Vanuatu / réchauffement : Libé plus prudent que Le Monde
Brève

Vanuatu / réchauffement : Libé plus prudent que Le Monde

Le cyclone Pam qui a frappé l'archipel du Vanuatu dans la nuit du 13 au 14 mars est-il une conséquence du dérèglement climatique ? La presse française est divisée entre les médias qui répondent par l'affirmative... et ceux, plus prudents, qui s'en tiennent à un "c'est difficile à dire".

Le Monde a choisi d'en faire sa manchette : "La catastrophe de Vanuatu, nouvelle alerte au dérèglement climatique". Le cyclone qui a frappé l'archipel serait lié au changement de climat sur la Terre : "Avec le changement climatique, le nombre de cyclones aussi destructeurs devrait continuer à augmenter", détaille la Une. La version web du quotidien du soir abonde : "Vanuatu, symbole de l'urgence climatique", et "Les Vanuatu, pays le plus exposé au changement climatique".


Une du Monde daté du 16 mars 2015

Le quotidien s'appuie, pour établir ce lien entre dérèglement climatique et fréquence des cyclones destructeurs, sur un rapport des Nations unies sur la réduction du risque de catastrophe qui explique qu' "à travers l'évolution des températures, des précipitations et du niveau des océans, entre autres facteurs, le changement climatique mondial modifie le niveau des aléas et exacerbe les risques de catastrophe dans certaines régions".

Mais à la lecture de Libération, le lien est moins évident. Le quotidien publie ce lundi une interview du vice-président du Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), Jean Jouzel. À la question du journaliste de Libé, qui lui demande si "la fréquence des catastrophes est liée au réchauffement climatique", Jouzel commence par répondre : "On reste toujours très prudents sur ces grands cyclones. D’abord, c’est une région où il y a des cyclones de force5, comme Pam, à peu près tous les cinq ans. C’est toujours difficile d’affirmer que leur rythme augmente si le climat devient plus chaud."


Libération du 16 mars 2015

Ce n'est qu'ensuite que le scientifique complète : "Mais il y a une relation entre la température de la mer et la génération de tels cyclones. Bien entendu, il faut introduire d’autres paramètres concernant les vents en altitude mais, globalement, selon les projections du Giec, il y a une menace non pas d’avoir plus de cyclones, mais des cyclones encore plus violents. Et ceci avec des dégâts associés qui risquent d’être encore plus lourds."

Pas plus de cyclones, mais des cyclones plus violents : l'analyse de Jouzel semble même opposée à l'affirmation de Une du Monde sur "le nombre de cyclones" qui "devrait continuer à augmenter". En réalité, la formulation est légèrement alambiquée mais dit la même chose : Le Monde parle du nombre de cyclones... "aussi destructeurs".

Les précautions de l'expert du Giec interrogé par Libé apportent donc des nuances que ne reflètent pas forcément les titres du Monde. Si une partie de la presse française a été prompte à faire le lien avec le dérèglement climatique, c'est peut-être autant pour des raisons politiques que scientifiques : le cyclone a frappé le Vanuatu la veille d'une conférence des Nations unies sur la prévention des risques de catastrophes, à laquelle était présent le président de l'Etat dévasté– érigeant ainsi le drame en "symbole" concret d'une réalité, le dérèglement climatique, parfois difficile à illustrer.

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