"Si j'avais un fils, il ressemblerait à Trayvon" cette phrase de Barack Obama est à la Une de la presse américaine hier samedi. Le président évoque le cas de Trayvon Martin (17 ans), tué le 26 février dernier, par un vigile blanc qui patrouillait dans son quartier, dans des circonstances peu claires, sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui.

Même les trois principaux candidats républicains à l'élection présidentielle ont joint leur voix à celle d'Obama parlant de "tragédie" et "d'affaire horrible". Le quatrième, par contre, New Gringrich, accuse Obama de vouloir diviser le pays, tandis que des manifestations ont lieu dans tout le pays ce week end, de Dallas à Chicago en passant par Washington ou Atlanta, pour dénoncer ce crime, en portant, comme lui, un sweat à capuche.

"L'affaire" en question n'a cessé de prendre de l'ampleur au cours des semaines : les blogs, Twitter et Facebook (114 000 fans) se sont vite enflammés, et la déclaration présidentielle confirme , enfin, son caractère national.

Depuis sa voiture, George Zimmerman (28 ans) le patrouilleur volontaire avait appelé le 911, la police, pour signaler un suspect : le jeune Trayvon qui sortait d'un petit supermarché de quartier où il avait acheté des friandises.

Le 16 mars le New York Times soulignait que l'opérateur du 911 lui avait dit de ne pas s'en occuper, qu'une patrouille arrivait. Mais Zimmerman a continué, il est sorti de sa voiture avec un pistolet 9 mm, face à Trayvon avec son paquet de petits bonbons colorés (des Skittles) et sa canette de thé glacé.

Quand la police arrive sur place, 20 mn après l'appel au 911, Trayvon est déja mort une balle dans la poitrine. Zimmerman explique aux policiers que Trayvon l'a attaqué. Trayvon a été enterré le 3 mars. Zimmerman a été relâché, et il ne faisait jusqu'à présent l'objet d'aucune inculpation ou mise en cause.

Les critiques s'étonnent que Zimmerman ait poursuivi le jeune homme, avant de se présenter en victime, alors qu'il était armé et que sa victime ne l'était pas. D'autant plus que le quotidien régional le Miami Herald a cité, le 21 mars, les propos de trois témoins qui ont entendu l'adolescent appeler au secours et supplier juste avant le coup de feu. L'histoire est progressivement devenue un scandale national sur fond de tension raciale : Zimmerman est hispanique.

La police de l'Etat de Floride, le ministère de la Justice, et le FBI ont ouvert une enquête, et un Grand Jury décidera, le 10 avril, s'il y a lieu de poursuivre ou non Zimmerman. En tout cas, même un des responsables nationaux du très conservateur mouvement Neighborhood Watch (qui fédère les associations qui patrouillent dans leur quartier) considère (selon le quotidien Orlando Sentinel publié en Floride, qui le cite à la Une) que Zimmerman n'a pas respecté les règles de base en s'approchant d'un étranger dont le comportement lui paraissait suspect, et en portant un pistolet (même s'il avait un port d'arme), au lieu de se contenter de prévenir la police, et d'obéir aux consignes que celle-ci lui a donné.

On trouve la déclaration d'Obama à la Une de nombreux quotidiens datés de samedi