Bettencourt : Woerth blanchi, Mediapart marri
Brève

Bettencourt : Woerth blanchi, Mediapart marri

On le pressentait ici : dans l’affaire Bettencourt, Eric Woerth a bénéficié hier d’une relaxe définitive dans les deux volets pour lequel il était poursuivi – trafic d’influence et abus de faiblesse. L’ancien trésorier de campagne et ancien ministre du Budget de Sarkozy est ainsi définitivement blanchi, au grand dam de Mediapart qui a suivi les déboires judiciaires de Woerth. Deux relaxes qui témoignent d’une justice malade selon François Bonnet, directeur éditorial du site.

Et Eric Woerth se retrouve blanc comme neige. Après le non-lieu prononcé en décembre sur l’affaire de l’hippodrome de Compiègne, l’ancien trésorier de campagne et ancien ministre du budget de Sarkozy a été relaxé hier par le tribunal correctionnel de Bordeaux dans l’affaire Bettencourt. Woerth était jugé à la fois pour trafic d’influence et abus de faiblesse. Le premier volet, "dans lequel seuls Patrice de Maistre et Éric Woerth étaient jugés" rappelle Michel Deléan, journaliste de Mediapart qui a suivi l’affaire et résumé hier l’issue du jugement, concernait le soupçon de remise de la Légion d’honneur à de Maistre en échange de l’embauche de Florence Woerth, épouse de, au sein de la société qui gère les actifs de Bettencourt.

Le volet le plus "embarrassant" pour l’ancien ministre, assurait Deléan dans notre article retraçant les différentes poursuites judiciaires de Woerth en passe de faire pschitt. Et le pschitt fut : les juges ont considéré que "s’il est établi qu’Éric Woerth est bien à l’initiative de la demande de Légion d’honneur pour Patrice de Maistre, gestionnaire d’un des plus importants family-office de la première fortune de France, dans des conditions totalement atypiques, celle de trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy, pour autant il n'est pas démontré l’existence d’un pacte de corruption dont la contrepartie serait l’emploi de Florence Woerth au sein de ce même family-office".

Quant au second volet, l’abus de faiblesse, Woerth était soupçonné d'avoir touché des espèces – dont l’origine d’une partie provenait de Suisse – des Bettencourt pour la campagne de Sarkozy de 2007. Pour autant, la relaxe n’est pas vraiment une surprise. Comme nous le racontions dans notre article cité plus haut, l’audition de Woerth en février fut une promenade de santé. Même Mediapart ne se faisait guère d’illusion et estimait à l’époque que Woerth semblait "déjà bien parti pour obtenir une relaxe". Bingo. Si les juges reconnaissent qu’il existe "une forte suspicion de remise d'argent des fonds Bettencourt", ils ajoutent que la démonstration de la remise n’est pas "totalement acquise. Il importe peu que la destination finale des sommes remises ne soit pas en l'état connue. Il n'est pas démontré qu'Eric Woerth avait connaissance de l'origine illicite de cette somme ou de ces sommes." En revanche, les autres prévenus ont tous été condamnés. Parmi eux, de Maistre écope de 30 mois de prison dont 12 avec sursis, 250 000 euros d’amende et la confiscation de biens saisis tandis que le photographe François-Marie Banier est condamné à 3 ans de prison dont 6 mois avec sursis, 350 000 euros d’amende et la confiscation de biens saisis.

Un blanchiment total donc qui reste en travers de la gorge du directeur éditorial de Mediapart François Bonnet. Selon lui, cette double relaxe "nous montre une fois de plus que la justice est bien à l'image de notre démocratie. Profondément malade". Et de citer pêle-mêle des affaires sans rapport évident -Kerviel, EADS, Zyed Benna et Bouna Traoré ou encore l’affaire Coupat, épluchée ici-même – comme autant de preuves que "la justice française, cette machine à blanchir", participe à "l’affaissement des valeurs, de l'éthique, de la vertu publique. […] L'affaire Bettencourt vient synthétiser tous ces dysfonctionnements, petitesses, dépendances et conservatismes, dont se dégage pourtant une tendance : briser les faibles, sauver les puissants".

L'occasion de (re)lire notre série sur ces affaires médiatiques qui se dégonflent au tribunal dont celles de Woerth, ou encore DSK et l'affaire de Carlton de Lille mais aussi le grand flou du conflit d'intérêts de l'ancien conseiller de Hollande, Aquilino Morelle.

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