Brève

Journalistes économiques "nuls" ? (tribune LExpress.fr)

La rédaction

13 février 2012 Maj: 13 février 2012

Les journalistes économiques français seraient-ils des incompétents ?

C'est ce qu'un lecteur de L'Express laisse entendre dans un texte publié sur le site de l'hebdomadaire. Sous le pseudonyme de "CityzenBanker", il reproche à la presse française spécialisée d'ignorer certains événements d'une importance cruciale lors qu'il s'agit des questions économiques, préférant "nous donner quelques cours de Bourse, quelques chiffres de croissance et d'emploi et d'interviewer de grands patrons". Ce qui, en temps de crise économique, ne serait plus suffisant : "Nous allons avoir besoin de vous pour nous aider à grandir, à comprendre les raisons de la crise, ses enjeux, les solutions envisagées. Or, à ce stade, avec tout le respect que je vous porte et la difficulté de votre métier, vous n'êtes pas à la hauteur du challenge que les temps vous imposent. "

L'internaute s'appuie sur plusieurs exemples, dont deux nous ont semblé être pertinents et aisément vérifiables : le fait que l'agence de notation Fitch Ratings ne soit plus possédée par une société française, tout d'abord. C'est la société américaine Hearst Corporations qui détient désormais la moitié des parts, après que Fimalac (la holding dirigée par le milliardaire français Marc Ladreit de Lacharrière) lui a cédé 10% du capital, ce qui la porte effectivement à égalité avec la société française. Rapportée par le Wall Street Journal dans un article du 9 février, l'information n'a pas été reprise, assure l'internaute.

Autre couverture médiatique insuffisante selon lui : celle de l'ouverture du marché anglais à la devise chinoise, le yuan. Le ministre des finances George Osborn a effectivement annoncé le mois dernier qu'il travaillerait avec les autorités monétaires de Hong Kong pour que le yuan s'échange davantage hors des frontières chinoises. L'ambition à terme étant que Londres devienne un "centre offshore pour la devise chinoise", expliquaient Les Echos le 16 janvier. Ces mesures n'ont pratiquement pas été relayées par les médias français, auxquels l'auteur de la tribune reproche principalement d'être trop focalisés sur les problèmes franco-français : "N'ayant comme référence que la France, parfois l'Europe, je vous demande désormais de nous aider à aller regarder ce que font les autres pays. Dans le cas de la finance, le monde anglo-saxon est un étalon. Comme vous savez, depuis trois ans, d'autres pays réfléchissent à la réforme de leur système financier, pendant que la France ne s'en occupe pas." En cause selon lui, le monopole de certains intervenants sur les questions économiques : "Lorsqu'un économiste est interviewé, qui entend-on? Jacques Attali? Elie Cohen? Marc Touati? Jacques Généreux? Emmanuel Todd? Le monde des intervenants économiques est très fermé, non? Et de conclure : "Enfin, s'il vous plait amis journalistes économiques, épargnez nous votre avis. J'attends de vous que vous m'ouvriez l'esprit. Votre opinion n'a pas plus de valeur que celle de chacun d'entre nous. Rappelez-vous les bases de votre métier : poser les questions, aux bons intervenants, en restant curieux, et ce au-delà de nos frontières. N'ayez pas d'autre ambition, car c'est déjà beaucoup."

Est-il aussi nul que les autres ? Nous avons récemment reçu le journaliste économique François Lenglet...

(Jamel Benhassine)