Nasri, la zone mixte et les journalistes (blog 20 minutes)
Brève

Nasri, la zone mixte et les journalistes (blog 20 minutes)

La "zone mixte", késaco ?

Pour les non-fans de foot, précisons qu'il ne s'agit pas d'un lieu rassemblant joueuses et joueurs de foot. La zone mixte, c'est un espace de contact entre journalistes (femmes, à la rigueur), et footballeurs. Sur leur blog, les journalistes de 20 minutes Alexandre Pedro et Bertrand Volpilhac dévoilent les dessous de cet espace, où se déroulent parfois des échanges cruciaux pour le journalisme. Comme cette altercation relayée dans la presse (dont nous parlions ici), entre le milieu de terrain Nasri et un journaliste de l'AFP samedi, juste après le match France-Espagne .

Que s'était-il passé ? Interrogé par le journaliste, Nasri a refusé de s'exprimer, arguant que la presse écrivait "de la merde". Le rédacteur lui a répondu: "Casse-toi alors", selon l'AFP, qui y a consacré une dépêche. Cette réaction a provoqué la colère du joueur de Manchester City, qui revenant sur ses pas, a insulté le journaliste, le traitant notamment de "fils de pute", concluant: "comme ça tu pourras écrire que je suis mal élevé".

Pour tenter d'expliquer ce genre de comportement, le journaliste de 20 minutes explique le fonctionnement de cette fameuse zone mixte. "Cet endroit où l’enfer c’est un peu soi-même, beaucoup les autres, et surtout les joueurs. En fait, dans ma courte existence, je n’ai pas le souvenir d’avoir autant l’impression d’être une sous merde que dans ce couloir de dix mètres de long sur un mètre de large."

Par soucis de clarté, le journaliste livre un petit schéma de la zone mixte de la Donbass Arena, qui a accueilli trois des quatre matchs des Bleus picto

Attention, il menace "d'emplâtrer" quiconque se moquerait de ce dessin. Explication de la légende : "En noir = les murs, en marron = là où les journalistes ont le droit de se mettre, les flèches = le chemin des joueurs entre le vestiaire et le bus au fond et en violet = la zone de contact."

Les places sont chères, raconte-t-il. "Dans la règle du premier arrivé premier servi, tous les journalistes se collent à la barrière le plus près possible des vestiaires pour capter les joueurs en premier. Car quand un Bleu s'arrête pour parler à un ou plusieurs journalistes, en général, il ne s’arrête pas une deuxième fois quelques mètres plus loin."

Lorsque les joueurs arrivent, "ils sont alors alpagués par les radios, beaucoup trop fortes à ce jeu-là". Les joueurs s’arrêtent rarement, souligne-t-il. Et de les répartir en catégories : "Ceux qui s’arrêtent toujours, victoire ou défaite", "ceux qui sont trop timides pour dire non", " Ceux qui s’arrêtent que quand ça gagne", "Ceux qui s’arrêtent quand ça les chante" (genre quand il y a pas eu d’article assassin la veille…)", "Ceux qui passent sans s’arrêter en faisant semblant d’envoyer un sms".


"effluves sub-épauliennes du collègue"

C'est ici que les chosent se corsent: "Une fois le gros poisson dans les filets, tout le monde se rue vers lui micro en main. C’est un amas humain qui frôle le non-sens. L’objectif est d’approcher le plus près possible du mec ton dictaphone, dans un exercice de contorsion risible et souvent douloureux. Une fois sur deux, on se retrouve le nez dans les effluves sub-épauliennes du collègue. Quand c’est pas toi qui fait subir les tiennes. Il y aussi de grandes chances d’être violemment pressé contre la barrière, contre ton voisin, contre un mur. C’est à ce moment-là que tu te dis que t’es vraiment une merde, au milieu de quinze autres merdes comme toi, à te battre pour un mec qui t’explique que «l’important, c’était les trois points»."

Le journaliste revient sur l'épisode Nasri : "Donc voilà, nous sommes à la sortie de France-Espagne, il fait très chaud. Mon collègue de l’AFP est énervé car les radios espagnoles font chier à prendre toute la place. Aucun joueur ne s’arrête, tous tirent la gueule en passant, sans répondre. Nasri se pointe et avance de deux ou trois mètres dans la zone mixte, sans sembler vouloir parler. Selon le rite, le journaliste de l'AFP lui demande un petit mot, et vous connaissez la suite. (...) Je ne cherche pas à le cautionner ou à le justifier, juste à l’expliquer. Il est la conséquence de la fatigue, du stress, et de cet endroit où l’on se sent si bête, si inhumain. C’est plus un casse-toi de résignation qu’un casse-toi d’agression."

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