Iacub / "cochon" : pugilat entre journaux
D'un côté, L'Obs et Libé. De l'autre, désormais, Le Monde. Dans un texte violent, que la direction a choisi de faire démarrer à la Une du journal, l'écrivain Christine Angot s'en prend à la juriste et chroniqueuse Marcela Iacub, qui vient de faire paraître un récit de sa liaison avec Dominique Strauss-Kahn, ouvrage dans lequel elle compare l'ex-directeur du FMI à une créature "mi homme, mi cochon".
"Non, non, non, et non. Non, ce que fait Marcela Iacub et que Philippe Lançon appelle «une littérature expérimentale, violente comme ce qu'elle traverse, inspirée par un esprit de risque et de performance, qui cherche à approcher au plus près la corne du taureau», n'est pas la même chose que ce que je fais" écrit Angot. Et la romancière, figure française de l'autofiction, de remercier "Jean-Michel Aphatie d'avoir dit au "Grand Journal" à Eric Aeschimann (journaliste à l'Obs, NDR) qui se permettait de comparer mes livres à celui de Marcela Iacub, merci d'avoir répondu "mais Christine Angot ça n'a rien à voir, Christine Angot elle raconte comment son père l'a violée". "Oui, je suis choquée quand je lis, sous la plume de Jérôme Garcin reprenant la vision de Iacub, DSK "grand consommateur de laiderons". De qui parle-t-on ? De Nafissatou Diallo ? Dont tout le monde a dit partout qu'elle était moche sans ressentir la moindre gêne en faisant passer dans sa bouche une telle idée". |
Dans la même page du Monde, un autre texte signé par neuf personnalités (libraire, éditeurs, journalistes), titré "Prêts à tout ?" critique l'opération Iacub : "Journalistes, éditeurs, auteurs, libraires, sommes-nous prêts à tout pour sauver nos professions ? C'est la question que nous devons nous poser aujourd'hui face à la parution fortement médiatisée du texte de Marcela Iacub."
"Et voici un hebdomadaire engagé à gauche qui consacre à cet ouvrage 6 pages. On nous dit que" ce livre fera date. "Ce qui est certain, c'est qu'il fera du bruit et que la presse écrite, les radios et les télés relaieront à tour de bras... Prêts à tout, les journalistes, pour faire un numéro mémorable en ventes, ou de l'audience ?"
"Sur une chose, nous ne pouvons que donner raison à l'hebdomadaire qui a lancé cette affaire et à tous les journalistes qui lui ont emboîté le pas. Ce livre fera date. La date où l'édition aura signé son arrêt de mort, la date où les éditeurs seront devenus non pas des catalyseurs de littérature, d'idées, de recherche, mais des vendeurs de papier et d'e-books racoleurs."
Plusieurs des médias intervenants sont aussi partie prenante à la controverse. Marcela Iacub est chroniqueuse à Libération, qui la soutient ardemment. Quant au Monde, l'un de ses trois actionnaires est le banquier d'affaires Matthieu Pigasse, par ailleurs actionnaire principal du Huffington Post, site dont il a confié la direction à Anne Sinclair, épouse séparée de DSK, et mise en cause dans le livre de Marcela Iacub.
Enfin, un deuxième actionnaire du Monde, l'homme d'affaires Pierre Bergé, a loué sur Twitter le "formidable papier" de Christine Angot.
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