"Un numéro de danse choque le quartier rouge d'Amsterdam", racontait le 5 septembre dernier le site belge 7sur7. Il en faut pourtant beaucoup pour troubler ce quartier dévolu à la prostitution, qui ne connaît que les émois tarifés. Jugeons sur pièce :

Les six prostituées danseuses conquirent d'abord la foule des passants masculins qui applaudirent cette mise en scène, jusqu'à ce qu'un panneau surplombant les fenêtres affiche le message suivant : "Chaque année, des centaines de femmes se voient promettre une carrière de danseuse en Europe de l'Ouest. Malheureusement, elles finissent ici."

Ce spectacle particulier a été imaginé par l'agence publicitaire belge Duval Guillaume pour l'association Stop the Traffik dont "Les différentes campagnes […] ont pour but de dénoncer et de vaincre la traite d'êtres humains et l'exploitation sexuelle qui en découle", précise 7sur7.

L'info a été reprise ces jours-ci par le quotidien belge La Dernière Heure, mais aussi par là, par là, par là, par là et peut-être encore ailleurs.

Sauf que voilà, cette info hot a tout du réchauffé puisque la vidéo a été mise en ligne le 4 avril 2012 sur Youtube (où elle totalise près de 6 millions de vues et pas loin de 2 200 commentaires) et le 5 avril 2012 sur Dailymotion.

Pourquoi le site belge 7sur7 nous ressert-il ces jours-ci une info vieille d'un an et demi ? Mystère et boule de frite.

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Sur un plan banalement visuel, cette image de femmes dans des fenêtres rappelle la photographie que prit Ormond Gigli à New York en 1960 :

Ormond Gigli raconta, dans une entrevue accordée au Guardian en mai 2013, la genèse de cette photo : "C'était durant l'été de 1960. Un matin, je jetai un oeil par la fenêtre de mon studio de Manhattan et je vis que l'immeuble de grès rouge d'en face allait être démoli. Regardant toutes ces fenêtres vides, une idée a surgi : mettre une femme portant des vêtements colorés dans chacune de ces ouvertures.

J'envoyai quelqu'un de mon équipe négocier avec le responsable de la démolition. Il accepta, à condition que sa femme figure sur la photographie. Nous pourrions prendre cette photo le lendemain à l'heure de midi, après quoi l'immeuble serait démoli."

Ce qui fut dit fut fait, l'épouse du responsable pose au deuxième étage, troisième fenêtre à partir de la gauche !

Jean-Paul Goude s'inspira probablement de cette image pour le spot publicitaire baptisé Égoïste qu'il réalisa en 1990 pour Chanel (le début du film comporte aussi une référence aux Larmes de verre de Man Ray, 1932) :

L'occasion de lire ma chronique intitulée Faites chauffer la cire ! ou... le sexe s'épile-t-il pour plus de sex-appeal ? ainsi que ces deux autres où il est question de Jean-Paul Goude : Jean-Paul Goude et Kenzo, l'esprit de la lettre et Corps de papier.