Enquête NYTimes sur Amazon : Bezos ne "reconnaît pas son entreprise"
Brève

Enquête NYTimes sur Amazon : Bezos ne "reconnaît pas son entreprise"

"Des dizaines de millions d'américains connaissent Amazon en tant que consommateurs, mais la vie à l'intérieur de l'entreprise est un grand mystère". Pendant trois mois, deux journalistes du New York Times ont tenté de percer ce mystère. Le résultat ? Une enquête fouillée décrivant une ambiance de travail hostile et qui n'a pas plu au patron d'Amazon et propriétaire du Washington Post, Jeff Bezos.

Capture New York Times, 15/08/2015

En 1997, alors qu'Amazon ne vendait que des livres, Jeff Bezos prévenait ses employés, avant de les recruter : "Ce n'est pas simple de bosser ici". Dix-huit ans plus tard, une enquête du New York Times publiée le 15 août 2015 laisse penser que le patron d'Amazon ne mentait pas.

A la lecture de papier, il semblerait, en effet, que l'on ne plaisante pas dans les locaux de la firme américaine, où les employés, dont les performances sont quotidiennement évaluées, seraient encouragés à critiquer les idées de leurs collègues. Ou celui ou celle qui ne répond pas à un mail envoyé après minuit recevrait ensuite un texto pour savoir pourquoi.

"J'ai vu pleurer presque toutes les personnes avec lesquelles j'ai travaillé"

Ce quotidien serait celui des employés d'Amazon. Seuls 15% d'entre eux sont présents depuis plus de cinq ans et le New York Times a pu en rencontrer une centaine, encore en poste ou non. Il y a ceux qui s'y plaisent, et deviennent même accros à cette méthode de management. Et puis il y a les autres. Molly Jay, par exemple. Membre de l'équipe Kindle (la liseuse d'Amazon) pendant des années, elle faisait partie des employés les mieux notés. Mais elle a commencé à voyager, pour s'occuper de son père souffrant d'un cancer. Elle a arrêté de travailler la nuit, ou pendant les week-ends. Son statut, au sein de l'entreprise, a changé. Son responsable l'a convoqué, pour lui dire qu'il y avait "un problème". Molly Jay a pris un congé sans solde et n'est jamais revenue.

Elle n'est pas la seule à témoigner aujourd'hui, dans le Times. Des salariés actuels racontent, anonymement, comment une employée de retour à son poste après un cancer du sein, a failli perdre son travail à cause de "difficultés" dans sa "vie privée". Il y a aussi cet aveu d'un ancien membre du département marketing d'Amazon, Bo Olson : "J'ai vu pleurer à leur bureau presque toutes les personnes avec lesquelles j'ai travaillé". Cas isolés ou dérives managériales récurrentes au sein de l'entreprise ? Difficile d'en avoir le coeur net à la lecture de l'enquête du Times.

"Cet article ne ressemble pas à l'Amazon que je connais" (bezos)

Comment a réagi Jeff Bezos, patron d'Amazon et propriétaire du Washington Post à cette enquête glaçante ? Dans une note interne, envoyée aux employés d'Amazon et publiée dans la foulée par le site américain Geek Wire, Bezos estime ne pas reconnaître son entreprise : "Cet article ne ressemble pas à l'Amazon que je connais ou les respectueux Amazoniens que je cotoie tous les jours. Je crois fermement que qui que ce soit qui travaillerait dans une entreprise comme celle décrite par le NYT serait fou de rester. Je sais que je quitterais une telle entreprise".

Capture GeekWire, 17/08/2015

Dans son mémo, Bezos encourage ses employés à signaler tout abus : "Si vous avez connaissance de telles histoires, je veux que vous les fassiez remonter aux ressources humaines. Vous pouvez aussi m'envoyer un e-mail. Même si ces événements sont rares ou isolés, notre tolérance pour un tel manque d'empathie doit être nulle".

L'occasion de relire notre enquête : "Jeff Bezos s'offre le Washington Post... pour 250 millions de dollars seulement".

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