Ambassadeur russe / photo : le New York Times critiqué
Brève

Ambassadeur russe / photo : le New York Times critiqué

Fallait-il montrer la photo du corps de l'ambassadeur russe et de son assassin ?

Cette photo, prise juste après qu'un homme a mortellement tiré sur l'ambassadeur Andrey Karlov lors d'un vernissage à Ankara, a été notamment reprise sur la page d'accueil du site internet du New York Times - puis en Une du quotidien le mardi 20 décembre. Une décision qui n'aurait pas plu à certains lecteurs du quotidien américain. C'est ce qu'explique la médiatrice du Times Liz Spayd, qui publie dans la rubrique making-of "Pourquoi vous avez fait ça?" une interview avec l'éditeur en chef adjoint Phil Corbett.

"Pourquoi vous avez fait ça ? Diffsuer la photo d'un tueur sur la page d'accueil",
Article du New York Times, 19 décembre 2016

Photo de l'Associated Press du tireur et de sa victime, publiée par le New York Times en Une et sur son site

Pourquoi avoir choisi de publier cette photo directement sur la page d'accueil (une photo que l'on ne voit plus aujourd'hui sur cette même page) ? "D'abord, explique Corbett, c'est une histoire importante, quand on considère l'implication de la Russie en Syrie et les tensions entre les différents pays et les différentes factions. Et la photo montre très clairement la nature choquante de l'attaque – avec bien plus de force, je pense, qu'une simple description des faits." Face aux reproches, Corbett défend le choix du quotidien : "Ce n'est pas gore ou sensationnel de manière gratuite." L'éditeur note par ailleurs qu'ils ont fait le choix de ne pas publier la vidéo contenant les images de l'attaque sur leur page d'accueil, mais simplement de mettre un lien renvoyant à cette vidéo. Sauf que mardi matin, heure française, la vidéo se trouvait sur la page d'accueil. Quelques heures plus tard, la vignette de la vidéo renvoyait finalement vers une autre page où le lancement de la vidéo n'était pas automatique.

Capture d'écran de la page d'accueil du New York Times, vers 10h mardi 20 décembre (heure française)

En conclusion, Spayd explique qu'elle approuve le choix du New York Times : "C'était une situation où la photographie était si essentielle pour transmettre la nature horrifique de l'attaque que son utilisation sur la page d'accueil était appropriée". Et Spayd d'ajouter, en réponse aux critiques, que "la plupart des autres sites d'information avaient fait le même choix". On trouve notamment la photo sur le site du Boston Globe, de CNN, du Huffington Post, ou encore du Independent (qui a coupé la photo de manière à ce qu'on ne voie pas le cadavre). D'autres sites, comme celui du Washington Post, ont publié des images du tireur et du cadavre sous d'autres angles.

Photo rognée du tireur, sur le site The Independent

Photo sur le site du Washington Post, 20 décembre

"J'ai fait mon travail : prendre des photos"

D'où vient la photo utilisée par le New York Times ? Prise par le photographe de l'agence de presse américaine Associated Press (AP) Burhan Ozbilici, ce dernier a livré sur le site de l'AP son récit de la fusillade. Venu pour le vernissage de l'exposition de photos "parce que c'était sur le chemin pour rentrer du bureau", Ozbilici raconte : "J'étais stupéfait, et j'ai pensé que c'était une fioriture théâtrale". "J'étais effrayé et confus, continue le photographe, mais je me suis partiellement abrité derrière un mur et j'ai fait mon travail : prendre des photos". Pour Ozbilici, c'était la seule chose qu'il pouvait faire : "Voilà ce que je pensais, explique-t-il. «Je suis ici. Même si je suis touché et blessé, ou tué, je suis un journaliste. Je dois faire mon travail. Je pourrais m'enfuir sans faire aucune photo... Mais je n'aurais pas de réponse valable si les gens me demandent plus tard : 'pourquoi tu n'as pas pris de photos?'» "

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