Iran, les quatre missiles étaient trois
On ne peut s'empêcher de rêver longuement, devant les deux versions de la photo, certainement appelée à une grande célébrité, des quatre missiles iraniens qui, à l'inverse des mousquetaires, n'étaient que trois. Fumées blanches, fumées grises, disparitions de véhicules au premier plan : nous voici replongés dans les délices des jeux des sept erreurs de notre enfance.
L'histoire du trucage est facilement reconstituable. Les Iraniens souhaitent faire une démonstration de force. Ils ont prévu quatre tirs simultanés de missiles, dont le "Shahab 3", d'une portée de 2000 kilomètres, et donc capable d'atteindre Israël. Catastrophe ! Lors du tir, une des quatre fusées reste sur sa rampe. Que faire ? Très simple ! On retouche la photo. Le Figaro de ce matin publie la photo originelle. Mais comme le Los Angeles Times, la plupart des journaux mondiaux, nous signale Gilles Klein, se sont laissés avoir, et ont publié la photo retouchée.
Quelques points restent à éclaircir. Comment la photo initiale s'est-elle aussi trouvée sur le marché, ruinant l'opération de propagande, et ridiculisant les Iraniens aux yeux de l'opinion mondiale ? Il semble qu'un journal iranien en ligne ait publié lui-même la photo originelle. Précipitation ? Sabotage ? Exercice de liberté de la presse ?
Reste une curieuse impression : depuis quelques années, Bush et les occidentaux fabriquent consciencieusement l'image d'un Satan iranien. Ils n'ont peut-être pas tort. Mais ce raté vient introduire comme un doute sur le professionnalisme des Gardiens de la révolution, aussi bien dans le domaine technique que de la propagande. Et suggérer que les Iraniens sont peut-être meilleurs en retouche-photo, qu'en mise à feu de missiles nucléaires.
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