@SI/Mediapart : des lanceurs d'alerte appellent au soutien
Brève

@SI/Mediapart : des lanceurs d'alerte appellent au soutien

"Ce que l’Etat réprime chez Mediapart et Arrêt sur images, il le défend bec et ongles à Bruxelles" : quelques jours après l'annonce des redressements fiscaux d'@rrêt sur images, de Mediapart et d'Indigo publications, Marianne.fr relève le paradoxe de la décision qui place notre site en péril financier. Des voix s'élèvent pour apporter leur soutien aux sites fondés par Daniel Schneidermann et Edwy Plenel. Samedi en fin d'après-midi, notre site avait recueilli 228 000 euros, en abonnements de soutien et dons défiscalisés.

Un "matraquage fiscal" du journalisme indépendant : le site de l'hebdomadaire Marianne a consacré vendredi un article aux redressements fiscaux de trois médias français : Mediapart, Indigo publications (qui édite notamment La Lettre A et La Lettre du continent) et @rrêt sur images. Un redressement qui, dans notre cas, marque l'issue (provisoire ?) de cinq ans d'affrontements judiciaires avec l'administration française : Daniel Schneidermann rappelle ici l'histoire de ce combat contre l'inégalité de traitement entre presse papier et presse en ligne.

Pour Marianne.fr, Bercy "matraque le journalisme indépendant". Le site relève deux paradoxes dans la position de l'État français. D'abord, celui de défendre au niveau européen l'existence d'une taxe réduite pour les sites de presse en ligne (alignée sur celle appliquée à la presse traditionnelle)... cette même taxe qui vaut à Mediapart, Indigo et @si d'être redressés aujourd'hui.

Second paradoxe : la "souplesse fiscale" à géométrie variable du gouvernement. "On a vu cette semaine l’exécutif demander aux retraités modestes leurs impôts locaux, puis reculer également sur et . La situation est cocasse: d’un côté, des particuliers et des élus exonérés au moindre couac; de l’autre, une presse indépendance forcée à payer jusqu’au dernier centime", note ainsi Marianne.fr.

Acrimed : "une lutte contre une situation manifestement inéquitable"

L'association Acrimed (qui édite le site de critique des médias du même nom) a publié vendredi un texte de soutien à Mediapart et @rrêt sur images. Il rappelle pourquoi le combat mené par les deux sites n'est pas une "fraude" ou une "tentative d'échapper au fisc", mais bien un bras de fer politique contre "une situation manifestement inéquitable" : "Mediapart et Arrêt sur images seraient-ils donc de vulgaires fraudeurs (...) ? C’est ce que d’aucuns semblent penser en exigeant des deux sites qu’ils s’acquittent de sommes qui mettent en péril leur santé, voire même leur survie. Mais la vérité est bien différente, rappelle le site : non seulement Mediapart et Arrêt sur images n’ont pas dissimulé leur «fraude», mais ils l’ont revendiquée, cherchant à la politiser, soutenus dans cette démarche par de nombreux autres titres regroupés dans le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne[1], qui a publié un communiqué dénonçant les décisions de l’administration fiscale"."

Autre voix à s'élever pour soutenir notre démarche : celle de plusieurs lanceurs d'alerte français, qui se sont réunis pour signer une tribune de soutien à Mediapart et @si. "Nous, lanceurs d’alerte, savons que la liberté et l’indépendance de la presse sont primordiales et pourtant déjà menacées. La presse est une alliée primordiale des lanceurs d'alerte, notre action conjointe est nécessaire à un meilleur fonctionnement de la démocratie. (...) Nous, lanceurs d’alerte, soutenons Mediapart et Arrêt sur Images" écrivent Stéphanie Gibaud (qui a dénoncé les pratiques d'évasion fiscale d'UBS, et que nous avons reçue dans cette émission), Florence Ploteau (qui a révélé la corruption au sein du conseil général des Hauts-de-Seine) ou encore Céline Martinelli (qui a alerté sur les soupçons d'évasion fiscale de la part du Crédit mutuel).

Peu de réactions, en revanche, du côté des politiques. Seul un élu national, samedi, avait réagi officiellement : le sénateur EELV des Hauts de Seine, André Gattolin, a publié un communiqué appelant le ministère des Finances à une "amnistie fiscale" pour Mediapart et @rrêt sur images. Le sénateur estime que "les services fiscaux, à la demande du gouvernement, peuvent annuler tout ou partie des arriérés de ces deux médias", annulation qui se justifierait par le travail fourni pour les deux sites : "Contrairement à beaucoup de sites de presse en ligne, ces deux «pure-players » emploient de véritables rédactions composées de journalistes reconnus et détenteurs de la carte de presse. Leur modèle économique repose exclusivement sur leurs abonnés. Ils contribuent à alimenter à alimenter l’écosystème de l’information, avec une information de qualité et exclusive, fruit d’un conséquent travail d’enquête et d’investigation".

Vendredi, les responsables de Mediapart, d'Indigo Publications et d'@si étaient réunis à l'occasion de la journée du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (SPIIL) - François Bonnet, de Mediapart, en fait un compte-rendu ici. L'occasion de rappeler le flou persistant autour de ces décisions de redressement : "C'est au terme d'études juridiques poussées que nous avions décidé de passer à une TVA à 2,1%, parce que la loi nous y autorisait. L'administration fiscale n'a rien voulu entendre (...). Qui a décidé à Bercy ? Pourquoi nous appliquer des pénalités de 40% ? L'opacité est complète et nous aimerions savoir qui a décidé à Bercy et pourquoi", a rappelé Maurice Botbol, d'Indigo Publications.

Daniel Schneidermann, Maurice Botbol et Edwy Plenel, le 6 novembre à la journée du SPIIL
(image : Mediapart)

Samedi à treize heures, Mediapart annonçait avoir récolté environ 230 000 euros de soutien. Le site prévoit d'utiliser la somme qu'il récoltera pour développer de nouveaux projets : "nouvelle application mobile pour Androïd et IOS, (...) développement d'un nouveau Mediapart multimédias pour mieux mettre en valeur nos émissions vidéo, nos lives, nos webdocs, portfolios et documentaires ; création de nouveaux formats web autorisant de nouvelles mises en scène graphiques de nos reportages et enquêtes" détaille ainsi François Bonnet. En fin d'après-midi, @rrêt sur images avait, de son côté, rassemblé 228 000 euros (128 000 euros d'abonnements de soutien via la plate-forme Ulule, 100 000 de dons défiscalisables via J'aime l'info).

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