Chercheurs, journalistes, connexions et déraillements
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Chercheurs, journalistes, connexions et déraillements

Une série d'été ? C'est simple comme un mail de Justine Brabant.

   

Au printemps, Justine me demande : "tiens, vous avez une série d'été, cette année ?" Non, pas encore. "Alors, je ferais bien quelque chose sur les sociologues des médias". Des sociologues ? En été ? Après nos séries sur l'humour, sur le journalisme de guerre, ou sur les mooks ? Est-ce avec ce sujet que nous allons rivaliser avec les séries de très haute tenue (quoique très concernantes pour les lecteurs) que proposent nos chers confrères des magazines tradtionnels ?

Pas très été, les sociologues, me dis-je, comme tout bon journaliste qui se respecte. Car sachez-le, amis abonnés, le couple journaliste-sociologue est un couple maudit. Les journalistes viennent de Mars, les chercheurs viennent de Venus (ou l'inverse). Le journaliste considère a priori que le chercheur est ennuyeux, le chercheur regarde le journaliste comme un être indécrottablement superficiel. De ce choc des logiques, nous avons, ici, une expérience personnelle fondatrice et malheureuse (références ici et ici). D'où un souci de ne pas, par friction des deux logiques, rallumer une guerre inutile : chacun dans son champ, et les médias seront bien gardés.

Mais cette position est absurde, et intenable. D'autant que Martiens et Vénusiens, pas la peine d'y insister, sont nécessaires les uns aux autres, dans la chaîne de transmission du savoir. Cette série d'été en fait la démonstration, dans laquelle vous entendrez nos invités disserter sur toute une série de sujets passionnants -et ne jamais se formaliser des interruptions, des objections, et des demandes d'éclaircissements de Justine. Et comme dans un vrai couple, il est possible avec un peu de bonne volonté de se nourrir de ses différences, voire même parfois d'en rire.

 


Des sociologues des médias, donc, mais lesquels ? Le principe acquis, reste à constituer l'échantillon. Les premiers noms qui me viennent à l'idée, ce sont les deux ou trois éternels clients, qui trônent depuis toujours dans les répertoires d'Yves Calvi ou de Patrick Cohen, et sont invités à tenir des discours passe-partout dès qu'une émission souhaite traiter de la décadence de la presse écrite, ou des maléfices d'Internet. Pas très envie de les ré-entendre ici. Ah, qu'ai-je dit ? Justine me considère avec ce sourire insondable qui n'appartient qu'à elle. Mais non, enfin. Il y en a d'autres. Beaucoup d'autres. Et justement, ce sont ces autres, qu'on va aller chercher.

Soit. Mais c'est ici que commence le plus difficile. Car notre échantillon doit être irréprochable. Si par malheur il est biaisé, notre échantillon, ils ne vont pas nous rater, les sociologues des médias. Une série d'été mal calibrée sur le sujet, pour nous, ce serait une sorte de suicide professionnel, l'assurance de se retrouver cible de mémoires et de thèses vengeurs pendant les vingt-cinq prochaines années. Donc, tenter d'évaluer les sensibilités, les écoles, les filiations, les antagonismes, et faire à chacun sa juste place ; essayer de constituer un échantillon si possible paritaire (hum, sur ce point, on n'a pas forcément réussi). Sans oublier de mixer les travaux consacrés aux anciens médias, et ceux qui sont consacrés aux nouveaux médias. Sur ce point aussi, on a un peu dévié par rapport aux intentions de départ, et chacun pourra constater que les nouveaux médias sont sur-représentés dans l'échantillon d'arrivée, pour une raison simple : c'est parce que c'est plus nouveau, et plus intéressant (deux des critères journalistiques d'une bonne enquête). Vous verrez et écouterez donc dans cette série des chercheurs qui comptent les liens hypertexte dans les articles, d'autres qui se sont demandés quel était le sens profond des "like" de Facebook, et encore d'autres qui réfléchissent sur le visible et l'invisible sur la Toile. Pour ne prendre que la première émission, les propos de Dominique Cardon sur la visibilité sur Internet résonnent étrangement avec les faits divers de l'été : du conducteur de trains espagnol aux policiers de Trappes, tout le monde s'expose sur Facebook, et y dérape en toute inconscience.

Evidemment, cette série ne dépaysera pas nos abonnés. Pour qu'elle constitue un véritable complément aux travaux habituels du site, nous avons choisi de faire revenir certains de nos invités estivaux sur des thèmes traités dans nos émissions des derniers mois, avec le recul que permet le décalage. Je vous laisse le plaisir de faire, au fil des semaines, toutes les connexions nécessaires.

Et maintenant ? Maintenant, la glace étant rompue entre Mars et Vénus, cette série pourrait devenir l'embryon d'une bibliothèque commentée de travaux de chercheurs sur les médias et les médiatisations, sous une forme plus perenne, qui reste à inventer. A inventer avec vous, évidemment.

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