The Artist : recettes (américaines) d'un succès (Télérama)
Brève

The Artist : recettes (américaines) d'un succès (Télérama)

Triomphe, mode d'emploi. Après le couronnement de The Artist à la cérémonie des Oscars, qui s'est tenue hier soir à Los Angeles, et où il a obtenu cinq récompenses, Télérama donne les recettes de la "success story".

Comment faire d'un film français, muet et en noir et blanc, un succès critique et médiatique mondialement reconnu ? Télérama revient sur cette ascension, alors que le film vient de triompher aux Oscars.

A l'origine du projet, rappele l'article, une idée de Michel Hazanavicus, "cinéaste parisien porté sur le pastiche et le détournement de formes populaires (de Derrick contre Superman, pour la télé, à 0SS 117)", qui "se met un jour en tête de réaliser un film muet. L'industrie du cinéma français n'est pas très portée sur ce genre de lubie qui, d'après le cinéaste, fait plutôt ricaner les producteurs."

Le film a failli ne pas voir le jour, "jusqu'à la rencontre avec Thomas Langmann, le fils de Claude Berri, producteur un peu marlou («un peu dingue», dit Hazanavicius), qui n'aime rien tant que jouer sa réputation à la roulette".

Qu'est-ce qui fera passer le film du statut d'oeuvre presque avortée à celui qu'on lui connaît aujourd'hui ? Le premier jalon sera celui du festival de Cannes 2011. Au départ annoncé hors compétition, The Artist "change de catégorie et se retrouve en compétition avec les films de Lars von Trier, Pedro Almodóvar et Nanni Moretti". L'engouement se propage immédiatement à l'étranger : "La projection est stratégiquement placée pendant le premier week-end et le film fait un triomphe. La critique internationale est emballée par l'«ori­ginalité de l'idée et le style de la mise en scène». (...) Dans les allées du marché, où l'ambiance est hystérique, la vente du film se fait presque à la criée. En quelques heures, The Artist est devenu un objet prestigieux : un film d'auteur qui a le pouvoir de faire se lever les salles." Le Prix d'Interprétation qui sera décerné à Jean Duajrdin confirme le succès naissant.


L'efficacité dévastatrice de Weinstein

Mais pour triompher en Amérique, le film avait besoin d'un allié américain. Il sera puissant : "Harvey Weinstein, ex-boss de Miramax, est connu pour l'efficacité dévastatrice de ses campagnes de lobbying. Il œuvre déjà en coulisses à l'heure du succès cannois. Il a vu The Artist très tôt et décidé de l'acheter avant le F­estival." Ce producteur vedette sait que la route menant aux Oscars est longue : "La machine Weinstein ne s'arrête jamais. De Telluride à Santa Barbara, le film voyage dans tous les festivals américains. Hazanavicius a été prévenu qu'il lui faudrait être partout et obéir à une discipline quasi militaire. Pendant neuf mois, il aura presque la double nationalité."

Si certaines critiques anglo-saxonnes sont plus que flatteuses ("«The Artist réussit l'impossible», écrit le Los Angeles Times.), tous les journalistes n'ont pas adhéré : "Le New-Yorkais Almond White se fâche tout rouge quand il lit, dans le New York Times, que The Artist est une initiation idéale pour les spectateurs vierges de toute cinéphilie. «Ce n'est pas un film qui flatte l'innocence, mais l'ignorance»", rappelle Télérama. Qu'importe. Le film a été sacré aux Oscars grâce au lobbying intensif de Weinstein. Son arme secrète ? Faire passer le message que le film est "un message d'amour à Hollywood". "Le film a été tourné à Los Angeles avec des techniciens locaux, il a respiré le même air que Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks et Mary Pickford. En ces temps de débâcle économique, The Artist est une ode à une virtuosité typiquement américaine."

Autre acteur de ce triomphe : le producteur français Thomas Langmann, hommes d'affaires sans scrupules mais auréolé de gloire, comme le brosse le matinaute dans son 9h15 du jour.

(Jamel Benhassine)

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