Amara Tarawally, 35 ans, est l'homme dont le coup de fil a fait s'effondrer en partie la crédibilité de la femme qui accuse Dominique Strauss-Kahn d'avoir tenté de la violer. Selon Newsweek et The Daily Beast, cet immigré clandestin originaire de Sierra Leone avait d'abord été arrêté en juillet 2010, à Chandler en Arizona, après avoir acheté pour 40 000 dollars de marijuana à un homme qui s'est révélé être un informateur de la police. Il est enfermé dans le centre détention d'Eloy, en Arizona, où il attend son expulsion éventuelle. L'article le dépeint comme calme et posé, mais pointe les contradictions de sa version, notamment au sujet du coup de téléphone lors duquel Diallo lui aurait dit "Ne t'inquiète pas, ce type a beaucoup d'argent, je sais ce que je fais".

"Tarawally soutient que [cette] conversation (...) a en fait eu lieu après qu'un détective du NYPD lui a rendu visite en Arizona. Tarawally affirme qu'il a dit à la femme de chambre qu'elle devrait prévenir son avocat de la visite du détective et qu'elle a répondu, «Je sais ce que je fais». Mais la conversation à propos de Strauss-Kahn en question est supposée avoir eu lieu le lendemain de l'agression (présumée NDR) au Sofitel, et avant même que le NYPD sache que Tarawally existait. Les enquêteurs ont dit qu'ils avaient découvert l'identité de Tarawally seulement après un long examen des différents téléphones de la femme de chambre (...). Tarawally n'explique pas cette contradiction, ni ne dit combien de fois il a parlé à la femme de chambre depuis l'agression présumée."

"Tarawally dit avoir rencontré la femme de chambre pour la première fois, «il y a six ou sept ans». Il la décrit comme «une dame bonne, très honnête» et affirme qu'elle n'a pas d'antécédents d'escroquerie et n'a jamais été impliquée ni dans le trafic de drogue ni dans le blanchiment d'argent. Ni lui ni la femme de chambre n'avaient jamais entendu parler de Strauss-Kahn avant l'incident, a déclaré Tarawally pendant l'interview (…) «Je sais qu'il [Strauss Kahn] a fait ce qu'il a fait» à la femme de chambre, a dit Tarawally (…). «Elle n'a aucune raison de mentir.» Tarawally a catégoriquement nié que la femme de chambre soit une prostituée à temps partiel, comme le New York Post l'a prétendu en se basant, il semblerait, sur peu de preuves, et insisté sur le fait qu'elle est une musulmane pieuse, tout comme lui. «Je lui dis prie, prie, prie».

Si Tarawally "nie énergiquement avoir déposé de l'argent sur le compte de la femme de chambre", l'article suggère néanmoins qu'il a pu manipuler Diallo, en s'appuyant sur le témoignage d'une autre femme : "Sonja Hill, esthéticienne en Arizona qui essaye d'élever seule six enfants, a rencontré Tarawally il y a environ quatre ans, alors qu'il vendait des tee-shirts et qu'elle voulait en acheter pour une œuvre de charité chrétienne. (...) Tarawally et Hill ont fini par s'installer ensemble quatre mois avant qu'il soit arrêté, dit-elle, et elle pensait qu'ils se marieraient. (…) «Il m'a offert une bague de fiançailles.» Tarawally a dit à Hill qu'il avait été marié à une Portoricaine et avait un enfant à New York, mais qu'il était en train de divorcer." Après son arrestation, Tarawally aurait demandé "17 000 dollars à Hill parce que, disait-il, cela l'aiderait à éviter d'être expulsé. (…) Finalement, Hill s'est mis en colère. «Il voulait que je prenne un prêt sur ma voiture… Je l'avais aidé et fait beaucoup pour lui. J'ai l'impression d'avoir été utilisée»."

D'après Newsweek et The Daily Beast, Tarawally a refusé de leur parler de Sonja Hill et de leur donner le nom de son ex-femme, mère (supposée) de son fils de cinq ans.

( Par Camille Hamet )