optic 2000 a vu (au moins) quatre films
Brève Vidéo

optic 2000 a vu (au moins) quatre films

Avez-vous vu la dernière réclame télévisée d'Optic 2000 ? Non ? Elle vaut pourtant le coup d'oeil. Parce que Johnny en est absent, mais pas seulement :


Quand on n'a plus la binette enlunettée d'une vedette à afficher dans une bobine publicitaire à vocation opticienne, on est contraint d'avoir des idées… ou pas ! On peut aussi pondre vingt secondes de rien, meublées par quatre emprunts cinématographiques. Le spectateur, qui en repérera un ou deux dès la première vision, fera plus attention lors des diffusions prochaines afin de repérer si, éventuellement, il n'y aurait pas d'autres citations. Et c'est ainsi qu'Optic 2000 lui entrera tout doucement dans la tête.

Or donc, voici les emprunts-citations-références-copiages-pillages-détournements, appelez ça comme vous voudrez.

Le premier plan vous dit forcément quelque chose :

La petite église dans laquelle se déroule le massacre initial de Kill Bill, signé Quentin Tarantino (2003) :

C'est bien elle ou presque, oui, avec son costume noir et jaune (plutôt emprunté à Kill Bill 2), son katana, et sa moto entraperçue plus haut :

Par l'intermédiaire de ses lunettes, nous passons à une autre scène :

Une voiture apparaît, c'est une Ford Thunderbird verte décapotable de 1957 (notez bien, chers lecteurs, la marque et la couleur car nous y reviendrons plus tard).

Ford Thunderbird verte décapotable, 1957

Ladite T-Bird (c'est comme ça qu'on dit quand on est familier avec les automobiles amerlocaines) est conduite par un type à lunettes noires…

… et l'on peut penser à James Bond, à son Aston Martin DB5 visible entre autres dans James Bond contre le Dr No (1962), Bons baisers de Russie (1963) et Goldfinger (1964) :

L'Aston Martin DB5 de James Bond dans Goldfinger

On notera la vague ressemblance entre la Ford Thunderbird 1957 et l'Aston Martin DB5 1963 : la grille de radiateur, les espèces d'ouïes de requin sur les ailes avant de la Ford et la flèche chromée sur celles de l'Aston Martin, l'ouverture pour le refroidissement du moteur à l'avant. Alors certes, la première est verte et la seconde est de couleur argent et l'on peut se demander pourquoi les concepteurs de ce film n'ont pas choisi une Thunderbird argentée pour forcer la référence. Pour une raison d'harmonie de couleur, comme on va le voir ci-dessous, mais pas seulement, il y a une autre raison qui sera expliquée plus tard (ah ! mais que veut-il dire par là ? Qu'a-t-il en tête ? Ce suspense est insoutenable ! Patience, chers lecteurs, patience…)

Revenons à ce plan de la bobine publicitaire auquel nous nous étions arrêtés.

La jeune femme en robe noire qui contemple la vitrine d'une boutique de bijoux à la façade verte comme la Thunderbird de notre beau ténébreux est une citation de Breakfast at Tiffany's (Diamants sur canapé) de Blake Edwards. Sorti en 1961, avec la merveilleuse l'extraordinaire la formidable la merveilleuse l'extraordinaire Audrey Hepburn en vedette (oui j'ai dit deux fois "merveilleuse" et "extraordinaire" c'est fait exprès). On notera la dominante verte :

Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany's
de Blake Edwards, 1961

Revenons à la bobine de l'opticien…

La jeune femme vue de l'intérieur de la vitrine

… puis retournons vers Audrey Hepburn :

… puis vers l'opticien. Ah ! dans un geste qui pourrait également être issu de Men in Black, le James Bond d'opérette lui a offert une paire de lunettes noires ! Il ne lui reste plus qu'à avaler un croissant et elle se prendra pour la merveilleuse l'extraordinaire la formidable la merveilleuse l'extraordinaire Audrey Hepburn :

Et voilà que soudain dans ses lunettes se reflète une autre scène :

Dans le verre à notre gauche apparaissent deux jeunes femmes à bord d'une voiture décapotable. La passagère lève les bras en l'air, ainsi que le confirme le plan suivant :

Et là tout le monde aura reconnu la citation, Thelma et Louise de Ridley Scott (1991) :

Thelma et Louise de Ridley Scott, 1991

Leur voiture est une Ford Thunderbird verte de 1966 :

On comprend maintenant pourquoi la bagnole du faux Bond n'est pas une Aston Martin argentée mais une Ford Thunderbird verte de 1957 : parce que celle de Thelma et Louise est du même modèle et de la même couleur, version 1966.

Reprenons le cours du film promotionnel :

Regardons quelques plans de la scène finale de Thelma et Louise :

Retournons chez le fabricant de lunettes :

Puis chez Thelma et Louise :

Puis chez le fabricant de lunettes (dernier plan de la bobine) :

Puis chez Thelma et Louise (dans un plan qui ne fait pas partie de la scène finale) :


Optic 2000 a trouvé là une bonne combine, pondre des réclames qui ne sont que des citations de films célèbres. Sans aucun scénario, pas l'ombre de la plus petite ébauche de semblant d'histoire, juste quatre films (Kill Bill, les premiers James Bond, Breakfast at Tiffany's, Thelma et Louise) qu'on enchaîne (au son de It's Not Unusual interprété par Tom Jones en 1965) grâce à un reflet dans les lunettes. Ah oui finalement c'est ça l'idée de génie, coco, le reflet dans les lunettes. Et la T-Bird verte. Merveilleux. Extraordinaire.

Quels seront les emprunts-citations-références-copiages-pillages-détournements de la prochaine production opticienne ? Men in Black, Reservoir Dogs, The Blues Brothers, Aviator ? La liste est longue…

En attendant voici la scène initiale de Breakfast at Tiffany's, presque trois minutes de bonheur :



L'occasion de lire ma chronique intitulée Duettistes à lunettes. Ou celle intitulée Eva Joly, ses lunettes, son entonnoir. Ou celle intitulée Des couleurs plein les yeux.

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