Sarkozy, la fuite d'eau, et les boat people
Brève

Sarkozy, la fuite d'eau, et les boat people

Imaginons que vous ayez une fuite d'eau chez vous. Une canalisation a sauté, la cuisine est inondée.

C'est Sarkozy qui parle, en meeting. Entre chaque phrase, il marque un silence. France Inter diffuse la bande son. Vous appelez un plombier. Silence. Il propose de répartir l'eau. Premiers rires du public, qui commence à comprendre où l'orateur veut en venir. La moitié dans la cuisine. Rires plus affirmés. Un quart dans le salon. Rires francs. Un quart dans la chambre des parents. Rires soutenus. Et la chambre des enfants en réserve s'il y a vraiment trop d'eau. Rires qui saluent la chute de la blague.

Car cette chambre des enfants, des innocents enfants qui dorment d'un paisible sommeil d'enfancelets, sans savoir que toute la misère du monde va déferler sur eux en cataracte, cataracte que l'irresponsabilité des parents n'a pas sû arrêter, c'est la chute de la blague de Sarkozy. Toute bonne blague doit avoir une chute digne de ce nom. La cuisine, le salon, les parents, les enfants. Pour dénoncer toute politique de quotas de migrants, toute la famille y est passée. Construction parfaite. Le nombre de fois, dans sa vie politique, où Sarkozy aura parlé de sa famille. Ses femmes, ses enfants. Ne jamais parler de son parti, dire "ma famille politique". Combien est payé un conseiller en communication pour trouver ce genre de formules, ce genre de blagues ?

Après la bonne blague, Patrick Cohen a l'excellente idée de rediffuser des sons des années 70, sur les boat people, ces réfugiés qui fuyaient les dictatures communistes du Viet Nam et du Cambodge. Qui s'en souvient ? Ce n'étaient alors que trémolos, appels à la solidarité humaine. Ah, entendre Chirac -alors prédécesseur de Sarkozy à la tête de la "famille gaulliste"- appeler en 1979 à les accueillir par milliers, les boat people, à leur ouvrir villes, villages et coeurs. Les Chirac eux-même, on s'en souvient, adoptèrent une jeune Vietnamienne qu'ils avaient croisée dans un aéroport (même si l'histoire s'est mal terminée). Ah, se souvenir de Sartre et Aron, ensemble, sur le perron de l'Elysée. Imagine-t-on aujourd'hui Badiou et Finkielkraut ?

Il faudrait bien entendu rappeler que ça n'a rien à voir. Les "boat people" fuyaient le Vietnam communiste. Toute parole, toute action publique de solidarité envers eux avait un sens politique très précis : la dénonciation du communisme. Tandis que les migrants d'aujourd'hui ! Evidemment, certains d'entre eux au moins, les Erythréens, fuient une indiscutable dictature néo-maoïste, comme nous l'expliquions dans notre dernière émission. Les Soudanais fuient la guerre. Comme les Syriens. Mais allez savoir s'il n'y a pas, parmi eux, de la graine de djihadistes. Bref, rions ensemble, d'un bon rire de Français par droit du sang, qui savent rire des mêmes choses.

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