L’Obs et Rue89 ont constaté qu’il était étonnamment facile de voter plusieurs fois au référendum en ligne, organisé par le PS sur l’unité aux élections régionales. "Pour voter, il suffit de rentrer un nom, un prénom, un code postal et une adresse e-mail. C’est tout. Après avoir voté "oui" ou "non", un mail de confirmation vous est envoyé. Il vous faut alors confirmer votre vote, qui est enregistré", explique L’Obs, qui s’est ainsi amusé à voter près de 10 fois avec 10 adresses mail différentes sans aucun problème. Le site du PS ne bloque en effet pas des votes successifs envoyés avec la même adresse IP (suite de chiffres qui permet d'identifier une connexion) et ne demande aucune preuve d'identité. L'occasion de voter avec le nom de Pierre Gattaz ou de Nicolas Sarkozy.

Capture d'écran de la page qui permet de voter

Rue89 a même voté plusieurs fois avec la même adresse Gmail, en ajoutant simplement des signes à l’adresse (il est possible d'ajouter des "+" ou des points à une adresse Gmail et les mails arriveront toujours à bon port). "Rachid Temal, qui s’est occupé de la logistique du référendum, nous a rappelé quelques instants après la publication de cet article, raconte le site. Assez agacé, il estime que nous avons « triché sur un scrutin» en ne respectant pas la charte (un texte que vous devez cocher avant de voter) dans laquelle il est écrit que l’internaute s’engage à ne voter qu’une seule fois." Une charte en guise de stratégie anti-triche, donc. Temal précise également qu’une bonne partie du scrutin se déroule dans des bureaux de vote, et non intégralement en ligne, et que la base de données sera "nettoyée" des doublons à la fin du vote, sans préciser selon quelle méthode (à Métronews, le PS indique vaguement que les adresses IP seront vérifiées).

En plus de L’Obs et Rue89, les journalistes de Metronews, du Figaro ou de 20 Minutes ont également voté de multiples fois, établissant un taux record de participation de la profession, ironise Slate.fr. Ceux de France TV Info ont également constaté qu’il était possible de voter à plusieurs reprises dans les points de vote physiques, tenus par des militants dans toute la France (puisque là aussi, aucune preuve d'identité n'est nécessaire). Face au début de polémique, Jean-Christophe Cambadélis, à l’origine de ce référendum, a simplement minimisé l'importance de la triche, voire du scrutin, soulignant qu’il s’agit plutôt d’une "immense pétition".

Point de vote du PS à Montparnasse (Paris)

Jusque-là, les polémiques sur le vote électronique concernaient plutôt l’UMP. Même quand le parti avait fait voter uniquement ses adhérents, pour désigner son président, une cascade de bugs (doublons, site inaccessible etc.) avaient entaché le résultat, comme @si le notait ici. Pour les primaires de droite des municipales parisiennes, ouvertes, c'était encore pire. S’il n’était possible de voter qu’une seule fois en son nom (vérification faite avec les listes électorales parisiennes), il était possible de voter pour quelqu’un d’autre sans son autorisation si l’on disposait de son adresse, puisqu’aucune preuve d’identité n'était exigée.

L’occasion de voir notre émission 14h42 sur le vote électronique, cette boîte noire "aussi transparente que possible"