e Nuit debout s'est déroulée le 34 mars. Ainsi entre-t-on dans un mars éternel. C'est une grosse blague, oui. Une grosse blague qui dit d'abord l'obsession d'inventer de nouvelles formes, avec par exemple ce code des approbations à main levée, plutôt que des applaudissements, pendant les discours. Une blague qui voudrait tant croire que tout est possible, pour peu qu'on le décide, qu'on le proclame, et pourquoi pas donc un calendrier debout, lointaine reminiscence du calendrier révolutionnaire ? Une substitution colle bien, aussi, avec la substitution lordonienne de l'affirmatif au revendicatif. Cessons de revendiquer; prenons possession. Prenons possession du calendrier, comme de la place parisienne.

En même temps, cette entrée dans un calendrier privatisé semble prendre acte, avec lucidité, du danger, déjà, d'un certain entre-soi. On est entre nous, on se tient chaud, on fait principauté sur notre bout de bitume. Et après ? Et dehors ? C'est Lordon, encore lui, qui au soir du 34 mars, donc, a pointé ce risque, invitant les participants à inviter fissa des agriculteurs, ou même, tiens, bras dessus bras dessous, des chauffeurs de taxi et des chauffeurs Uber, qui "ne sont ennemis que dans la logique d'un système absurde, alors que leurs intérêts sont fondamentalement les mêmes".

"Madame Hidalgo, donnez donc des RTT aux policiers !" C'est Edwy Plenel maintenant qui parle, samedi soir, quelque part entre le 33 mars et le 2 avril. Il participe à un débat avec la maire de Paris, organisé par la Revue du Crieur, dernière née de la galaxie Mediapart, quand une délégation de "La nuit debout" fait irruption pour interpeller Hidalgo (dans cette vidéo, à partir de 40' environ). Irruption ? Il semble bien que les organisateurs attendaient un peu les perturbateurs. A peine arrivés, voici leurs porte-parole propulsés sur la scène, Plenel offre son micro-cravate, on les invite à parler. Surtout ne pas se retrouver du mauvais côté de la barricade, du côté des nantis de la parole, surtout ne pas se laisser photographier à côté de Hidalgo, et ses talons aiguille de maire de la Ville-lumière. Et Hidalgo elle-même, qui avait laissé échapper quelques jours plus tôt qu'elle ne voulait pas laisser "privatiser" la place de la République, de se réjouir soudain de la "vitalité" de la jeune population parisienne. D'ailleurs c'est bien simple : elle les laissera jouer jusqu'au 9 avril (c'est à dire, si on traduit bien, jusqu'au 39 mars). Merci du cadeau.

Pendant ce temps, en avril, les medias mainstream restés fidèles au calendrier de l'ancien monde tamtamisent "le plus grande leaks de tous les temps", une enquête "sans précédent", impliquant la collaboration de 106 medias mondiaux, et de plusieurs centaines de journalistes. Pêle-mêle Poutine et Platini, un prince saoudien et Balkany : tous sont clients d'un cabinet d'avocats panaméen, spécialisé dans l'optimisation-évasion fiscale. En avant-première, le directeur du Monde annonce à Lea Salamé l'implication pour le lendemain "d'un grand parti national français". Le suspense bat son plein. Ce n'est pas la première fois que des noms chatoyants sont ainsi balancés en teasing, avant qu'on réévalue leur implication à la baisse (cf John Malkovich dans Swissleaks). Le feuilleton étant annoncé pour durer toute la semaine, il est urgent d'attendre pour le commenter.

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