Facebook, pro-Sarkozy ?
Brève

Facebook, pro-Sarkozy ?

La nouvelle page Facebook de Nicolas Sarkozy, lancée la semaine dernière intrigue toujours. Nous l'avions passée au crible dès le jour de sa mise en ligne. Lassés de scruter les omissions, révisions et autres mises en scène qu'elle comporte, des journalistes s'intéressent désormais à sa genèse. Et montrent du doigt un possible favoritisme du site à l'égard du président-candidat.

Facebook favoriserait-il Sarkozy ? C'est ce que laissent entendre deux articles, parus aujourd'hui sur L'Express.fr et (de façon moins détaillée) dans Le Canard Enchaîné. Ils mettent en cause la collaboration étroite entre le réseau social et l'Elysée dans l'élaboration de la nouvelle page du chef de l'Etat. "Julien Codorniou, un ancien de Microsoft, qui, depuis avril, s'occupe des partenariats chez Facebook, ne cache pas sa proximité avec Nicolas Princen, le conseiller Internet de Sarko", pointe l'hebdomadaire satirique daté d'aujourd'hui.

Le site de L'Express va plus loin, et affirme que Facebook a fait preuve de favoritisme à l'égard du candidat de l'UMP, en mettant à disposition les outils permettant de réaliser la Timeline bien avant qu'elle ne soit disponible pour le grand public. "Facebook France aurait proposé à Nicolas Sarkozy de créer une Timeline dès septembre 2011. Ce n'est pourtant que le 22 du même mois que Mark Zuckerberg présente la nouveauté à San Francisco", assure le chroniqueur Frédéric Martel, auteur de l'article (et d'un récent livre où il attaque le "sarkozysme culturel"). "L'équipe de Nicolas Princen à l'Élysée aurait ainsi travaillé directement avec Facebook pendant plusieurs mois pour élaborer cette Timeline. Le blogueur Loïc Le Meur, un proche du président, aurait également été l'un des conseillers informels de cette opération", ajoute-t-il par ailleurs.

Benoît Thieulin, ancien directeur de la campagne Web de Ségolène Royal, a quant à lui affirmé que "l'ampleur du travail réalisé est d'autant plus considérable qu'il est de très grande qualité. L'iconographie est parfaitement choisie, les dates, les faits, aussi. De la dentelle qui a dû nécessiter de longs mois de préparation et une équipe de pros." Du côté de chez Hollande, on n'a pas du tout apprécié cette présumée longueur d'avance accordée au président sortant. Même si les communicants socialistes admettent avoir été en relation avec Facebook, ils regrettent de ne pas avoir bénéficié d'un traitement similaire : "Le problème, c'est que Facebook ne nous a pas prévenus. Et ne nous a pas mis dans la boucle des nouvelles fonctionnalités expérimentées. Nicolas Sarkozy a été clairement privilégié", balançait un proche de Hollande à L'Express. Fleur Pellerin, chargée du pôle numérique de Hollande, a quant à elle fait parvenir un mail incendiaire à la direction de Facebook France. "L'implication de Facebook dans la présidentielle française est inacceptable. Si vous avez réellement travaillé sur une telle collaboration pendant des semaines, ou des mois, vous auriez dû offrir la pareille et de façon équitable à tous les candidats, peste-t-elle. (...) Nous ne pouvons accepter qu'une entreprise favorise un candidat en lui fournissant des soutiens techniques et intellectuels de nature à lui donner un avantage sur ses concurrents."


Manuel Diaz, gourou numérique de Sarkozy

Chez Facebook, le démenti aux accusations de Martel ne s'est pas fait attendre : "Michèle Gilbert, une Américaine qui dirige la communication de la société en France, affirme, gentiment embarrassée, que le même service a été proposé à François Hollande et aux autres candidats, mais sans entrer dans les détails techniques. Elle nie catégoriquement toute préférence partisane", précise l'article de L'Express. Même son de cloche à l'Elysée : "Nous suivons l'actualité du Web, avons pris connaissance des nouvelles fonctionnalités quand Mark Zuckerberg les a rendues publiques, et avons vu tout de suite les avantages que nous pourrions en tirer, rien de plus", a tenu à préciser un conseiller numérique de l'Elysée.

Martel donne lui-même une version qui pourrait concilier sa version avec celle de Facebook : la page Facebook a en fait été techniquement réalisée par une agence de communication, Emakina, qui s'occupe de la stratégie numérique de l'UMP. Or, "l'agence Emakina est accréditée par Facebook comme «Facebook Preferred Developer Constultant (PDC)», un label qui lui ouvre des facilités techniques et un accès privilégié aux nouveautés de Facebook. Ce statut d'agence labellisée «PDC» vise, selon un communiqué de presse de Facebook, à favoriser «les marques» et des «stratégies social-média ambitieuses»". Ce qui expliquerait que Nicolas Sarkozy ait pu bénéficier de conseils dont personne n'avait jusque là pu disposer". De quoi dégonfler un peu le titre de Martel, "Facebook roule-t-il pour Sarkozy ?"

Le patron de l'agence Emakina, Manuel Diaz, est "au coeur de de la stratégie de campagne du quasi-candidat Nicolas Sarkozy", peut-on lire aujourd'hui sur le site de Libération. Il n'a pas souhaité réagir sur la question. Sur son blog, Martel a indiqué que "si Lexpress.fr publie une telle enquête, c’est que nous avons bénéficié de plusieurs sources concordantes et fiables, à l’intérieur de FaceBook, à l’Elysée mais surtout au sein de la société qui a développé la Timeline FaceBook de Nicolas Sarkozy".

Sarkozy et le numérique, c'était justement le sujet de cette émission.

(Jamel Benhassine)

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