La voilà enfin, la grande radio-télé-multimedia d'info continue du service public. La voilà offerte aux matinautes sur les ordis, avant de plonger ce soir dans le grand bain supposé du Canal 27 des téléviseurs. Premier contact avec l'anti-BFMTV, la chaîne imaginée, voulue, rêvée par l'Elysée pour tenter de sauver 2017, bricolée à toute allure par France Télévisions et Radio France, qui va disputer au populisme sensationnaliste de BFM / ITélé / LCI le territoire périlleux et fascinant de l'info continue. Celle qui réconciliera direct et zénitude. Celle qui se gardera de commettre le sacrilège d'interroger Léonarda derrière une allocution de Hollande.

Alors ? Dans les titres qui tournent en boucle, les émeutes au Gabon après la présidentielle contestée, et la rentrée scolaire. Classique. Pas un mot, en revanche, sur les visites, la veille, du trio Sarkozy-Fillon-Juppé à l'université d'été du MEDEF, mais gardons-nous d'en tirer des conclusions hâtives. Pour le reste, rentrée scolaire oblige, un envoyé spécial poireaute de demi-heure en demi-heure devant un collège de grande banlieue parisienne, se morfondant avec la principale en attendant les élèves (d'ailleurs où sont-ils les élèves ? Pas un seul à l'horizon). Passons.

Et la politique ? trépigne le matinaute. Où est la politique ? Pas de Matinale sans interview politique reine. Patience. La voici, à 8 heures 30. D'autant que la radio a repêché... l'insubmersible Jean-Michel Aphatie, porté disparu de RTL, d'Europe 1, et de Canal+. A ses côtés, un peu ébloui par les sunlights, et rescapé de tractations diplomatiques qu'on peine à imaginer, le binôme de France Info (la radio) : Fabienne Sintès, qui offre enfin ses perfectos à la curiosité mondiale, et l'ami Guy Birenbaum (Aphatie après Achilli : ils lui auront tout fait, à Birenbaum).

Invité inaugural : le député FN Gilbert Collard. Pour le refus du sensationnalisme, la recherche de l'originalité et la quête de la zénitude, bravo, c'est bien trouvé. Donc, Collard aime bien Trump, en dépit de ses "excès" qu'il "désapprouve", il ne sait pas encore si "la petite flamme du FN" figurera sur les tracts et surtout, attention roulements de tambours, il "préfère Marine à Le Pen". Triomphe d'Aphatie qui tient ferme le Mickey pour lequel il a été embauché : la petite phrase calibrée pour les reprises d'agences, qui va faire d'emblée plonger la petite nouvelle dans le grand bain. Contrat rempli ?