Immigration : la phrase de la rectrice était mal transcrite
Brève

Immigration : la phrase de la rectrice était mal transcrite

Une polémique exagérée ?
Les déclarations de la rectrice de l'Académie d'Orléans-Tours, Marie Reynier, au sujet de l'échec scolaire des enfants d'immigrés, avaient fait bondir certains syndicats et commentateurs. En réalité, ses propos avaient été mal retranscrits. C'est ce qu'explique sur son blog, notamment, le journaliste de la rubrique Education du Monde Luc Cédelle. La phrase exacte est moins sujette à polémique, mais reste tout de même discutable.

Tout commence avec une interview de la rectrice Marie Reynier à la Nouvelle République. On peut y lire cette phrase : "Si on enlève des statistiques les enfants issus de l’immigration, nos résultats ne sont pas si mauvais ni si différents de ceux des pays européens".  

L'affirmation a tout de suite fait polémique, d'autant plus qu'elle faisait suite aux propos du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, le 22 mai, selon lequel " les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés".

Le PS demande à Luc Chatel de rappeler à l'ordre sa rectrice : "Ses propos "montrent à quel point le gouvernement a laissé dériver la parole de l'Etat" (...). "Dans le prolongement des déclarations récentes du ministre de l'Intérieur, elle a multiplié les amalgames choquants entre immigration, échec scolaire et délinquance, conjuguant ainsi mensonge et stigmatisation des jeunes issus de l'immigration", écrivent plusieurs responsables nationaux dans un communiqué. Le syndicat Unsa Education dénonce lui aussi des propos "inacceptables". Patrick Lozès, fondateur du Conseil représentatif des associations noires, parle sur son blog de propos "xénophobes".

"Enquête PISA"

Après quelques jours de polémique, la journaliste de la République du Centre, qui avait réalisé l'interview de la rectrice en même temps que la Nouvelle République, diffuse sur le site du journal l'intégralité de l'enregistrement de cet interview.

Et dans le verbatim, on découvre que la phrase prononcée en réalité est quelque peu différente. "Si, dans les enquêtes PISA, dans tous les pays concernés, on enlève finalement les enfants issus de l’immigration, on n’a pas du tout les mêmes résultats".

Au regard de cette nouvelle version, Cédelle analyse : "Elle ne parlait donc pas de son académie, mais de tous les pays qui, parmi ceux observés par l’enquête internationale PISA, ont dans leur population scolaire des «enfants issus de l’immigration». Et il est indéniable que cette vraie phrase, à elle seule, par sa lisse banalité, n’aurait certainement pas déclenché de polémique. Il faut, avant toute autre considération, commencer par en prendre acte. N’ayant pas prononcé cette phrase, Mme Reynier n’a donc pas formellement fait écho à celle de Claude Guéant qui disait que «les deux-tiers des échecs scolaire, c’est l’échec d’enfants d’immigrés".

La phrase authentique est-elle moins sujette à polémique ? se demande Cédelle : "Le fait de diluer le propos dans un contexte international en réduit certes le potentiel polémique, mais cela en change-t-il vraiment le fond? (...) "Dire que toute immigration dans tout pays tend à amoindrir les performances du système éducatif ne semble pas présenter un immense intérêt: quelle conclusion faut-il en tirer? Que toute immigration est nocive?" (...) "évoquer innocemment cette généralité lorsqu’on parle de son propre système éducatif national ne revient-il pas à suggérer l’idée qu’une présence «étrangère» viendrait en quelque sorte gâcher nos bonnes performances?"

Mise à jour, le lundi 27 juin, à 17h 15 : La République du Centre assure n'avoir pas fait d'erreur dans la restrancription de l'interview, puisque le journal n'y avait pas conservé la phrase polémique

 

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