Trump en couverture de Time : "Deal with it"
Brève

Trump en couverture de Time : "Deal with it"

"Il faudra vous y faire."

Difficile de traduire le "Deal with it" en couverture du dernier numéro de l’hebdo américain Time, accompagné d’une photo en gros plan de Donald Trump. Entre "il faut se faire une raison" et "faites avec" ou "habituez vous", voire "démerdez vous avec ça", le "Deal with it" du magazine, volontairement vague et polysémique, reflète d'une certaine manière l'embarras de la presse face au milliardaire, qu'elle est accusée d'avoir contribué à promouvoir, en surmédiatisant la candidature de ce piège à audience. Sous cette manchette, l'hebdo tente de cerner la candidature du Républicain, toujours en tête des sondages pour les primaires.

Avec une campagne faite notamment de sorties xénophobes et/ou sexistes, Trump possède une avance de près de onze points sur son principal rival Jeb Bush, et il commence à sérieusement réduire l’écart avec Hillary Clinton. Pour l’hebdo, la recette Trump est simple : il fait tout ce qui "ne se fait pas" normalement en politique aux Etats-Unis. Pour un candidat "normal", une visite à la foire locale de Des Moines (Iowa) implique par exemple quelques règles simples : "Être sympathique. Ne pas se faire d’ennemis. Respecter les anciens du parti. Eviter les chapeaux bizarres. Et ne surtout jamais porter de chaussures blanches ou de boutons de manchette." Alors que tous les autres candidats, démocrates comme républicains, suivaient cette ligne, "un bruit tonitruant est venu du ciel". Donald Trump est alors sorti de son hélicoptère à 7 millions de dollars, avec "d’énormes boutons de manchettes en diamants" et "des chaussures d’un blanc éclatant".

Si le style Trump peut pousser certains à le tourner en dérision (le Huffington Post a choisi de couvrir sa campagne dans la rubrique Divertissement), le "Deal with it" de Time peut aussi sonner comme le coup de sifflet qui marque la fin de la récréation. Certes, Trump est excessif et populiste, mais son succès auprès du public américain et des Républicains veut forcément dire quelque chose. La preuve ? "Alors que les cotes de popularité des deux parties sont en chute libre, [celle de Trump] augmente".

"Pourquoi Trump est en train de gagner"

L’hebdo consacre plusieurs longs papiers d’analyse à la "stratégie Trump" et à l’écho qu’il trouve, notamment dans un édito sous-titré "Pourquoi Trump est en train de gagner". "Ce serait une erreur de considérer Trump comme incapable de faire preuve de modération ou de nuance. Au fond, c’est un pragmatique, pas un idéologue, avance ainsi le magazine. [Contrairement aux autres Républicains], il ne s’en prend pas à l’accord iranien d’Obama, parce que les contrats sont importants, mais il l’appliquera «comme personne n’a jamais appliqué un contrat». Il défend le planning familial pour la couverture médicale qu’il apporte aux femmes, mais pas l’avortement. Et quand ses rivaux complotent pour couper dans les dépenses de retraite, lui promet de considérer la sécurité sociale et Medicare [assurance santé datant de 1965] comme «sacro-saints»."

Mais Time a aussi et surtout interviewé en longueur le candidat aux primaires… permettant de révéler (une fois de plus) les limites de son programme. Interrogé par exemple sur sa politique d’immigration, que Time qualifie d’aussi "osée qu’indéchiffrable", Trump répond qu’il veut tout simplement construire un "mur plus haut et bien mieux" que celui de ses opposants. "Il y a dix ans, tout le monde voulait un mur. Mais ils ne pouvaient pas le faire parce qu’ils ne connaissent rien à la construction", argue l’homme d’affaires qui a bâti sa fortune (4,1 milliards de dollars) dans l’immobilier.

Le magazine a fait poser Trump avec un vrai aigle, symbole américain. "The Donald has landed" ("Donald a atterri") est une référence à la phrase prononcée par Neil Armstrong lors du premier alunissage en 1969, "The Eagle has landed" ("L'Aigle a atterri")

Même quand Trump divague et estime qu’il pourrait demander "10 millions de dollars" à CNN pour sa participation au prochain débat des candidats Républicains en septembre, considérant que l’audience sera "massive" grâce à lui, Time est obligé de le concéder : oui, c’est intéressant. Peut-être parce que c’est vrai ?

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