Offshore : Le Monde ne donnera pas ses fichiers à la justice
"Je veux demander à la presse qui dit détenir des éléments et des fichiers de bien vouloir les communiquer à la justice de manière à ce que celle-ci puisse faire son travail", déclarait Bernard Cazeneuve, le ministre du Budget, lors d'une intervention, mardi 9 avril, à l'Assemblée nationale. Dans un éditorial publié à la Une du Monde daté de jeudi 11 avril, le quotidien lui répond qu'il "ne livrera pas les fichiers". Ainsi, le journal a donc décidé de conserver pour le moment 2,5 millions de documents appelés Offshore Leaks auxquels il est le seul média français à avoir accès. Pour justifier sa position, Le Monde explique qu'il n'est engagé "ni dans une entreprise de délation ni dans un travail d'auxiliaire de l'inspection fiscale ou d'autres autorités, judiciaires ou policières, recherchant la trace d'acrobatiques placements d'argent à l'étranger". |
Et l'éditorial ajoute : "Protection des sources, protection de la mission d'information, sobre et rigoureuse, qui est la nôtre : pour ces deux raisons, Le Monde rejette fermement – comme l'ont fait les autres médias travaillant sur "OffshoreLeaks" – toute demande, qu'elle soit judiciaire ou gouvernementale, de transmission de données. Le contraire serait attentatoire à la liberté même d'exercer notre métier, en démocratie".
Une position partagée par les journalistes suisse et belge interrogés par @si lundi. Titus Plattner, du Matin dimanche, considérait qu'il n'était pas auxiliaire de police, et Alain Lallemand, du Soir, confiait que la cellule financière avait officiellement demandé au quotidien belge de leur livrer les documents mais que ce dernier avait répondu par la négative. Lallemand estimait d'ailleurs que cette demande - et ce refus - étaient purement formels, les autorités belges n'ignorant pas la sacro-sainte liberté de la presse si chère au Monde. Et que ne doit pas ignorer non plus, espérons-le, le ministre du Budget français.
Sur le Offshore Leaks lire aussi notre article : "Offshore Leaks : davantage de questions que de révélations".
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous