Roselmack et ses gentils traders
Brève

Roselmack et ses gentils traders

Harry Roselmack, immergé de TF1, partait hier soir à la chasse au trader.

Mais le trader est rétif à la caméra, même celle de TF1. Enfin, précisons: le trader rétif est le méchant trader. A l'inverse, le gentil trader reçoit Harry sans difficultés. Harry a donc suivi Kamal, gentil trader français qui trade à Londres. Rien ne différencie Kamal d'un trader ordinaire, sauf une chose: Kamal est doté d'une conscience, qui lui vient de ses origines ouvrières. Quand Kamal joue devant la caméra de TF1, son gain a le bon goût de rester modeste: 25 euros. Emouvantes retrouvailles familiales à la Fonderie ardennaise, l'usine où papa, en toute une vie, n'a pas gagné autant que le premier bonus de son fils. Question de Harry au fils: "Et si vous saviez que l'une de vos décisions devait avoir des effets sur l'emploi, que feriez-vous ?" Ah non, si ce devait être le cas, Kamal refuserait de cliquer sur sa souris. Mais c'est sa position personnelle.

Après le trader humain, Harry a réussi à capturer un autre specimen: un trader raisonnable. Celui-ci trade depuis trente ans. Et s'il a réussi à survivre sans boire le bouillon, c'est donc, explique-t-il, parce qu'il a été "raisonnable". Son premier million de francs, il s'est bien gardé de le remettre en jeu, mais l'a plutôt investi dans un appartement (il venait d'être père de famille). Le bon trader n'est pas seulement humain, il sait raison garder.

Mais où est donc le méchant trader ? On ne le verra pas. Le mauvais trader a refusé de recevoir Harry Roselmack: pas un seul rendez-vous dans une banque française. On voit ainsi Harry se faire jeter comme un stagiaire du hall d'accueil de Dexia, où il a tenté en vain, à l'arrache, de se faire recevoir par le dircom. A l'usure, il décroche tout de même à la fin de l'immersion un rendez-vous avec le président de la Société Générale, Frédéric Oudéa, rendez-vous que celui-ci accorde exclusivement au titre de président de l'Association des Banques. Oudéa a prévenu: pas question de parler de sa banque à lui. Supense insoutenable. Harry va-t-il respecter le deal ? Oui. On est sur TF1. A son gentil intelrocuteur super-riche, Harry ne pose pas une question malpolie, par exemple, sur son augmentation de salaire de 152% en 2010. On se demande bien pourquoi les méchants traders et les méchants banquiers ont refusé de rencontrer Harry Roselmack, tant la caméra de TF1 est, par nature, un appareil sophistiqué à rendre acceptable quiconque passe à sa portée.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.