Suicide / viol : féministes et internautes contre gouvernement marocain
Brève

Suicide / viol : féministes et internautes contre gouvernement marocain

Le suicide d'une adolescente marocaine de 16 ans, qui avait dû épouser son violeur, entraine au Maroc une épreuve de force entre le gouvernement d'une part, et les associations féministes et des internautes d'autre part. L'agresseur d'Amina Filali a bénéficié d'une loi qui conduit à une exemption de peine pour un violeur, s'il épouse sa victime mineure. Les organisations féministes appellent à manifester, et demandent que la loi soit réformée. Le gouvernement est embarassé.

Les faits se sont déroulés au Nord du Maroc, à Larache, où Amina a été violée à l'âge de 15 ans en 2011. Ses parents ont porté plainte avant de finalement passer un accord avec la famille du violeur, qui a abouti à leur mariage, autorisé par un juge le 30 novembre 2011. Bénéficiant de l’article 475 du code pénal marocain, le violeur échappe ainsi à toute poursuite, puisqu'il a épousé sa victime. Amina s'est suicidée samedi 10 mars en absorbant de la mort aux rats. Sur Internet les réactions sont immédiates, une page Facebook proclame "Nous sommes tous Amina Filali"

Dans un premier temps, le gouvernement a semblé prendre position en faveur de la jeune fille. La ministre de la solidarité, de la femme et de famille Bassima Hakkaoui –unique femme membre du gouvernement d’Abdelilah Benkirane –a reconnu un « vrai problème » et préconisé un « débat pour réformer cette loi », sur la chaîne de télévision publique 2M.

Le porte-parole du gouvernement et ministre de la communication Mustapha El Khelfi, cité par l'AFP et repris sur le site Achnoo, semblait aller dans le même sens. « Cette fille a été violée deux fois, la dernière quand elle a été mariée (...)« Il faut étudier d’une manière approfondie cette situation avec la possibilité d’aggraver les peines dans le cadre d’une réforme de l’article (475 du code pénal, NDLR). Nous ne pouvons pas ignorer ce drame ».

Hamida, sœur d’Amina et Fouzia Assouli, présidente de la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes, prennent la tête d’une manifestation féministe, le 15 mars à Larache, en brandissant des portraits de la défunte. La chaîne de télévision publique 2M évoque longuement le sujet.



Le 17 mars, un rassemblement est organisé devant le Parlement marocain.

Le quotidien Le Matin écrit: "plus de 1000 femmes se sont rassemblées devant le Parlement pour condamner la cause qui était à l’origine du suicide de la jeune fille. L’histoire, pour rappel, remonte au début de l’année 2011, lorsque les parents d’Amina, avec le consentement du juge, l’avaient forcée à épouser l’homme qui l’a violée."

Mais l'Economiste parle d'une faible mobilisation et évoque le chiffre de 300 personnes.

Le 19 mars, Aujourd'hui Le Maroc écrit: "Le suicide de la jeune Amina Filali a suscité un débat national d’une ampleur sans précédent sur le viol et le mariage des mineurs. "

Mais après enquête, le gouvernement semble changer de position. Un communiqué de Mustapha Ramid, le ministre de la Justice et des libertés, cité par l'agence MAP, affirme que «la jeune adolescente Amina entretenait une relation sexuelle avec l’homme qui l’a épousée durant laquelle elle a perdu sa virginité avec son consentement.» MAP écrit que "les procédures légales applicables dans le cadre de l’affaire de la fille mineure, qui s’est suicidée à Larache pour avoir été obligée d’épouser l’homme qui l’a violée, ont été respectées, a affirmé, vendredi, le ministère de la Justice et des Libertés."

Et le 21 mars, la ministre marocaine de la Femme, de la Famille, Bassima Hakkaoui, interrogée par Yabiladi, fait une déclaration plus prudente que son intervention précédente en choquant les féministes. "« L’article 475 du code pénal ne risque pas d'être abrogé, du jour au lendemain, sous la pression de l’opinion publique internationale. Parfois le mariage de la violée à son violeur ne lui porte pas un réel préjudice (...) Aujourd’hui, l’article incriminé nécessite un dialogue sérieux entre le tissu associatif, parlement et ministères concernés. Il se peut que l’article soit amendé entièrement ou partiellement »."





Du coup, des internautes ouvrent une page Facebook demandant la démission de la ministre.

Puis samedi 24 mars, le journal arabophone Al Massae organise un débat dans un hôtel en présence de la ministre, et du violeur , ce qui provoque à nouveau l'indignation de certains internautes.

En attendant la mobilisation continue sur Internet. Sur le site Avaaz, une pétition demandant que la loi soit mofidiée avait recueilli plus 630 000 signatures dimanche matin.

Mise à jour lundi 26 mars : le violeur était invité, mais il n'était pas présent signale un @sinaute


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