Difficiles, les temps, pour la presse écrite ? Qu'à cela ne tienne ! «Rue89 a atteint une certaine notoriété. C'est devenu un média mature, prêt à conquérir d'autres lectorats» estime Pierre Haski, patron du site.

En présentant le mensuel, Pascal Riché, co-fondateur, en profite pour titiller certains hebdos aux marronniers bien connus, «Nous n'y parlons pas du mal de dos, ni des recettes pour "guérir par les plantes", ni du pouvoir des francs-maçons». Le mensuel Rue89 comportera 70% d’articles issus du site, accompagnés pour partie des commentaires les plus pertinents, et adaptés à une version papier. «Un gros travail de mise en scène a été fait pour offrir une autre expérience de lecture que celle sur le Web».

Exemples. "Un trader peut-il vraiment confondre millions et milliards?" (titre du site) devient "Tirez sur le trader". Quant aux liens hypertexte, ils «seront par exemple tournés dans une périphrase. Ces liens apportent de l'information, il n'était pas question de les supprimer». La plupart du temps, ils sont ramenés à une simple parenthèse explicative.

En passant en version papier, le titre prend plus de place que l'article...

Ce premier numéro a-t-il attiré les annonceurs ? Il comporte 11 pages de pub, dont deux d’auto-promotion.

Quant aux commentaires des "riverains" du site, ils sont réduits à la portion congrue : cinq ensembles de commentaires dans tout le mensuel. Vengeance des "riverains" ? Sur le site, ceux qui s'expriment sont peu enthousiastes à propos du mensuel : couverture décevante, petit format, papier de qualité moyenne, prix élevé quand on sait que la majorité des articles viennent du site et semblent donc "réchauffés". Comme le résume "Alt-Z", «En fait, ce qui me gêne, c'est tout simplement que transposer Rue89 sur papier, ça ne fonctionne pas. Le consensus mou et les angles "décalé-cool", saupoudrés d'écologie et de social et le tout assaisonné de tribunes franc-du-collier, c'est une ligne éditoriale intéressante sur le Net, quand on recherche du débat et de la diversité. Mais sur papier, ça tombe à l'eau, et on se coltine ce qui nous pend au nez depuis le début : du sous-Libé, en moins engagé, moins intello et moins dérangeant (tout ça en même temps, oui c'est possible)». Mais qui aime bien...

Pierre Haski était venu sur le plateau de Ligne j@une expliquer pourquoi Rue89 se lançait dans l'aventure. C'est ici.

(Par Sandrine Magne)