Ça y est, c'est terminé et @si vous en parlait par là, le Financial Times Deutschland vient de publier son ultime numéro. Avec un titre…

… en forme de calligramme dramatique, et les mots Endlich schwarz (Enfin Noir) au centre. L'expression fait allusion aux comptes en rouge, déficitaires, comme le fut le Financial Times Deutschland depuis sa création. D'autres magazines ont utilisé des lettres qui tombent dans leurs unes. The Economist, par exemple, qui publia le 5 novembre 2011 cette image avec les lettres € qui tombent du mot Greece et vont fracasser le Parthénon :

Ce même magazine réitéra le 28 juillet 2012 avec cette une où la lettre S du mot Spain (Espagne) tombe sur la tête d'un taureau. Ainsi ne reste dans le ciel que le mot pain (douleur) :

"Le calligramme, écrit Massin dans La Lettre et l'Image, c'est l'écriture, le dessin de la pensée ; c'est le plus court chemin emprunté par l'expression pour lui donner une forme concrète et imposer au regard une vision globale de l'écrit ."

Le mot a été inventé par Guillaume Apollinaire, qui en fit le titre de son fameux recueil publié en 1918. Le plus célèbre d'entre eux est peut-être Il pleut :

Mais la chose existait bien avant lui, on parlait alors de vers figurés. Les tout premiers furent probablement inventés par Simmias de Rhodes au IVesiècle avéjicé, sous le règne de Ptolémée Ier. Cet auteur de poèmes "assez médiocres", selon Massin, en produisit trois en forme de hache, d'oeuf et d'ailes. Voici La Hache :

L'occasion de lire ma chronique intitulée Jean-Paul Goude et Kenzo, l'esprit et la lettre, où il est question de lettres ornées, d'alphabets anthropomorphes et autres fantaisies scripturales. Et puis aussi un Vite dit intitulé Les calligrammes de la détresse, et un autre encore titré Nuit africaine : la danse des lettres.

Et maintenant vous prenez une feuille de papier noire, un crayon blanc, et vous faites un calligramme sur la neige parce que c'est de saison. Vous avez une heure.