Vite, un Sénat européen ! (Piketty, Libé)
Dans sa chronique éco de Libé, Thomas Piketty, connu pour sa proposition de réforme fiscale révolutionnaire (à découvrir sur @si), rectifie des idées reçues : non l’Europe n’est pas en perdition, non elle n’a pas besoin d’emprunter à la Chine ou au Brésil, et oui il existe des solutions.
L’économiste rappelle que "les ménages de l’Union européenne possèdent un patrimoine total de plus de 50 000 milliards d’euros soit 20 fois plus que les réserves chinoises et 5 fois plus que la totalité des dettes souveraines européennes." Conclusion : "nous avons parfaitement les moyens de résoudre tous seuls nos problèmes de finances publiques – pour peu que l’Europe cesse de se comporter comme un nain politique et une passoire fiscale."
Piketty esquisse la solution : "mettre au point un nouveau traité permettant aux pays qui le souhaitent (à commencer par la France et l’Allemagne) de mettre en commun leurs dettes publiques et, en contrepartie, de soumettre leurs décisions budgétaires à une autorité politique fédérale forte et légitime." Une sorte de "Sénat européen", "nouvelle chambre regroupant des députés issus des commissions des finances et des affaires sociales des Parlements nationaux qui aurait la haute main sur l’Agence européenne de la dette."
Quant au rôle de l’Allemagne, Piketty s’emporte : "il faut cesser de s’imaginer que ce sont les Allemands qui bloquent tout. Et de rappeler que c’est "le collège d’économistes conseillant la Chancellerie qui a proposé le 9 novembre que toute la dette supérieure à 60% du PIB soit mutualisée au niveau européen, y compris bien sûr la dette allemande. Et c’est la CDU qui a adopté le 14 novembre le principe d’une élection au suffrage universel du président de la Commission européenne." Sur ce dernier point, l’économiste estime que c’est un pied de nez évident au président français, hostile à cette proposition. Pour Piketty, le vrai frein se nomme Sarkozy, "recroquevillé sur une logique intergouvernementale pure et qui refuse de céder toute once de son pouvoir."
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