"Féminisme à la française" : rentrée du débat
Brève

"Féminisme à la française" : rentrée du débat

"La prétendue séduction à la française n'est que de la violence sexuelle", affirme l'historienne Florence Montreynaud dans une tribune parue sur le Monde.fr, soulignant "une double norme sexuelle" entre hommes et femmes, encore en vigueur. La

tribune de cette féministe, militante des années 70, et fondatrice des Chiennes de garde, est une réponse à celle de Irène Théry, parue en mai dernier, qui faisait l'éloge d'un "féminisme à la française", avec ses "plaisirs asymétriques de la séduction", le "respect absolu des du consentement" et "la surprise délicieuse des baisers volés." Il s'en était suivi une longue série de tribunes, sur ce prétendu féminisme à la française, que nous vous avions résumées ici, et ici. Et Judith Bernard donnait son point de vue dans cette chronique.

Montreynaud souligne que ce plaisir "asymétrique de la séduction" profite en réalité aux hommes. "La séduction masculine "à la française" repose par convention sur une asymétrie visible: l'homme fait les avances, car c'est à lui de s'exposer en faisant le premier pas. Au contraire, l'éducation ou la contrainte sociale imposent aux filles et aux femmes des attitudes présentées comme typiquement féminines, pudeur ou réserve, tandis que la famille doit veiller sur leur réputation, voire sur leur virginité". Elle poursuit : "Tout au plus une femme "bien" peut-elle manifester discrètement sa disponibilité. Même si elle en meurt d'envie, elle se doit de résister à l'homme, de commencer par refuserses propositions ; après une cour dont la durée dépend de la valeur qu'elle veut se donner, elle peut enfin paraître céder avec une réticence suffisante au désir masculin. Une femme qui accepterait avec empressement se déconsidérerait (...)"

Elle dénonce ainsi une "double norme sexuelle" encore à l'oeuvre : "Exprimer clairement son désir dévalorise une femme et valorise un homme: telle est la règle, que quelques audacieuses transgressent à leurs dépens."

Le même jour, le Monde.fr publie une tribune de Pascal Bruckner, écrivain et essayiste, intitulée "L'affaire DSK aura révélé une bien triste image de l'Amérique". Il critique le "puritanisme" "lubrique" et retors" de l'Amérique. "A quoi ont servi les affaires Clinton ou DSK? A condamner l'érotisme pour mieux en parler, à se pourlécher des semaines, des mois durant de détails croquignolets, à évoquer la fellation, la semence, les organes génitaux avec une gourmandise faussement indignée."

L'essayiste s'en prend à la couverture de l'affaire DSK en France : "Il est navrant que dans l'Hexagone, tant de médias, tant de grands esprits, tétanisés par l'événement, nous aient exhorté au repentir national sans effectuer eux-mêmes la moindre enquête sérieuse. Nous avions couvé un monstre en notre sein, nous devions expier notre machisme congénital." Il fustige les féministes américaines, devenues à ses yeux les alliées de la droite républicaine, ultra-conservatrice. "Cela explique l'ambiance de maccarthysme moral qui touche là-bas les choses de l'amour et dont les Américains les plus lucides s'alarment depuis longtemps", souligne-t-il, prenant pour exemple le fait que des professeurs d'université doivent laisser la porte ouverte pour un entretien avec une étudiante. Pour lui, ces féministes veulent "criminaliser" l'acte hétérosexuel: "tout homme est un violeur en puissance, toute femme une victime potentielle. Le compliment est la première étape du harcèlement, la drague un viol anticipé, la galanterie un euphémisme pour dissimuler la volonté de prédation".

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