Tunisie : les journalistes découvrent la liberté
Brève

Tunisie : les journalistes découvrent la liberté

Après une révolution couverte par une chaîne satellitaire étrangère, Al Jazeera, (basée au Qatar) alors que les médias tunisiens se taisaient, les journalistes découvrent la liberté d'expression en Tunisie, et, comme le dit le titre quotidien espagnol La Vanguardia ils font face au "vertige de la responsabilité".

"Quelques minutes après le début de la réunion réunion de l'Association des journalistes Néji Bghouri, un vétéran de la presse rompu à la résistance contre le régime, se lève pour parler et réussit à couvrir le bruit de fond : "Nous ne pouvons qu'être libres ; si nous ne le sommes pas maintenant, si nous ne surmontons pas la peur et n’assumons pas la responsabilité d’informer, la révolution mourra." Hier pour la première fois dans ses quarante ans de carrière, il a ressenti la culpabilité de ne pas avoir répondu aux attentes de la société qui ne serait pas devenue aussi malade s'il y avait eu une presse libre. Une cinquantaine de confrères l’écoutent avec respect" raconte Xavier Mas de Xaxas, l'envoyé spécial de la Vanguardia, dans un article signalé par Courrier International

"Bghouri (...) rappelle les principes du journalisme et évoque Fahem Boukadous : «Il est en prison depuis deux ans pour avoir défendu ce que la plupart d’entre nous n’avons pas eu le courage de défendre, et moi le premier. Assez de censure"» (...) Boukadous (qui vient d'être libéré aujourd'hui, 19 janvier, NDR) travaillait pour la télévision quand il a couvert la révolte de la mine de Gafsa en 2008. Ce soulèvement a été écrasé dans le sang et le feu en toute impunité. Gafsa est dans le sud, loin de tout.  Boukadous a été condamné à quatre ans de prison pour «association de malfaiteurs» et diffusion d'informations menaçant l'ordre public. 

"La presse n’a jamais été libre en Tunisie. Les médias appartiennent au système. Et même les deux journaux d’opposition ne publiaient rien sans la relecture préalable de la censure. (...) La presse tunisienne n'a pas couvert la révolte. Al Jazeera a été le réseau de télévision le plus regardé, et Facebook a été l'alternative à la presse."

La Vanguardia dimanche 16 janvier

Le rôle d'Al Jazeera est aussi confirmé par un article du Monde.fr aujourd'hui: " Al Jazeera n'a pas raté son rendez-vous avec l'Histoire. La télévision qatarie, qui pourfend depuis sa création les abus des autocrates du Maghreb et du Machrek, a été à la pointe de la couverture médiatique de la première révolution populaire du monde arabe. (...) «Même les plus libéraux d'entre nous, qui n'apprécient pas le penchant religieux d'Al Jazeera, se sont mis à la regarder» confie la bloggeuse Houeida Anouar, figure de proue du cyber-activisme tunisien."

"Les relations entre Ben Ali et Al Jazeera ont toujours été houleuses. La chaîne n'a jamais pu ouvrir de bureau officiel dans le pays. En 2006, rendu furieux par la diffusion d'une interview de Moncef Marzouki, un dissident historique, Tunis rappelle même son ambassadeur à Doha."

"Les vidéos amateurs, tournées au téléphone portable, affluent sur la Toile. Signalées par Twitter, postées sur des sites d'information alternative tunisiens comme Nawaat ou Takriz, reprises en boucle sur les réseaux sociaux comme Facebook ou YouTube, ces images au cœur de l'action atterrissent dans la salle de rédaction d'Al Jazeera, qui décide de les diffuser."



Marc Lynch qui publie un blog dédié au Moyen Orient souligne aussi l'impact d'Al Jazeera dans la diffusion des contenus générés par les internautes: "Les nouveaux médias tels que Twitter, Facebook, YouTube, les forums et les blogs en collaboration avec les chaînes de télévision par satellite comme Al Jazeera ont collectivement transformé l'environnement de l'Information dans les pays arabes et brisé la capacité des régimes autoritaires à contrôler les flux d'informations, d'images, d'idées et d'opinions."

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