Parti démocrate, Turquie, Nice : pluie de critiques sur Wikileaks
Brève

Parti démocrate, Turquie, Nice : pluie de critiques sur Wikileaks

Wikileaks sous le feu des critiques. Après la publication de messages privés de dirigeants du parti démocrate américain – que les médias US ont considéré comme une fuite d’origine russe comme nous le racontions ici – l’organisation de Julian Assange est aujourd’hui critiquée pour avoir diffusé, suite au coup d’Etat manqué en Turquie le 15 juillet, des messages provenant de l’AKP, le parti du président Erdogan, mais aussi un lien vers des bases de données électorales turques. Hier, sur Twitter, le célèbre lanceur d'alerte Edward Snowden s’est élevé contre les méthodes de Wikileaks.

"A quoi joue Wikileaks ?" se demandait mardi le site Rue89. La question mérite d’être posée après les nouvelles publications de l’organisation fondée par Julian Assange suite au coup d’Etat manqué en Turquie le 15 juillet dernier. Quatre jours plus tard, le 19 donc, Wikileaks a publié près de 300 000 messages, "fichiers joints compris, provenant de 762 boîtes mails de l’AKP, le parti du président turc Erdogan". Pour Wikileaks, cette publication de matériel piraté une semaine avant le putsch manqué est une réponse (précipitée) aux purges engagées par le gouvernement turc qui s’en prend aussi bien à l’armée, à la justice, à l’enseignement qu'aux médias. Depuis, le gouvernement turc a même ordonné la fermeture de trois agences de presse, 16 chaînes de télévision, 45 quotidiens, 15 magazines et 23 stations de radio. Selon Euronews, on estime qu’au moins 100 000 personnes ont été arrêtées, limogées, licenciées ou suspendues. Mais c'est dès le 19 que les autorités turques ont bloqué l’accès au site Wikileaks qui a subi de son côté 24 heures d’attaques informatiques avant de pouvoir publier ces informations.

Seulement voilà : selon Rue89 qui cite l’universitaire Zeynep Tufekci, une Américaine d’origine turque, la publication par WikiLeaks est "irresponsable, sans intérêt public et potentiellement dangereuse pour des millions de gens". Visiblement, les messages épluchés par des journalistes turcs et des militants anti-censure n’apportent pas d’indices accablants. La chercheuse regrette également l’utilisation de ces données par certains journalistes : l’un d’entre eux aurait "écrit ainsi que 1 400 des mails sont liés à Fethullah Gulen, l’opposant exilé aux Etats-Unis et accusé par le régime turc d’être l’inspirateur de la tentative de coup d’Etat. Or Gulen signifie aussi «sourire» (le verbe et le nom), et une partie des mails en cause sont des publicités du genre «vacances souriantes en Méditerranée»" raconte Rue89.

Mais il y a pire : "WikiLeaks a posté sur les réseaux sociaux des liens vers des bases de données massives, «contenant des informations sensibles et privées sur des millions de gens ordinaires, dont une base particulière de presque toutes les femmes adultes en Turquie», électrices de 79 des 81 provinces du pays. Cette base de données contiendrait les adresses personnelles et d’autres données, y compris parfois les numéros de téléphone mobile, ainsi que le numéro d’identification nationale qui sert à accéder à divers services."

Le courroux de Snowden

Suite aux accusations de l’universitaire et après des échanges tendus, le compte Twitter de cette dernière a été bloqué par Wikileaks qui assure ne pas avoir publié les bases de données mais seulement un lien "vers la source complète" des données. De fait, comme le raconte Le Monde, "cette source complète, publiée sur Archive.org par le chercheur en sécurité Michael Best, qui a depuis reconnu avoir fait une erreur, contenait en effet une base de données électorale quasi complète, incluant des données personnelles et les adresses postales de citoyens turcs. Archive.org a supprimé l’accès à ces documents". Une boulette donc.

Et cette boulette semble être restée en travers de la gorge d’Edward Snowden – à l’origine des révélations sur la NSA, l'Agence nationale de sécurité américaine. Si ce dernier a relayé le 20 juillet sur Twitter le blocage de Wikileaks par les autorités turques confirmant ainsi l’authenticité (ou l’intérêt) de cette fuite, il a changé de ton hier. Selon lui, "démocratiser l’accès à l’information n’a jamais été aussi important, et WikiLeaks a aidé à le faire. Mais leur hostilité à la plus minime des curations est une erreur". Comme le souligne Le Monde, "la réponse de WikiLeaks [à Snowden] ne s’est pas fait attendre : «L’opportunisme ne vous fera pas obtenir une grâce de Clinton.»"


Ce reproche de Snowden fait suite à une série de critiques essuyée par Wikileaks depuis plusieurs semaines et notamment après la publication de messages privés de dirigeants du parti démocrate américain révélant l'aversion de la direction démocrate pour Bernie Sanders (comme nous le racontions ici) et considérée par les médias US comme une fuite d’origine russe (comme nous le racontions ). Pour autant, note Le Monde, les critiques fusent "de la part d’acteurs qui soutiennent habituellement le site de Julian Assange". Et de citer un exemple français : "la publication par WikiLeaks, sur son compte Twitter, d’images non censurées de l’attentat de Nice a […] suscité une vague d’incompréhension. Pris à partie par le journaliste de Télérama Olivier Tesquet, WikiLeaks a estimé que la publication de ces images était importante pour montrer la réalité «à ceux, à gauche comme à droite, qui veulent la balayer sous le tapis»".

L'occasion de relire notre article : "De Wikileaks à France 2, polémiques sur la tuerie de Nice"

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