Crépol : Sur BFM, priorité à l'extrême droite
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Crépol : Sur BFM, priorité à l'extrême droite

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"Crépol : Y a-t-il eu un emballement médiatique ?", s'interroge le bandeau de BFMTV, ce 21 novembre à 17 h. Nous sommes trois jours après l'attaque à l'arme blanche au bal de la salle des fêtes de Crépol, près de Valence. Qui a blessé grièvement plusieurs personnes dont Thomas, 16 ans, mort avant d'avoir pu être transporté à l'hôpital. Une enquête pour "homicide volontaire" et "tentative d'homicide" a été ouverte.

Vers 2 h du matin dans la nuit du 18 au 19 novembre, "une dizaine d'individus" se sont introduits dans la salle des fêtes. La situation a dégénéré en "bagarre d'une violence assez inouïe pour un village de 500 habitants". Ce sont les mots de la porte-parole de la gendarmerie locale, qui conteste l'usage du mot "rixe", très répandu dans les médias depuis. "Une rixe, ce sont deux groupes de jeunes qui ont décidé de prendre rendez-vous et de s'affronter. Ici, on n'est pas dans cette configuration-là", a-t-elle expliqué. "Au regard des premiers éléments de l'enquête, le procureur de Valence a souligné qu'il était «faux d'affirmer que le groupe hostile serait composé d'individus tous originaires de la même ville et du même quartier»", peut-on lire sur Franceinfo. Ce qui n'a pas empêché l'extrême droite de se précipiter sur tous les plateaux pour clamer l'inverse.

Comme Stanislas Rigault, président de la branche jeunesse du parti Reconquête d'Eric Zemmour. Il n'a aucun mandat politique, mais est pourtant invité sur le plateau de BFMTV ce 21 novembre. Pourquoi ? On ne sait pas trop, si ce n'est donc qu'il a immédiatement réagi au fait divers à Crépol en affirmant – sans preuve – que les individus armés étaient forcément des "racailles des cités". Ce qui vaut invitation sur la chaîne d'info en continu : "Vous accusez des jeunes «racailles», c'est ce que vous dites, d'être «venus dans les campagnes pour tuer des Français»", lui dit la présentatrice de BFMTV Perrine Storme. "Mais à ce stade, nous n'avons pas les informations, on ne connaît pas le profil [des accusés]." C'est trop tard : Rigault est en plateau, il a la parole et n'en démordra pas : lui "appelle ça des racailles, voire des barbares". Peu importe que les journalistes de BFMTV précisent que "ça ne correspond à rien, juridiquement", Rigault a déjà "pris les paris" que "les suspects auront des noms à consonance issue de l'immigration". Perrine Storme est dépassée : "Vous êtes un responsable politique, votre parole doit être crédible, vous ne pouvez pas faire des suppositions !" Mais Rigault n'a pas besoin de porter une parole crédible : il a besoin d'être entendu. Et grâce à cette invitation, il a réussi.

Y a-t-il eu emballement, se demande BFMTV en participant à l'emballement ? Faut-il inviter pour en discuter davantage de militant·es d'extrême droite, sans légitimité mais avec un discours politique déjà tout prêt ? La réponse est oui : le lendemain, BFMTV invite Marion Maréchal. Elle non plus n'a pas de mandat électoral – mais en brigue un aux élections européennes, toujours pour Reconquête, parti comptant zéro députés, zéro maires, et zéro président de la République depuis ses 7 % aux élections présidentielles de 2022. Maréchal, elle, a carrément droit à un clin d'œil du présentateur Olivier Truchot, comme l'a remarqué Nassira El Moaddem sur X (ex-Twitter). À peine Maréchal a-t-elle fini sa tirade sur "la guerre ethnique", "la guerre civile" dont elle observe les "prémices" qu'Olivier Truchot lui décerne un beau clin d'œil en la remerciant. Merci pour l'emballement, Marion Maréchal ;)

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