"Le pire accord envisageable" (Sapir)
Brève

"Le pire accord envisageable" (Sapir)

Un plan qui ne règlera rien, et qui ligote l'Europe.

L'accord trouvé hier soir par les pays de la zone euro ne trouve pas grâce aux yeux de l'économiste Jacques Sapir, "hétérodoxe" et partisan de la sortie de l'euro. Dans une tribune publiée sur le site Marianne2, il estime qu'il s'agit du "pire accord envisageable" car il "ne fera que prolonger l'agonie de l'Euro" sans régler "aucun des problèmes structurels qui ont conduit à la crise de la dette" et qu'il "compromet très sérieusement l'indépendance économique de l'Europe".

Sapir souligne que parmi les mesures prises, la réduction de la dette grecque "est certes appréciable" mais reste à un niveau "très insuffisant pour sortir le pays du drame dans lequel il est plongé".

Il estime également que le "fonds de garantie" européen, qui va servir à garantir les emprunts des Etats les plus endettés sur les marchés, est insuffisant, car il ne permettra d'emprunter que 1000 milliards d'euros, alors qu'il estime que la Grèce, le Portugal et l'Espagne, les trois pays les plus fragiles, ont besoin de 1750 milliards d'euros d'emprunts.

Sapir souligne que le plan sous-estime également le besoin de fonds propres des banques, puisqu'il a été annoncé qu'elles devraient trouver 110 milliards pour se recapitaliser. "Il faudra en réalité 200 milliards au bas mot, et sans doute plus (260 milliards semblent un chiffre crédible), estime-il. Tout ceci va provoquer une contraction des crédits (« credit crunch ») importante en Europe et contribuer à nous plonger en récession." Sans compter que ce refinancement des banques par l'Etat "aura pour effet de faire perdre à la France son AAA".

Enfin et surtout, Sapir déplore que l'Europe perde son indépendance. D'abord parce que l'implication du FMI dans l'aide aux pays en difficulté est accrue, et que "l'oeil de Washington nous surveillera un peu plus". Ensuite parce qu'en ouvrant la porte à une aide des pays émergents (Chine, Brésil, Russie), on supprime "toute marge de manœuvre" vis-à-vis de ces pays :" En recherchant un «appui» auprès de la Chine, elle s'interdit par avance toute mesure protectionniste (même Cohn-Bendit l'a remarqué....) et devient un «marché» et de moins en moins une zone de production. Ceci signe l'arrêt de mort de toute mesure visant à endiguer le flot de désindustrialisation." Autrement dit, en permettant à la Chine de prêter de l'argent à la zone euro, on s'interdit de fait de jouer la carte de la démondialisation.

Démondialisation justement, un gros mot dans le débat économique ? Retrouvez notre émission qui y était consacrée. Et relisez le récit de la rencontre avec Sapir de notre éconaute, Anne-Sophie Jacques.

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